SELF-CONTROL

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AOÛT.

« J't'ai jamais vu avec des lunettes de soleil.. » Je fronce les sourcils. « Essaie les. » J'ordonne en tendant la paire à Stan.

On a décidé de se faire une journée shopping -qu'est ce qu'on est virils bordel- avant de se séparer : on est le premier août et demain on retourne tous les deux chez nos parents respectifs pour le dernier mois de vacances.

Il met les lunettes et, okay, ça lui va vraiment, vraiment bien. Et j'en ai marre d'avoir un sourire d'abruti scotché au visage à chaque fois que je le regarde. C'est fatiguant.

« Elles te vont bien. » Je déclare en déglutissant difficilement pour ne pas lui crier que c'est le plus beau garçon que je n'ai jamais vu.

Faudrait pas l'effrayer.

« C'est pas vraiment mon style mais j'aime bien.. » Il se regarde dans le miroir sur le mur. « Je vois pas le prix. » Il fronce les sourcils. « L'étiquette a du tomber. » Il hausse les épaules. « Tu penses que je devrais les acheter? » Il me demande en les remontant sur son crâne.

Et j'adore quand ses cheveux sont remontés en arrière de cette façon, ça me donne envie de passer mes mains dedans et de- je gémis intérieurement devant mes pensées. Concentres toi bordel.

Je me rapproche de son dos -pas la meilleure méthode pour se concentrer, je l'avoue, mais je n'arrive pas à m'en empêcher- pendant qu'il se regarde dans la glace. En me voyant venir vers lui, il m'envoie un beau sourire et, oh mais stop.

Je me rapproche de son oreille et chuchote la première chose qui me passe par la tête :

« Je pense que tu devrais les voler. » J'agite mes sourcils et je vois qu'il hésite entre rire ou me crier dessus.

Quand il voit que je ne plaisante pas, il se retourne vers moi, tout à fait sérieux.

« -Je ne vais pas les voler. Il déclare, catégorique.

-Bah vas y, cris le dans tout le magasin aussi, génie. » Je lève les yeux au ciel.

La discrétion, c'est pas son fort. Je lance un rapide coup d'œil pour voir si des gens l'ont entendu mais on est seuls dans le rayon.

« Bien sûr que si tu vas le faire. » J'enlève les lunettes de son visage. « Comme tu l'as dit, y a pas d'étiquette. On va juste les mettre ici. » Je les mets sur sa tête et, non, ce n'était pas une ruse pour toucher ses cheveux, pas du tout. « Et tu vas sortir comme si de rien n'était. » Je passe un bras par dessus ses épaules et nous dirige vers la sortie alors qu'il m'écoute attentivement. « Si jamais ils t'appellent, tu ne paniques surtout pas. » Je le préviens quand on arrive à cinq mètres des portes. « Tu fais comme si tu t'en étais pas rendu compte. Tu lâches un de tes petits rires innocents, puis un grand sourire, et tu leur rends les lunettes en leur souhaitant une agréable journée. Compris? » Je ne lui laisse pas le temps de répondre : j'enlève mon bras de ses épaules et le double rapidement avant de sortir du magasin, le laissant seul.

Je me retourne une fois dehors pour le voir totalement figé à l'endroit même où je l'ai quitté.

C'est pas vrai..

Je lui fais de grands signes pour qu'il vienne -m'attirant quelques regards mais je m'en contrefiche- et il prend une grande inspiration avant de bouger. Il passe rapidement devant les caisses, lance même un sourire au vigile -mon dieu ce gosse- et finit par me rejoindre. Je m'attends à ce qu'il vienne vers moi mais, à la place, il continue de marcher jusqu'à un autre magasin. Je le rattrape rapidement, perdu.

« Sache qu'en ce moment même je dois faire appelle à tout mon self-control pour ne pas courir. » Il s'exclame lorsque j'arrive à ses côtés, me faisant rire.

Je me retiens d'ajouter un ''Et moi je dois faire appelle à tout mon self-control pour ne pas t'embrasser, là, tout de suite.''

Qu'est ce qui ne va pas chez moi?

Je l'arrête en posant une main sur son épaule et son visage est tellement crispé que je ris un peu plus fort.

« Je suis fier de toi. » Je m'avance pour embrasser son front -toujours dégagé de tout cheveux par les lunettes- et lorsque je me recule, un magnifique sourire a fait éruption sur son visage. Ainsi qu'une très belle teinte de rouge mais bon, ça c'est habituel.

« Tu t'enfuis pas hein? » Je m'assure et il roule des yeux. « Juste au cas où. » J'attrape sa main et même s'il a l'air gêné au début, il entrecroise finalement ses doigts au miens.

Woaw, quelle subtilité Logan, bravo. T'as pas trouvé plus débile comme excuse?

Abruti.

« Un mois.. On a jamais été séparés aussi longtemps.» Murmure Stan quelques minutes plus tard alors qu'on est dans un autre magasin.

C'est vrai.. Je reviens le sept septembre alors que Stan revient le deux. La rentrée est le neuf mais ses parents veulent qu'il rentre une semaine en avance pour ''Une Semaine Pré-Révisions'', un des trucs les plus débiles que je n'ai jamais entendu si vous voulez mon avis.. Mais il a l'air d'être d'accord alors bon.

L'année dernière on avait du arriver environ deux semaines avant la rentrée pour faire tout un tas de trucs : visiter le campus, voir notre logement, remplir la paperasse, tout ça tout ça. Mais cette année, comme rien ne nous presse, je vais rester le plus longtemps possible avec ma famille. Car même si je les vois pendant toutes mes vacances au cours de l'année, ils me manquent.

« On s'enverra des textos, on s'appellera et on fera des skypes.. » J'essaie de le rassurer -et de me rassurer par la même occasion- alors que je mâche nerveusement ma lèvre.

Il hoche doucement la tête en tentant de m'envoyer un sourire, mais je vois immédiatement qu'il est faux. Rapidement, je lâche le tee-shirt que je tiens dans mes mains pour faire le tour du rayon, enlaçant doucement mon meilleur ami au beau milieu du magasin.

Il referme ses bras autour de ma taille, fermement, et j'embrasse sa tempe en frottant son dos.

J'ai peur qu'il me manque.

Mon dieu, j'ai tellement peur de ça. 

Génie 💡Where stories live. Discover now