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<< c'est quoi la différence alors ?
La différence, c'est que toi, je t'aime >>

Pendant qu'il roule, je ne reconnais pas le chemin de ma maison.
- on va où ? Je crie, pour qu'il m'entende.
- chez moi !
Je me tais. Merde, je préfère rentrer à la maison.
Quand il s'arrête, je descend et lui dit:
- je préfère rentrer chez moi, Damien
- c'est le week end !
- oui, mais j'ai du travail... Et j'ai le restaurant ! Et ma petite sœur !
- mais.. J'ai envie de faire connaissance..
- moi aussi, mais j'ai certaines priorités...
- bon.. D'accord. On peur de voir quand même ?
- bien sûr ! Normalement, dimanche soir je n'ai rien. Après 19h
- bon bah.. À dimanche ? Je te cherche... Au restaurant ?! Comment se fait-il que tu travailles ?
- c'est comme ça.
Je n'ai pas envie de lui en dire plus. Pas tout de suite. Je ne vais pas étaler ma vie financière avec ce gars que... Je connais à peine justement !

Je remonte sur sa moto, et il me dépose devant la maison. Je l'embrasse doucement, puis lui fait coucou. Il redémarre.

Je rentre chez moi.
Ma mere est dans la cuisine.

- c'est qui ce gars ?
Demande-t-elle.
- moi aussi ça va très bien j'ai passé une excellente journée.
- répond à ma question ! Qui est ce garçon ?
- quand deux personnes s'embrassent, ça signifie qu'elles sont en couple, généralement. C'est mon copain.

Je n'avais jamais parlé de mes "histoires" à maman. De un parce qu'elle ne posait pas la question, donc je considérais que ce n'était pas un problème, de deux parce que pendant une grande partie de sa vie, elle a cru que j'étais lesbienne refoulée. Ce qui, vu son air abasourdi, est toujours le cas.
Ma mère ne s'est jamais intéressée à moi, quand elle n'en n'avait pas besoin. Ce que je veux dire, c'est que, si elle avait besoin de 10 €, elle devenait la mère que j'avais toujours rêvée d'avoir. Mais, sinon, elle s'en foutait.
- pardon ?!

Ça y est, elle a pris son air "je suis une mère protectrice et qui fait attention", qu'elle prend généralement quand on a des invités, ou quand elle croise une connaissance dans la rue.
Ce n'est que de la comédie. Je le sais. Je connais ma mère aussi bien qu'elle me connaît. J'ai étudié ses mimiques et ses paroles toute ma vie.
Je sais quand elle ment, et je sais ce qu'il l'atteint.
Elle ment souvent. Quand elle me dit qu'elle m'aime, par exemple. Elle a ce tic, elle cligne deux fois de suite des yeux.
Heureusement pour elle, même si elle est très négligente envers Lydia, elle ne ment pas quand elle dit qu'elle l'aime. Je considère que ça rattrape tout l'amour qu'elle ne m'a jamais donné.

Ma mère ne m'aime pas, parce que je suis le "portrait craché" de mon père. Quand elle me regarde, quand elle plonge dans mes yeux, elle voit mon père. Et elle se revoit, elle, seule et abandonnée, larguée comme une pauvre merde. Je comprend ce qu'elle peut ressentir. Etre abandonnée de quelqu'un qu'on aime. Je le comprend, car même si ma mère ne m'aime pas, moi je l'aime. Et je sais ce que ça fait, d'être abandonnée d'un être qu'on aime. Mon père a fait ça. Puis ma mère .

Je la regarde. Je la vois, les sourcils froncés.

- quoi ? Je soupire.
- depuis quand es-tu avec ce garçon ?
- il s'appelle Damien.
- je m'en fous ! Depuis quand es-tu avec lui ?!
- 2 jours.
- tu le connais depuis quand ?
- 2 jours.
- QUOI ? MAIS OÙ AS TU LA TETE MA PAUVRE ?!
- pourquoi tu cries ? Je demande, posément.
- je veux que tu arrêtes de le fréquenter.
- pardon ?!
C'est à mon tour de peter un cable.
Elle ne dit rien.
- PUTAIN, MAIS EST CE QUE TU ES BIEN PLACÉE POUR ME DONNER DES LEÇONS ?! OUAIS, JE SUIS AVEC LUI DEPUIS DEUX JOURS, ET ALORS ?! DE TOUTES FAÇONS ÇA NE CHANGE RIEN, TU T'EN FOUS !

Je ne la laisse pas me répondre et je monte dans ma chambre. Je claque la porte. Lydia est sur mon lit en train de faire ses devoirs. Elle relève la tête, toute triste.
- qu'est ce qu'il y a Lydia ?
- j'aime pas quand tu crie sur maman..
- elle l'avait bien mérité.
- t'es pas revenue hier soir..
-... J'ai eu un contre temps.
- maman a pleuré.
- quoi ?
- maman pleurait. Je sais pas pourquoi, papa est arrivé et après papa est partie et après je suis descendu parce que je voulais montrer à papa mon dessin, mais maman pleurait et papa était pas là.

Ah. Stephane a du larguer maman. Quel connard, il se fout de ce que sa fille peut ressentir.
Sur le coup, je me rend compte que j'ai été dur avec maman.

Je redescend doucement.
- maman ?
Elle est la, elle pleure sur la table.

Je la prend dans mes bras, et la console. Je m'excuse.
- désolée d'avoir crier maman. C'est juste que.. Je me sens bien avec lui, il est gentil. Et puis, jamais je ne le laisserais me faire du mal, tu le sais très bien.
- tu es courageuse Rose. Comme ton père.
Elle pleure encore un peu.

Nous restons plusieurs minutes, l'une dans les bras de l'autre.

- je t'aime Rose.

Je la regarde dans les yeux.
Mon coeur rate un battement.

Ses yeux n'ont pas clignés une seule fois.

Elle dit la vérité.

(Chapitre court, il se passe pas grand chose, désolée, j'avais pas d'inspiration)

RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant