La fille papillon [Tome 2] / Terminée

Chapitre 32

Avant de passer le portail, Yada nous mit en garde sur ce qu'il se trouvait derrière. En effet, derrière se trouvait encore le monde des humains mais le fait d'être proche de la porte des enfers augmentait la présence de créatures maléfiques. Elle ne savait pas quelles créatures s'y trouvaient car elle n'avait jamais osé traverser ce portail.
Après des au revoir et la promesse de sauver le monde magique, nous traversions le portail qui séparait les deux forêts. Nous nous retrouvions en plein milieu d'une forêt assez sombre. La nuit tombait. Il régnait un calme angoissant. Les ombres des arbres formaient d'étranges formes sur le sol. Nous décidions Gomy et moi d'avancer, quand nous entendîmes un bruit à notre droite. Je tournais subitement la tête pour voir un wendigo. Cette créature était effrayante. Le wendigo était réputé pour être une créature malfaisante, monstrueuse adorant la chair humaine. C'était un monstre mi-homme, mi-animal. Son corps était squelettique et déformé, sans lèvres, ni orteils. Il existait deux façons de le tuer: brûler son cœur de glace ou lui verser du suif brûlant dessus. Gomy m'expliqua que c'était un jeune wendigo vu sa taille. Gomy connaissait parfaitement les créatures tout comme Elfy. Il m'expliquait que les plus vieux wendigo mangeaient tout ce qui bougeait, tandis que les jeunes ne se contentaient que de chair humaine. Ayant du sang magique, je n'étais donc pas de son goût et n'allait donc pas servir de repas ce soir. Cependant, son regard braqué sur nous me donnait la chair de poule. Nous décidions de continuer sans nous préoccuper de lui.
Après quelques minutes j'aperçus au loin une silhouette qui me semblait familière. Quand je vis son visage, ses ailes je la reconnus de suite. Je courus vers elle pour la serrer dans mes bras et lui dire à quel point elle m'avait manquée. Soudain, Gomy s'interposa devant moi, m'arrêtant net dans ma course.

— Non Mélody ! Ce n'est pas elle !, me prévînt-il.

— Mais si c'est elle ! Elle a les mêmes traits, les mêmes ailes multicolores, les mêmes yeux verts ! C'est ma mère Gomy !

— Non Mélody, c'est un doppelgänger !

— Un quoi ?, demandais-je en grimaçant.

— Un doppelgänger est une créature maléfique qui prend l'apparence d'autre personne, m'expliqua-t-il.

— Comment le sais-tu ?

— Ces créatures ne possèdent aucune ombre et n'ont aucuns reflets dans l'eau. Regarde derrière lui, il n'y a pas d'ombre, ta mère en aurait une, essayait-il de me convaincre.

— Non c'est elle ! J'en suis sûre !, continuais-je ma course vers elle.

Seulement Gomy prit soudain l'œil de vouivre autour de mon cou et m'arracha quelques mèches de cheveux au passage ce qui me fit m'arrêter. Il s'approcha de ma mère, il tendit difficilement le pendentif plus grand que lui sur ma mère, l'œil envoya une lumière aveuglante sur la cible. Ma mère aveuglée prit la forme d'une créature maigre semblable à un extraterrestre qui s'enfuit à toute allure, je n'avais même pas eu le temps de voir à quoi il ressemblait, je n'avais pu observer qu'une silhouette. Gomy avait raison ce n'était pas ma mère. Il revînt vers moi et me mit en garde pour la suite de nos aventures. Plus nous allions nous approcher de notre but, plus les créatures seront féroces et malicieuses, et il me rappela qu'ils voulaient tous une seule chose: prendre le contrôle de moi et me faire passer du côté maléfique.

Nous reprenions la route vers le lac Averne. Sur notre route nous pouvions voir des morlocks, ces loups ailés, faire des allers-retours dans le ciel. C'était étrange, on aurait dit qu'ils cherchaient quelque chose ou quelqu'un. Peut-être moi !

Nous arrivions enfin au lac Averne que nous devions traverser seuls pour trouver Charon, le nocher qui nous conduira en enfer. Nous survolions le lac quand j'aperçus des remous à la surface de l'eau. Soudain, une énorme créature bleue couverte de piques empoisonnés sortit de l'eau. Elle avait quatre pattes et une énorme queue, sa tête était effrayante et assez plate accentuant la taille de ses dents acérées.(Média) Gomy me cria que c'était une Velue. Une créature aquatique qui crachait du feu et projetait ses piques empoisonnés sur ses proies. Cette créature était énorme, elle faisait au moins trois mètres de haut. La Velue projeta ses piques sur nous que nous évitions de justesse. Il me projeta soudain dans le lac avec un énorme coup de queue qui heurta mon bouclier magique. Je réussis à nager et à remonter sur la rive sans égratignures. La créature me suivait à la trace, et remonta elle aussi sur la rive. Je reculai cherchant dans mon sac quelque chose pour me sauver la vie, quand ma main toucha un flacon froid. Je me souvenais donc de l'eau bénite qu'Alix m'avait confiée et que j'avais utilisée auparavant. Je sortis le flacon de mon sac et lança le reste de son contenu sur la tête de cette bête. L'eau bénite lui brûla le visage laissant échapper un peu de fumée. Il replongea aussitôt dans l'eau pour se soulager le visage nous laissant tranquille.

Nous reprenions notre envol suivant le lac Averne. Après quelques minutes nous nous retrouvions face à l'entrée d'une grotte. Nous décidions d'y entrer, l'intérieur était sombre mais magnifique. La roche renvoyait de fabuleux reflets, une barque en bois attendait dans l'eau qu'on embarque, des cellules étaient taillées dans la roche et servaient à ceux qui ne pouvaient pas payer Charon. Nous entrons faisant aucun bruit, scrutant chaque recoin.
Nous nous trouvions devant la barque quand un homme vêtu d'une cape à capuche marron nous interpella:

— Que faites-vous ici ? Que voulez-vous ?, nous demanda-t-il d'un ton assez sec et autoritaire.

— Nous venons pour que vous nous conduisiez en enfer, lui dis-je.

Il leva sa tête, enlevait sa capuche dévoilant une chevelure et une barbe grisonnantes. Quand il vit mes ailes, il fit un pas en arrière.

— Vous êtes donc venu ?, dit-il d'une voix surprise.

— Oui pourquoi donc ?, l'interrogeais-je.

— On m'avait prévenu de votre venu, mais je n'y croyais pas, m'expliquait-il.

— Que vous a-t-on dit sur moi ?, lui demandais-je intriguée.

— Juste de faire ce que vous me demandez et de vous conduire là où vous le souhaitez.

— Alors c'est qu'il m'attend !, m'exclamais-je la voix un peu tremblante.

En effet l'angoisse prenait place en moi. Le Diable m'attendait, il s'était préparé à ma venue, peut-être avait-il monté sa propre armée de créatures maléfiques. Je ne ferais jamais le poids moi seul contre une armée entière de créatures. Gomy avait senti ma peur grâce à son don, il essayait de me rassurer. Il me rappelait que j'étais entraînée, douée, que c'était mon destin et surtout que le diable avait lui trop de fierté. S'il voulait me battre ça serait un contre un. Rassurais, je demandai au passeur de me conduire à la porte des enfers. Celui-ci me demanda bien sûr une obole, mais je n'avais pas prévu cela... Après réflexion je décidai de lui donner l'œil de vouivre, qui était bien sûr très rare. Gomy essayait de m'en dissuader pensant qu'elle m'allait être utile, en vain. Le nocher accepta et nous fit monter dans la barque. J'allais enfin pouvoir sauver mes parents !