Arabesque (tome 1) : Entre deux danses

Partie 21 : Vingt-et-unième Ecart

POV Maryane :

─ Je t'écoute.

Elle prit une brusque inspiration et se lança.

─ Je suis en couple.

Le temps se figea devant moi, le monde cessant de tourner.

QUOI ?

─ Qu'as-tu dit ? Demandai-je d'une voix blanche.

─ Je suis en couple. Je suis désolée si je t'ai fait croire que nous pourrions...

─ Tais-toi.

─ Plait-il ?

─ N'en dis pas plus. Je ne veux pas l'entendre.

Comment a-t-elle pu ? Comment pouvait-elle me faire espérer ?

J'avais commis l'erreur de penser qu'elle pouvait m'aimer.
Qui pouvait croire qu'un organe temporel pouvait-il faire aussi mal ?
Un poignard en plein cœur ne m'aurait pas autant blessée.

─ Maryane...

Je me forçai à sourire.

─ Tout va bien, ne t'inquiète pas. Aucun problème, vraiment.

─ Je suis désolée...

─ Vraiment, je vais bien. Je ne me suis rien imaginée, rien du tout.

J'avais tort. J'aurais dû me douter : une personne telle que Shira ne pouvait pas être seule.

Je n'ai plus rien à faire ici...

─ Petit génie...

Je me figeai.

Cette phrase...

« ─ Au revoir petit génie... »

─ Comment m'as-tu appelée ?

Elle se mit à rougir.

─ Petit génie.

─ Pourquoi ce surnom ?

─ C'est ridicule.

─ Je ne rirai pas. Promis.

Elle soupira

─ On m'a dit que tu égalais mon talent lors de la première représentation...J'en ai déduit que tu en étais un génie.

Je la trouvai adorable.
Mon cœur brisé se remit à battre.

─ C'est mignon.

─ Non, ce n'est pas mignon. C'est absurde.

Oui, d'accord.

─ Je n'étais pas venue te parler de l'attirance que j'éprouvais pour toi. J'étais venue te parler de Matt, fis-je en me levant d'un bond.

Elle suivit mon geste d'un regard chargé d'incompréhension.

─ Reste.

─ Non. J'étais venue pour Matt, nous en avons terminé.

─ Je suis désolée, me dit-elle d'un ton implorant. Reste, s'il te plait.

─ Tu n'as pas à t'excuser. J'étais naïve de croire que je pouvais te changer. Je voulais que tu me parles de tes problèmes, que tu te reposes sur moi, que je compte pour toi.

─ Tu comptes pour moi.

─ Pas assez malheureusement... pas assez, fis-je en secouant la tête.

La porte, légèrement ouverte, sonnait comme une délivrance. Une échappatoire tentante ...
A laquelle je ne comptais résister.

─ Si je n'avais pas... si je n'étais pas en couple, ça aurait pu marcher. Toi et moi, me dit-elle d'une voix douce.

Sauf que ce n'est pas le cas.

─ Je te remercie. Pour ton aide. Je n'ai jamais eu l'occasion de le faire alors voilà. J'espère que tu... seras heureuse et que tu pourras pardonner les erreurs de Matt.

─ Non. Je ne pardonnerai jamais à Matthew ce qu'il a fait. Jamais. Il n'est pas le seul à souffrir. J'espère ne plus avoir à le croiser.

Je hochai doucement la tête, commençant à partir.

─ Cependant... j'espère que tu viendras me rendre visite malgré ce que je viens de t'avouer.

Ses yeux étaient si remplis d'espoir que l'idée de tuer cette lueur me donna la nausée.

─ Je ne pense pas, fis-je en sortant.

L'armoire à glace était postée au milieu du couloir, les traits durs.

─ Je sors, fis-je en levant le menton en un geste de défi attendant qu'il conteste ma décision.

Il acquiesça, ouvrant lui-même la porte d'entrée.

─ Avez-vous besoin qu'on vous raccompagne ? me demanda-t-il en me dévisageant froidement.

Cœur de glace.

─ Non, merci.

Je pris la porte le cœur brisé, mon espoir enfoui se retrouvant à mes pieds.

Si seulement ma vie était moins compliquée...

Je rentrai la boule au ventre, m'écroulant en larmes une fois la porte fermée.
Le désespoir me tiendrait compagnie.