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(C'est Antoine en média)

<< On a tous peur du monstre sous notre lit >>

La porte claqua.

Leah me prend dans ses bras, et je la laisse faire. J'ai pas la force de la repousser. Je sens le regard d'Antoine sur moi. Il me fixe, les poings serrés, et ses yeux veulent me tuer.

Ils ont quoi tous là ? C'est bon je suis pas un punching-ball.

Il se dirige vers les escaliers et s'apprête à les monter. Mais il se retourne, et me regarde une dernière fois. Je sens bien qu'il a envie de dire quelque chose, mais il se tait. Ses sourcils se froncent, et sa mâchoire se contracte.
Il secoue finalement la tête, et il monte, silencieusement.

Je me dégage doucement de l'étreinte de Leah.
- Je suis tellement désolée, j'aurai pas du l'inviter, j'aurai dû te croire quand tu me disais qu'il était vraiment...
- c'est bon Leah. Ça change rien: il est parti, je vais m'en remettre et voila. Je viendrais plus en sport.
- si je pouvais lui couper la bite. Et dire que ce connard t'as pris ta...
- oui bon Leah c'est bon la ! Je sais ! Putain !

Elle m'énerve. Elle n'arrête pas de remuer le couteau dans la plaie.

Je me dégage, et je monte finalement dans... Dans la chambre. Je souffle, et je pousse la porte.

À mon grand étonnement, il y a déjà quelqu'un.

C'est encore lui, avec ses cheveux blonds, presque blancs, et son foutu regard accablant.

Il tourne la tête quand j'ouvre la porte. Il me regarde, puis il esquisse ce sourire qui me donne envie de vomir. Le sourire méchant et moqueur, qui dit "t'es tellement bête Rose". J'ai envie d'aller l'étrangler. Son visage ne traduit que des choses que je ne veux pas entendre, que des affirmations qui me font mal.
Et dans son silence, j'entends ce qu'il ne dit pas. Et il le sait, il sait que je l'entends.
Il me dit:
"T'es si bête, Rose. Tu t'es fait avoir, comme d'habitude. Tu ne changes jamais, tu crois encore au grand amour alors que tu sais, tu sais qu'il ne t'es pas réservé. Tu sais la vérité. Et la, tu te sens stupide, et tu as de quoi. Il t'as baisé, ça y est, il a eu ce que lui il voulait. Et toi ? Bah rien. T'as rien. Plus rien pour toi"

Je sens des larmes qui me montent aux yeux. Je serre mes dents, et je lâche, froidement, et de la manière la plus haineuse que je le peux:
- tu penses trop fort.

Il comprend tout de suite. Son sourire s'élargit, et il se met à rire, sans que cela n'atteigne ses yeux. C'est froid, c'est dur.
C'est tout lui.

- j'espère bien.

Il sort de la pièce en prenant bien soin de m'éviter, et claque la porte.

Encore une porte claquée.

Je me dirige vers le grand lit. Je range mes affaires dans ma sacoche.
Je sors mon téléphone.

J'ai un message de Damien.
Je le supprime, sans le lire.

J'ai un appel manqué. Encore lui.

Ma mère ne m'a rien demandé, elle s'en fout, sans doute.

Je descend, et Leah me prend une dernière fois dans ses bras.

RoseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant