Chapitre 1

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Demain ma fille, Mélody, aura 7 ans, enfin c'était l'âge qu'on donnait à l'humain puisque nous étions immortels. Nous avions décidé de le fêter avec les elfes, notre petite famille ainsi que les petits copains de Mélody qui étaient aussi des créatures. On préparait la forêt pour fêter cet événement, Victor et Amélie s'occupaient d'accrocher les guirlandes de papier lumineuses dans les arbres, Peter et mon père s'occupaient de mettre chaises et tables dans l'allée du château et ma mère et moi faisions le gâteau d'anniversaire de ma petite princesse qui donnait quelques coups de mains à mettre la farine, le beurre, cassait les œufs. Mais surtout à mettre le chocolat parce que cette petite fille raffolait du chocolat comme sa mère et sa grand-mère d'ailleurs. Je pense que c'était la faiblesse de la plupart des filles maintenant. Quoi de meilleur que du chocolat ou de la glace quand on n'était pas bien ? C'était tellement bon. Elle adorait faire la cuisine avec moi et ma mère, Amandine, petite elle disait qu'elle était une grande cuisinière. Puis soudain avant de verser le chocolat dans le saladier elle resta immobile me regardant.

— Qu'est-ce qu'il y ma petite princesse ?

Mélody ne me répondait pas et je tentai une autre question.

— Tu ne veux plus de chocolat dans ton gâteau ?

— Si maman, mais je me pose une question depuis quelques jours.

— C'est quoi cette question qui te tracasse tant ?

— Est-ce que tu crois que moi aussi j'aurais des ailes comme toi, papa et mamie ?

Je savais que cette question allait arriver un jour ou l'autre, je n'y étais pas du tout préparée. C'était vrai que Mélody était une magnifique jeune fille mais en tant que mère j'avais peur qu'elle se sente rejetée par l'absence de ce caractère physique. Je me demandai sur le coup, quelle réponse j'allais lui donner. Je réfléchis, me grattai la tête, m'accroupis pour être à sa hauteur, puis lui dit en posant ma main sur son épaule.

— Ma petite chérie, mes ailes sont apparues à mes 16 ans. J'étais à moitié humaine à moitié immortelle. J'ai donc grandi pendant 16 ans comme humaine mais maintenant je suis immortelle. Toi c'est différent tu es complètement immortelle et tu ne vas avoir que 7 ans en âge humain demain. Elles vont peut-être apparaître, plus tôt ou plus tard ou alors tu n'en auras peut-être pas du tout comme papy Andy, on ne sait pas.

— Oui, mais j'aimerais tellement en avoir.

— Oui je comprends, mais tu sais c'est mieux que tu n'en aies pas pour l'instant, au moins tu peux continuer à aller à l'école comme tu le fais depuis maintenant 4 ans et continuer à voir tes amis. Moi quand j'ai eu mes ailes, après je ne pouvais plus voir mes amis et c'était très triste de ne plus les revoir.

— Oui je comprends, disait-elle la moue boudeuse.

En effet mon père Andy étant le seul à ne pas avoir d'ailes la conduisait à l'école tous les matins. Peter et moi tenaient à ce qu'elle ait une éducation et des amis, mais aussi à ne pas détester les humains comme la plupart des créatures de notre monde magique. On lui avait aussi appris à ne pas parler de notre monde à l'école. Un jour elle avait parlé de ses amis magiques à la maitresse et mon père avait fait passer cela pour des amis imaginaires comme dans le temps.

— Ne t'en fais pas, je suis sûre tu vas avoir des ailes mais pas tout de suite. Soit patiente. Je suis sûre aussi que ce sera les plus belles de tout le monde féerique.

— Oui. Tu as encore besoin de moi pour le gâteau ?

— Et bien non. Pourquoi ?

— Pour monter jouer dans ma chambre.

— Oui tu peux y aller mais lave toi les mains avant de monter.

Elle se lava les mains puis monta dans sa chambre. Depuis un an, elle restait souvent dans sa chambre et ne sortait que pour jouer avec ses amis de notre monde. Je n'avais pas trop le droit de rentrer dans « son château » disait-elle et dès qu'elle la quittait, elle la fermait à clé. Je respectais sa décision et la laissait faire, peut-être avait-elle peur que je découvre le désordre dans sa chambre pour ne pas se faire disputer par moi ou son père.

Je finis le gâteau avec ma mère et partis rejoindre Peter et mon père dehors. Tout était en place: les guirlandes, tables, chaises...

— Merci tout le monde d'avoir donné un coup de main.

— De rien ! C'est normal, répondaient-ils en cœur.

Je pris Peter à part et lui expliqua la discussion entre moi et notre fille dans la cuisine tout à l'heure, cela ne l'étonnait pas du tout car lui aussi savait que cette question allait être posée.

— Je m'inquiète vraiment pour elle parce qu'elle est vraiment triste à cause de ça. J'ai l'impression qu'elle se sent exclue de la famille.

— Oui j'ai remarqué aussi mais on ne peut rien faire à part attendre qu'elles poussent.

— Oui c'est ce que je lui ai dit mais elle est toujours aussi triste.

— Oui, mais ne t'inquiète pas je suis sûr qu'elle en aura. Tu en as, j'en ais, ta mère en a, donc elle a plus de chance d'en avoir.

— Oui, tu as raison.

— Aller vient on rentre manger, me proposait-il.

On rentra au château pour manger en famille avec Amélie et Victor, puis le repas finit mes parents repartirent chez eux ainsi que Amélie et Victor, Mélody quant à elle, monta se coucher.

Après quelques heures, le temps que Mélody s'endorme, je décidai de monter dans sa chambre pour voir ce qu'elle cachait vraiment. Je savais que c'était mal, mais c'était le seul moment où elle ne fermait pas sa chambre. Arrivée devant sa chambre, je poussai la porte délicatement et rentrai dans la pièce plongée dans le noir. Maintenant que je savais contrôler ma magie et mes ailes, je tapai deux fois dans mes mains pour que mes ailes projettent une lueur multicolore et après je battis deux fois des ailes pour baisser la luminosité pour ne pas réveiller ma fille. Je fis le tour de moi-même en observant sa chambre et là j'étais fière d'elle, tout était parfaitement bien rangé sauf son bureau. Je m'approchai pour voir une tonne de dessins empilés. Ces dessins représentaient des ailes de toute sorte, de différentes couleurs, différentes formes,.... Je comprenais que cette histoire la rendait triste et la travaillait. Je comprenais maintenant pourquoi elle s'enfermait aussi souvent dans sa chambre quand un dessin m'interpella plus que les autres. Sur ce dessin il y avait tous les membres de la famille y compris Amélie et Victor, nous étions assis autour d'une table et elle était un peu plus loin sur la feuille assise dans l'herbe la tête entre les jambes. Elle était très forte en dessin, très douée, ça devait être une passion pour elle. Ce dessin confirma donc mon hypothèse: elle se sentait exclue de la famille. Je pris le dessin et sortis de sa chambre sans faire de bruit. Je descendis et montrai le dessin à Peter qui était abasourdi par ce dernier.

— Tu as vu je te l'avais dit, notre fille se sent exclue de la famille, disais-je la voix toute tremblante.

Une larme commençait à rouler sur ma joue, je faisais tout pour rendre ma fille heureuse et elle était malheureuse. Peter me prit dans ses bras en voyant les larmes sur mes joues.

— Ne t'inquiètes pas on va trouver une solution.

— Encore faut-il la trouver !

— Et pourquoi ton père n'irait-il pas lui parler ?

— Oui ça serait une bonne idée, comme lui aussi n'a pas d'ailes il pourra lui parler.

— Oui alors ne t'en fait pas et vient dormir !

Je partis dans la salle-de-bain pour me mettre en pyjama et rejoignis Peter dans le lit et m'endormis dans ses bras toujours aussi musclés.

La fille papillon [Tome 2] / TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant