Je reste dans la maison un bon moment, me tapant encore les bras sur les murs. Je ne m'y fait pas avec ce large corps. Je profite aussi de ce moment pour m'habiller, ou du moins d'essayer de m'habiller. Je ne trouve que des pantalons en chanvre et des hauts trop court, et pas une seul chausses pour les pieds. Je me résigne alors à me promener torse nu, montrant à tous ce monde mon excès de muscles. Maintenant, je n'attends que de me réveiller de l'autre côté, en me demandant si j'allais me lever assez tôt pour ne pas trop attendre chez le médecin. Parce que si j'y vais trop tardivement, je dois me coltiner les vieux grincheux, les parents avec leurs enfants hystériques, et d'autres encore. Je profite quand même pour admirer la vue depuis ma chambre. Le bourg est aussi grand qu'un village de campagne. La rue adjacente grouille de personnes, ou plutôt des animaux humanisés, une race que j'ai nommé Humanimal. C'est donc, que je peux voir par la fenêtre, des villageois de tous poils, de toutes plumes, ou sans rien, déambulant, vendant ou achetant des objets et des produits, passant à cheval ou à pied. Soudain, on frappe à la porte. J'ai peur, je ne sais pas comment réagir. Je dois ouvrir, ou au contraire me faire le plus discret possible. Je prend la première solution, et je descends les escaliers, tandis que la porte est frappé une seconde fois. J'ouvre la porte, et je me retrouve devant une belette, avec des écailles jaunes sur le dos, de petites oreilles et de longues griffes aux pattes. Mais ce n'est pas ce qui me frappe. Ce qui commence à me révulser, ce sont ces yeux bleus profonds, magnifique, mais vide, vide comme celui d'un drogué, si vide. Je n'ai pas vu toute les conséquences de cette drogue faites à partir de ces "Paras", mais j'en ai déjà assez vu. Cet Humanimal tremble des pattes, de façon incontrôlées, il me fait presque penser à un zombie. Il me pose la Question :
« Il te reste de la poudre ?
- Non, je lui réponds, sans réfléchir. Je ne voulais pas lui en donner, même si je ne connais les méthodes de vente de l'Autre.
- T'en ai sûr, me demande-t'il avec insistance.
- Si j'en avais, je te le donnerai. Alors dégages, avant que je te fasse gouter une drogue plus dur, je lui répond, en roulant de mes nouveaux muscles des bras, et en priant intérieurement que mon bluff passe. »Il me regarde, roule bizarrement de l'oeil gauche, sans pouvoir le maîtriser. Il s'en va, en me demandant expressément d'en avoir le lendemain. Le reste de la matinée n'ai qu'une succession de drogués déambulant devant ma porte. J'utilise alors la même réponse et la même menace pour les refouler. J'espère que je ne ferai pas cela toute la journée, et que je vais pouvoir me réveiller très vite. Vers 10h, je crois, je sors, car je n'en peux plus de voir défiler des Humanimaux tombés dans le vice de la poudre qui les coupe de la réalité en les tuants à petits feu. Je ne sais pas quelle date je suis, ou quelle saison, mais il fait bon. Le vent me chatouille les oreilles, le soleil tape sur mon torse, et l'air est si pur ! Cela fait du bien. Je passe devant diverses vendeurs, des bouchers, des primeurs, des potiers, des forgerons, mais je remarque que ces derniers me regardent, soit avec un regard noir, soit un regard effrayé. Je suppose que l'ancien propriétaire de ce corps est connu pour ces méfaits, comme j'avais vu auparavant, de l'extorsion, du vol ou du passage à tabac.
