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J'ai passé le reste de la matinée sereine. Oui, ces affiches m'ont fichu la trouille, et j'ai d'ailleurs toujours peur. Mais avoir été dans les bras de Damien ne serait-ce qu'une minute m'a fait énormément de bien. Il faut qu'on trouve une solution, on en trouvera une. Notre étreinte l'a prouvée une bonne fois pour toutes:
Je ne peux pas être sans lui. J'ai besoin de lui, et il a besoin de moi.
Aussi improbable que cela paraisse.

Je peux bien supporter quelques bleu, puisqu'on s'aime. Et de plus, il me frappe sans être conscient. Ce serait pire s'il le faisait de son plein gré.
Alors j'accepte. J'accepte d'avoir mal pour lui. Je ne peux pas faire autrement, de toutes manières.

C'est la fin de la journée. Je suis exténuée, je veux rentrer chez moi. Leah a bizarrement compris qu'elle ferait mieux de ne pas me reparler de Damien. Et de ces fichus affiches. Alors elle fait tout pour tenir la discussion, en évitant ce sujet. Elle doit s'en vouloir. Gaffer comme ça, je ne lui aurait jamais pardonné.

Elle actuellement en train de me raconter je ne sais quoi sur je ne sais qui. J'écoute distraitement, mon regard braqué sur le blond derrière elle.
Il est dos à moi, ainsi il ne vois pas que je l'observe silencieusement, avec un désir particulièrement tenace d'effleurer ses touffes presque blanches.
Mais son pote qui lui parle, intercepte mon regard, et dit avec des yeux pétillants et un sourire au lèvre quelque chose qui fait retourner Antoine. Je croise son regard pendant une fraction de seconde, puis le détourne précipitamment, paniquée.
Je prie pour qu'il regarde ailleurs, mais je sens ses yeux d'acier scruter mon visage, scruter mon âme, comme s'il la passait au rayon X.
Je hais ça, je déteste quand il l'observe de cette manière. J'ai l'impression qu'il connaît tout de moi, qu'il me viole psychologiquement. Qu'il m'entend, qu'il sait tout ce que j'ai fait dans ma vie.
Gênée, je me gratte l'arrière de la tête, et me tortille sur place.
Ça n'échappe pas à Leah, qui pousse un énième et énorme soupir.
- qu'est ce qu'il y a ? Je lui demande, voyant là un excellent moyen d'oublier le regard de Antoine sur moi.
- À toi de me le dire Rose, je te parle depuis tout à l'heure, mais tu reluke...
Elle se retourne, et croise le regard de son frère.
Oh non, elle va penser qu'il m'intéresse. Pitié, Dieu, si tu existes, fait qu'elle ne pense rien, fait qu'elle ne dise rien.
- Antoine, arrête de regarder les gens comme ça, on dirait que tu veux les tuer. Bon allez, dégage de la.
Elle le pousse sans ménagement, en regardant derrière lui. Ne voyant personne, elle se retourne vers moi, et hausse les épaules.

- bon, alors. Bref, oublie ce que je te disais.
Je hoche la tête, soulagée et contente. Ouf, j'ai évité la catastrophe nucléaire.
Antoine se décide enfin à s'en aller. Avant d'enfourcher son scooter, il dit à sa soeur:
- Leah, je vais chez Hélène. Dit aux dars que je rentre tard.
- ils sont pas là, repond-elle avec un geste agacé de la main.
Antoine hoche la tête en serrant la mâchoire, oh putain et quelle mâchoire, en glisse son casque sur sa tête. Des touffes de cheveux blancs sortent par la visière et tombent sur ses yeux bleu tandis qu'il la relève.
- encore mieux, réplique-t-il avant de démarrer bruyamment et de s'enfuir à toute vitesse.

Une information m'a interpelée durant tout cette conversation. Je n'hésite pas une seconde à demander à Claire, alors que nous nous mettons en marche :
- c'est qui, Hélène ?
Elle fronce ses sourcils et ralentit.
- sa copine, pourquoi ?
- il a une copine ?!

Bordel Rose, ferme un peu ta gueule !
Elle s'arrête complètement et me demande alors:
- bah oui, pourquoi ? Tu voulais te le faire ?
Elle esquisse un début de sourire qui le veut rien dire de bon pour moi, et plante ses yeux dans les miens.
Je m'arrête à mon tour, et me maudissant intérieurement, je réponds en balbutiant:
- non, non.. Je.. Je croyais qu'il était gay.

Quelle piètre menteuse.
Mais par l'opération du st Esprit, elle me croit et se remet à marcher.

- mmh, mouais. Bon, tu viens dormir à la maison ?
- euh.. Je sais pas..
- alleeeez ! On n'a pas de devoirs demain, et on commence à 10h ! Dis oui '
- bon, d'accord. Il n'y aura pas Anroine ?
- depuis quand ça change quelque chose ? Souligne-t-elle pertinemment.
- non, c'est juste que je ne veux déranger personne !
- il s'en fout, Rose. Il sait même pas que tu existes.

Ouch.
Merci Leah !

Elle se rend compte du manque de tact de sa remarque, et prend un air désolé.
- c'est pas ce que je voulais dire, Rose.
- oui, je sais. Je m'en fous de toutes façons.
J'esquisse un faux sourire et Leah reprend son entrain habituel.

Après être passé chez moi pour récupérer de quoi dormir, et pour embrasser Lydia rapidement, nous reprenons le chemin de chez elle.
Je commence à connaître les lieux, et à m'y série à l'aise. Je vais dans la cuisine pour boire un verre d'eau, et Leah balance des affaires avant de s'affaler de tout son long sur le canapé en cuir.
Les parents de Leah sont assez riches, et d'après ce que j'ai pu comprendre, ils ne sont pas souvent à la maison.

- ils font quoi tes parents, Leah ?
Elle se retourne et me fixe en fronçant les sourcils pendant quelques secondes.
- journalistes.
- ah, c'est pour ça que..
Je ne termine pas ma phrase, ayant conscience que je suis allez un peu trop loin.
- que je peux faire ce que je veux. Conclut-elle.

Je hoche la tête et vient m'assoir près d'elle. Elle essaye de me repousser avec ses pieds, en étouffant un gloussement. Un sourcil levé, je la fous hors du canapé, et elle pousse un cri de surprise. Je m'étale à mon tour, lâchant un rire moqueur.

S'ensuit une bataille de place, qui se termine sur la moquette, les cheveux en bataille, et en sous vêtements.

Oui, il fait très chaud chez Leah. Je suis toute rouge, comme elle, et on ne peut s'empêcher de rire, sans pouvoir s'arrêter. Mon ventre de tord, et j'ai du mal à reprendre mon souffle, tant le fou rire est énorme.

Je m'arrête de rire instantanément quand j'entends quelqu'un rentrer.
Et que c'est Antoine.
Et que je suis en soutif culotte.

Leah n'a pas l'air d'avoir eu le même raisonnement que moi, parce que son rire double et elle se lève joyeusement ouvrir la porte en se dandinant.

Je me lève pour l'arrêter, mais elle m'échappe. Elle lache encore un rire et ouvre la porte complètement, histoire que Antoine, tous les passants et le monde entier nous voit bien en sous vêtement.

Il allait rentrer mais se stoppe, étonné par la tenue de sa soeur. Inexorablement, il pose son regard sur moi, et fronce encore plus fort les sourcils.
Leah se réveille et referme d'un coup la porte. Mais Antoine la bloque et entre en poussant d'un coup d'épaule le lourd battant.
- Antoine va-t-en ! Attend 5 minutes, réplique sa soeur jumelle, en tentant de refermer la porte d'entrée.
Pour tout réponse, il grogne et envoie balader Leah, claquant la porte derriere lui.
Il se dirige directement vers les escaliers, et se retourne avant de les escalader avec ce ricanement moqueur qui lui est propre.
Il me fixe de haut en bas puis lache un rire guttural quand je tente de me cacher derrière mes mains.
- t'inquiètes pas crétine, tes vieilles jambes ridées ne me font pas d'effet.

Je reste sonnée pendant qu'il s'enfuie. Du coin de l'œil, je vois Leah porter une main à sa bouche.

- c'est ça dégage, connard ! Tu va voir si elle te fait encore de l'effet quand je t'aurais coupé les cou...
- c'est bon Leah, c'est rien.

Je la retiens de lui courir après. Elle me jette un regard désolé et me prend dans ses bras.

- je suis désolée, Antoine se moque de tout ce qui bouge, ce n'est pas personnel..

Je la rassure en lui rendant son étreinte, et en lui assurant que je m'en fiche.

Rien de personnel. C'est ça ouais.

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Salut !
Vous êtes de plus en plus nombreuses, c'est super genial, merci je vous adore !
Qu'en pensez vous ? Que pensez vous de Antoine surtout ?

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La bise !
💘

RoseWhere stories live. Discover now