Chapitre 27 : Tic Tac

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Trois jours.

C'était le temps que j'allais passer à New York, éloigné d'Heather. Tout ça pour de l'argent, comme d'habitude. Rien de bien nouveau à l'horizon, sauf pour elle. Elle me serrait fermement dans ses bras, refusant que je m'en aille, comme une gamine dont les parents s'en allaient pour un long moment.

— Tu ne peux pas faire ça ici ? couina-t-elle sur mon épaule.

— Ça ne marche pas comme ça, lui murmurai-je. Je dois les voir en personne pour m'assurer que tout se passe bien.

Ses doigts s'enfoncèrent dans mon dos et ses paupières n'étaient pas près de s'ouvrir.

— Heather, ce n'est que pour trois jours...

— Oui... Mais j'ai peur, souffla-t-elle avec difficulté.

Je caressai tendrement sa chevelure et me détachai de son emprise. Prenant son visage entre mes mains, je la regardais profondément dans les yeux.

— Cesse de t'inquiéter pour un rien, la rassurai-je du mieux que je pouvais avec mes mots dénués de sens. Ce n'est que pour le travail.

— Je n'ai pas envie que tu fasses n'importe quoi, s'inquiéta-t-elle. Je veux que tu m'appelles chaque soir... et à ton arrivée... et avant ton départ...

Je soupirai. Devoir l'appeler autant de fois en l'espace de trois jours allait me sembler très long. Ce qui allait me sembler le plus long à supporter était le sexe. Trois jours sans sexe.

Elle mordit sa lèvre inférieure et je savais exactement ce dont à quoi elle pensait. Elle envisageait sûrement le pire.

— Je t'appellerai, cédai-je.

Un court appel n'allait rien changer, je le savais, mais si c'était tout ce qu'il lui fallait pour être rassurée, je ferais avec.

— Tu vas me manquer, lâcha-t-elle d'une mine boudeuse.

— Je pense plutôt que tu vas apprécier ces trois jours sans moi, mais s'il te plaît, ne va pas claquer tout mon argent au centre commercial.

Même si c'était plus pour rire, il y avait néanmoins une pointe de sérieux dans mes propos. Je ne regrettai pas le temps que j'avais perdu à la banque pour demander d'autres cartes de crédit. Être prévoyant ça avait du bon.

— Même pour de la lingerie ? me provoqua-t-elle en arquant un sourcil.

— Tu me poses une vraie colle Heather, capitulai-je.

Elle déposa un bref baiser sur mes lèvres, enjouée d'avoir pris le dessus.

— Tu vas vraiment me manquer.

— Tu te répètes, lui fis-je constater.

Elle en sourit et j'appréhendais de plus en plus le moment où j'allais franchir le seuil de la maison. Ce n'était que trois pauvres misérables jours. Pourtant, ça en semblait presque une éternité et si le temps ne me faisait pas défaut, je la prendrais une dernière fois pour lui faire l'amour convenablement. Je dus me contenter de la laisser sur un baiser langoureux. Jamais je ne l'avais embrassée aussi longtemps.

— J'ai hâte que tu rentres, murmura-t-elle en plaquant son front contre le mien.

— Moi aussi.

J'éloignai mon visage du sien et passai ma main une dernière fois dans sa longue chevelure cuivrée, poussant quelques mèches derrière ses oreilles.

Elle m'adressa un bref sourire puis jeta un coup d'œil à mon unique valise.

— Ça va te suffire ça pour trois jours ? s'inquiéta-t-elle.

La Décadence des Flamants  - Tome 1Where stories live. Discover now