Génie 💡

GOLF

JUIN.

«Tu t'arrêtes jamais hein? » Je questionne alors que Stan écrit frénétiquement des notes sur son ordinateur depuis vingts minutes.

Assis sur le rebord de sa fenêtre, je laisse une de mes jambes pendre dans le vide en attrapant mon sac de cours.

« Mes partiels commencent demain Logan, j'suis obligé de réviser, crétin. » Il marmonne l'insulte en lisant son livre d'une main, pendant que je roule une feuille. « D'ailleurs, quand est ce qu'ils commencent les tiens? »

Il relève la tête au moment où j'allume le joint. Je prends une bouffée avant de lui répondre, sentant immédiatement mon corps se détendre à l'action.

« Demain aussi. » Je relève les yeux pour trouver Stan tétanisé.

Évidemment.

« -Qu'est ce que tu fous? Il demande, tellement lentement que c'en est drôle.

-Oh bah je m'fais un golf, tu viens golfer avec moi? » Je réponds ironiquement en prenant une nouvelle latte.

Il ne sourit même pas à ma remarque, ce qui me chagrine un peu, je l'avoue. A la place, il se tourne complètement sur sa chaise pour me faire face.

« Tu te drogues? Il a l'air horrifié.

-Drogue.. » Je ricane en secouant la tête. « Tout de suite les grands mots.. » Je roule mes yeux en essayant de former un cercle avec la fumée que j'exhale. Raté. « Je déstresse avant les exams, c'est tout. » Je hausse les épaules alors qu'un sourire débile prend place sur mes lèvres. « Tu devrais essayer de temps en temps. »

Ça commence à faire effet.

« -Toi, stressé pour les exams? Il affiche un sourire suffisant, comme s'il n'avait pas entendu ma dernière remarque.

-Tu me stresses, génie. » Je rétorque en appuyant sur le ''tu'' et il se raidit.

Dans un sens, ce n'est pas faux.

« Viens là. » Je lui fais signe d'approcher alors que je descends du rebord de sa fenêtre, m'asseyant sur son lit.

Il hésite une minute avant de me rejoindre, gêné.

« -Je pense pas que ce soit une bonne idée.. Il triture son tee-shirt, signe chez lui qu'il est nerveux.

-Je croyais qu'on s'était mit d'accord sur le fait que mes idées étaient toujours bonnes. » Je hausse un sourcil en lui tendant le cylindre.

Il l'attrape précautionneusement alors qu'on est assit face à face, en tailleur.

« Allé, j'suis là, t'inquiètes. » Je le rassure en posant mes mains sur ses genoux.

Quand il amène le joint à sa bouche, je prends la bouteille d'eau sur sa table de nuit. Comme prévu, il s'étouffe. Je ris bêtement pendant que je lui tends la bouteille d'une main, récupérant le joint de l'autre.

Une demie heure plus tard on est allongés face à face sur son lit, prit d'un fou rire complètement idiot.

« J't'aime vraiment beaucoup. » Il dit d'un seul coup, me prenant de court avant que je ne sourisse, attendri.

-Moi aussi » Je m'avance pour lui embrasser le bout du nez. Pourquoi? Aucune idée. J'en avais juste envie et la drogue nous donne du courage. Un peu trop peut être. «J'suis heureux qu'tu sois mon coloc.

-Moi aussi. » Il embrasse mon nez à son tour et on rit. « J'aime que tu me fasses faire voir plein de nouveaux trucs. » Il sourit. « C'est cool. T'es cool. » Il chuchote sa deuxième phrase d'une façon si adorable que j'ai envie de le prendre dans mes bras.

-J'aime ça aussi. » Je souris. « Et toi aussi t'es cool. Même si je lui suis plus. »

On rit tous les deux.

« Tu sais. » Il reprend en murmurant. « L'autre jour quand on est partis taguer.. » Il me regarde tendrement en posant une main sur ma joue et je me penche pour plus de contact.

J'adore quand il me touche comme ça, ça n'arrive pas souvent, mais quand c'est le cas, j'adore ça.

« -Ouai..? Je l'incite à continuer.

-Je crois que.. » Il se coupe alors qu'il caresse ma mâchoire.

Ma respiration se coupe quand ses yeux se posent sur mes lèvres. Il finit par ancrer de nouveau son regard dans le mien, sa main continuant de parcourir mon visage.

« -Je cois que j'ai eu envie de t'embrasser. Je reste bloqué quelques secondes. Merde. C'est mal..? Il demande ensuite d'une petite voix, inquiet.

-Non.. Je murmure. Non pas du tout. Je répète, plus fermement. Moi aussi j'en ai eu envie. » J'avoue en passant une main dans ses cheveux.

Il ferme les yeux à ma caresse et il est magnifique.

« -C'est vrai? Il demande en rouvrant les yeux. Des yeux pleins d'espoir.

-Bien sûr. » Je lui souris et il rougit.

J'ai envie de lui dire qu'en ce moment même aussi, j'en ai envie. Que j'en ai envie tout le temps en fait.

Je pourrais l'embrasser, là, tout de suite. Je pourrais. Mais si je fais ça, tout à l'heure, quand l'effet de la drogue se sera dissipée, il m'en voudra. Il s'en voudra, même.

Alors je le prends dans mes bras à la place, embrassant ses cheveux quand il niche sa tête dans mon cou. Je place une main sur sa hanche et les siennes entourent ma taille.

Et je sais quand je réalise à quel point mon cœur bat vite que je suis mal barré.