22 - L'héritage du Prince

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La voix de Voldemort s'éleva, résonnant dans l'air et dans les têtes, rebondissant sur le sol et contre les murs.

—Vous avez combattu vaillamment, lord Voldemort sait reconnaitre la bravoure...

Il était aux portes du château, il promettait la vie sauve à tous ceux qui se rallieraient à lui, l'extermination aux autres. Mais si Potter se livrait, ils auraient tous une chance de s'en sortir vivants. Ils avaient une heure pour se décider.

Le silence qui suivit les tira de la transe dans laquelle ils semblaient être plongés. Remus effleura de ses doigts le visage de Severus pour fermer ses paupières, avant de l'allonger doucement sur le sol. Lentement, se soutenant les uns les autres, ils sortirent de la cour pour rejoindre la Grande Salle. L'heure du deuil viendrait plus tard, ils devaient se préparer au dernier affrontement. Harry jeta un dernier regard à Snape. Il ne savait plus ce qu'il devait ressentir, à part de l'horreur en pensant à la façon dont il avait été tué et à la raison pour laquelle ce meurtre avait été commis... Il était mort pour lui, pour lui donner une chance de vivre, il n'avait pas le droit de gâcher cette chance. Il devait affronter Voldemort, il devait tuer Voldemort. Dans sa main, la baguette d'ébène émettait un doux rayonnement et son effet apaisant irradiait dans ses membres et détendait ses muscles crispés.

Le château était étrangement silencieux. On ne voyait plus d'éclairs lumineux, on n'entendait plus de détonations, plus de cris. Les dégâts étaient considérables, d'énormes blocs de pierres et des débris de bois gisaient un peu partout, et à chaque pas, on devait enjamber des obstacles divers, pans de murs écroulés, statues réduites en miettes, armures démantelées... et partout, sur les dalles de marbre, s'étalaient de larges tâches de sang.

Il s'arrêta sur le seuil de la Grande Salle. Les tables des Maisons avaient disparu, et la salle était bondée. Les survivants erraient sans but par petits groupes, toutes Maisons mélangées, ou restaient assis, le regard fixe, les blessés avaient été rassemblés sur un côté de la salle, soignés par Madame Pomfresh, aidée des sœurs Black qui pleuraient toutes les deux leurs époux tombés pendant la bataille, et d'une équipe de volontaires parmi lesquels Luna et Neville. On s'était occupé des vivants en priorité, et on commençait tout juste à ramener les morts qu'on déposait sur l'estrade. Il distingua la tignasse rousse de Fred, entre les bras de George. Molly Weasley, affalée sur la poitrine de son fils, tremblait de tout son corps, Arthur lui caressait les cheveux, le visage inondé de larmes. Percy était assis près d'eux, un bandage autour de la tête, les bras étroitement serrés autour du corps, il se balançait lentement d'avant en arrière. Hermione, Ron et Ginny se tenaient étroitement enlacés. Bill, Charlie et Fleur parlaient avec Shacklebolt et Remus, un air accablé sur le visage. Harry recula d'un pas, il ne pourrait pas en supporter plus. Il jeta un coup d'œil vers l'estrade, il reconnaissait des camarades, des professeurs, des personnes qu'il n'avait jamais vues avant, Ted Tonks, et même Lucius Malfoy, repenti de la dernière heure, qui était mort pour sauver son fils. Tonks et Draco, unis dans la même douleur... Il ne pouvait s'empêcher de penser que s'il s'était rendu dès le début, tous ces gens seraient peut-être encore vivants.

Il se détourna et s'enfuit en courant. Sans savoir comment, il se retrouva devant la gargouille de pierre, maintenant brisée, qui gardait le bureau du directeur. Elle ne lui demanda rien et il commença à gravir l'escalier en colimaçon, la main crispée dans sa poche sur le coffret qu'il avait subtilisé dans la chambre forte des Prince. Il avait vaguement eu l'idée de parler au portrait de Dumbledore, mais lorsqu'il fit irruption dans le bureau, il constata que tous les tableaux étaient vides de leurs occupants, apparemment, ils avaient filé vers les autres tableaux, dans les couloirs, pour suivre les évènements au plus près.

Il s'assit dans le fauteuil qu'il avait si souvent occupé, face au bureau du directeur, et tira de sa poche le coffret auquel il redonna sa taille originelle. Cette fois, la petite boite d'ébène s'ouvrit sans aucune résistance, révélant une enveloppe scellée, un parchemin roulé, une fiole remplie d'une substance argentée qu'il reconnut immédiatement, une photo déchirée et un feuillet de papier moldu. Dans le fond du coffret reposaient également deux fleurs séchées enveloppées de papier de soie... Les biens les plus précieux d'un homme que tous avaient toujours pensé sans cœur, tout ce qu'il restait d'un destin gâché, d'une vie brisée entièrement dévouée à un amour disparu.

Le Veilleur dans l'Ombre II - La Voie de la RédemptionWhere stories live. Discover now