Chapitre 56 : on ne t'oublie pas.

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~Sandrine~

Un cycliste sous ma robe pagne cabas, babouches aux pieds, je me suis mise en route pour chez Côme. Ils vont m'entendre aujourd'hui.

Je suis encore en forme, j'ai les moyens, mais mon fils va devenir éleveur alors qu'il peut devenir tout ce qu'il veut ? Éleveur ? Le travail des étrangers qui rentrent au Gabon en slip, un sachet sur la tête. Mon Dieu ! La honte ! Mon premier enfant, mon seul fils. Celui qui doit me garder dans la vieillesse. Au lieu de fréquenter des Directeurs, des Hommes d'Affaires, il va patauger dans la boue. Avec la fille qu'il est allée ramasser... qu'est-ce que je raconte ? La fille que Melina est allée jeter dans ses bras. Seigneur ! On a dit que j'étais trop sévère, trop stricte, mais voilà que l'histoire me donne raison.

Chaque rang social a sa grille de métier. Noah n'est pas l'enfant d'un pauvre, il a appris en France pour l'amour du Ciel ! Éleveur ? Jamais ! Je refuse.

Je donne de grands coups de Klaxon devant le portail de Côme. Comme personne ne vient ouvrir, je descends le faire moi-même. Le couple est peinardement installé sur la terrasse à manger des cassadents.

Moi : bonjour.

Côme : bonjour Sandrine. Assieds-toi.

Moi : je ne suis pas venue m'assoir.

Côme : assieds-toi !

Je m'assois pour gagner en temps.

Moi : c'est quoi cette histoire d'élevage ? Donc depuis l'année dernière Noah ne va pas à l'école ? Et tu le sais ?

Côme : Noah vit dans ta maison, chez toi, avec toi. Tu veux que je t'explique quoi ? Toi qui vis avec lui tu n'as rien vu ?

Moi : je travaille. J'estime qu'il est assez grand pour surveiller ses études. Mais toi tu savais ? Comment tu as pu l'encourager dans ce sens ?

Côme : moi aussi j'estime qu'il est assez grand pour décider s'il veut apprendre ou pas.

Moi énervée : mais tu es malade Côme Philémon MAKAYA MAKAYA ! Ça ne te va pas. L'enfant arrête les cours pour élever les poules et tu trouves ça normal ? Ce sont mes enfants que vous voulez sacrifier ? Quand Soraya a décidé de s'arrêter au bac pour devenir tailleur n'est-ce pas vous vous êtes opposés ? N'est-ce pas vous l'avez obligée à avoir un diplôme universitaire ? Pourquoi quand c'est Noah vous ne dites rien ? Il pouvait étudier l'agronomie ou l'animalerie non ?

Côme : avec un bac A2 ?

Moi : c'est un exemple, il pouvait faire autre chose.

Côme : Sandrine ? Tu allais accompagner Noah tous les jours à l'école et le forcer à suivre les cours ? Voici qu'il t'a fait tourner en bourrique pendant 9 mois et tu n'y as vu que du feu.

Moi : c'est là où tu montres que tu es le père, l'autorité.

Côme : en faisant quoi ?

Moi : être ferme, ce qui a été fait pour Soraya.

Côme : par sa mère.

Moi : Noah était chez son père ok ? Pas chez un inconnu. Mon cœur était serein parce que je l'avais confié à son père, oubliant que c'est un gros irresponsable, incapable.

Côme : tu as confié ton enfant à qui Sandrine ? Pas à moi. C'est ma fille aînée qui est venu laisser Noah chez moi à Port-Gentil. A aucun moment toi et moi en avons discuté. Et quand bien même, lorsque tu confies ton enfant à quelqu'un, tu ne viens pas derrière critiquer son éducation. On a fait ce qui nous semblait juste, si l'enfant avait été chez toi tu en aurais fait un comptable, médecin ou avocat. J'en ai fait un homme d'affaires POINT.

Female 2 (ne pas spoil s'il vous plaît)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant