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<< if I lay here, if I just lay here, would you lay with me and just forget the world ? >>

#A

Je l'ai balancée hors de ma chambre comme une esclave. Je n'ai pas eu le temps de la voir réagir, parce que j'ai directement claqué la porte, avant de m'y adosser.

J'avais prévu. Ouais, je l'avais prévu. Je savais comment elle se sentirais, à quel point elle me hairait après ça. Mais, ce que je n'avais pas prévu, c'est que l'entendre pleurer de l'autre côté du mur, me fait quelque chose. Je ne ressens pas cette joie perverse, qui m'exalte toujours après avoir réduit quelqu'un à néant, et surtout elle. Non, au contraire, j'éprouve un pincement au coeur. Serait-ce du regret ?

Le pire, dans toute cette histoire, c'est qu'elle a raison. Pourquoi elle ? Je n'en ai strictement aucune idée. Je n'ai jamais de cible définie, je me fous de tout le monde et étend ma méchanceté, blesse dès que je le peux. Mais elle, je ne parviens pas à comprendre pourquoi j'ai tant besoin de la voir pleurer, pourquoi j'ai tant besoin de savoir qu'elle me hait.

Non, je n'ai pas besoin de la voir pleurer, ni de la voir souffrir. Je veux juste qu'une de ses réactions soit provoquée par moi. Je veux la faire réagir, et je ne savais pas que ça pouvait m'embêter aussi. Mais bordel, comment est-ce que je parle ? Je suis sensé m'en foutre.

Quand j'ai placé ces affiches, quand je l'ai insulté, quand je l'ai fait dormir avec moi, quand je l'ai regardé de haut, quand je l'ai poussé, tout cela n'avait qu'un seul but. La voir tomber à genou, la détruire, la voir chialer des larmes qu'elle détestera. Mais jamais plus que moi.

Pourtant elle ne m'a rien fait de spécial. Mais je ne sais pas.... j'ai cette envie perfide et inconnue de la maltraiter. Mais le problème, c'est que ça ne me soulage pas. Je n'en tire rien, et ça me tracasse. Comment taire ce dessein bestial ?

Et l'entendre renifler n'arrange rien. J'ai envie de lui éclater la tête contre le mur, et embrasser à pleine bouche ses lèvres roses et fines. La frapper et la prendre dans mes bras. La rabaisser et la rassurer.

Antoine, faut vraiment que tu ailles consulter.

Je sors rapidement de ma chambre, après avoir enfilé un jogging et un tee shirt. Il faut que j'aille courir. Que je m'éclaircisse les idées. Je choppe mon téléphone et claque ma porte. J'allais me diriger vers les escaliers, mais je reviens vers la chambre de Leah. Elle ne pleure plus. La porte est entrebâillée. Curieux et incapable de m'éloigner de cet endroit, je passe la tête et l'observe se regarder dans le miroir. Elle a les mains pales, le visage blanc, la lèvre qui saigne. C'est moi qui ai fait ça ? Elle s'essuie la bouche avec force, comme si elle voulait effacer à jamais ce contact qui m'a electrisé pour ma part. Je suis déçu... et vexé ? Personne ne regrette de m'avoir embrassé.

Tu l'as pas embrassé Antoine, tu l'as méprisé.

Je tais ma conscience d'un mouvement de tête agacé et quand je relève les yeux, elle me regarde, les pupilles écarquillées. Elle a un temps de surprise, avant de me regarder avec haine. Ouch, je ressens un pincement au coeur.

J'aimerais lui dire que je suis désolé. Mais d'un autre côté, je ne le suis pas.

Et alors, ce ne serait pas la première fois que tu mentirais, Antoine.

Avant que je n'ai eu le temps d'esquisser un geste, elle me saute dessus, et me fait tomber dans le couloir. J'ai à peine le temps de dire un mot, qu'elle me balance un crochet droit dans la mâchoire. Elle a beau paraître innoncente et innofensive, elle a de la force dans les bras, la Rosette. Elle me frappe dans le ventre, et j'étouffe un gémissement de douleur, bientôt associé à de la colère.

RoseWhere stories live. Discover now