Je me promène le long de la rue, pour éviter de me perdre. Ce monde tranche avec le mien, moderne, aseptisé, droit, technologique. Au bout de la rue, je me retrouve hors du village, et je suis admiratif du paysage, celui des dernières fois. Les arbres, qui servaient de cachette à Typhlosion lors de sa rencontre avec Braségali, se balançaient toujours au rythme du vent. La rivière de la rencontre avec Mustebouée coule paisiblement, charriant des petites branches d'arbres. Des menus fretins se baladent dans cette univers aquatique, et de plus gros poissons passent entre tout cela. J'essaye de prendre de l'eau, mais la présence de cette élément me rend bizarrement mal à l'aise, comme durant la rencontre avec Mustebouée. C'est comme si j'avais peur, une peur cachée, une phobie. Je porte quand même la petite quantité d'eau à ma bouche, ou à ma gueule selon le point. Elle est si bonne ! Pas de chlore, pas de mauvais gout. Même l'eau de source de chez moi n'est pas si délicieuse. Je m'assois sur l'herbe. Elle est si belle aussi, verte, grasse, avec ses mauvaises herbes, une pelouse anarchique, qui attire les insectes et les abeilles. Ces dernières viennent autour de moi, c'est magique. Je m'allonge et je regarde le ciel. Il est si magnifique, j'ai l'impression que c'est ce monde qui est magnifique, partout où je pose les yeux. Ce ciel est d'un bleu éclatant, quelques nuages le traversent, paisiblement. Je ne suis ici que de passage, j'ai eu peur, j'ai pleuré, mais je suis sûr d'une chose : je devrais avoir mon monde comme cela. En revenant au village, je remarque un panneau en bois, posé à son entrée, où quelques mauvaise herbes essayent de le cacher. Le bois est vieux, et pourrit à certains endroits. Mais j'arrive quand même à voir ce qui est écrit dessus : Conchille. Cela doit être le nom de ce bourg. En rentrant dedans, je recroise les même regards, haineux, peureux. Je n'aime pas voir ce genre de visage, j'ai l'impression que je vais me faire coincer dans une ruelle, et qu'on va régler mon compte à coup de pied et de poing, ou pire. Je ne m'aventure pas assez longtemps pour en faire l'expérience, je rentre immédiatement dans la maison de Typhlosion. Elle est rester intact, pas de visiteur est venu la piller. Je ne sais pas pourquoi, c'est la première chose qui me vient en tête en revenant ici.
Vers midi, je pense, car le soleil est à son zénith. Je ne suis pas encore réveillé de l'autre côté, mais mon estomac, lui, s'est bien réveillé ici. Je ne sais pas quoi manger, alors je vérifie plus sérieusement les denrées entreposées dans les placard de la cuisine. Il y a de la viande séchée et conservée dans du sel, des légumes de toutes sortes dans un panier, des fruits dans une autre, et des conserves d'autres fruits et légumes dans les placard. Il y a aussi dans les placards du fromages comme du comté, avec une croute orangé, et des bouteilles que je soupçonne être de l'alcool par l'odeur. Je commence mon festin par une tomate, bien mûre. Je me rend compte une fois encore de la richesse de ce monde, et des vrais goûts des choses. La tomate est indescriptiblement bonne, sucrée, juteuse. Je croque dans une courgette comme dans une pomme, et cela ne me dérange guère. Et c'est pareil pour les fruits, juteuses, riche en goût. Je pourrai en manger des tonnes, mais j'arrête là. Je ne goûte enfin qu'un peu de viandes conservé dans son grand bac de sel. Mauvaise idée après tant de sucrée, je faillis tout recracher. je réessayerai ce soir, mais pour le moment, j'ai eus mon compte avec tous ses fruits et légumes. L'après-midi, ne voulant pas revenir dehors, je passe le temps en faisant du ménage, il y a tant à faire, des tonnes de poussières à enlever, des meubles à nettoyer, un miroir à récurer. Cela me permet de me voir un peu plus : Deviendrai-je narcissique ? En comparaison avec mon corps, même si Typhlosion n'est que partiellement humain, je me trouve magnifique.
Le soir arrive, et je m'autorise enfin à goûter à cette viande séché. Elle est comme prévu très salé. Mais elle n'en ai pas moins bonne, pour le reste, c'est juste une question d'habitude, cela va juste me boucher mes artères, si au moins j'en ai. Je rejoins ensuite la chambre d'ami à l'étage, qui se trouve à l'opposé de celle qu'utilise Typhlosion. Ce matin, j'ai eus un magnifique levée de soleil, mais ce soir, son couché est tout aussi beau. Il embrase le ciel de rouge et d'orange, théâtre de tout peintre en manque d'inspiration. Je regarde de longues heures, à voir cette astre se cacher parmi les maisons et la ligne d'horizon. Je vois aussi les marchands replier leurs étales, en essayant de vendre ou de donner leurs invendus. Je regarde comme cela cette agitation pendant une heure au moins. La lune, brillante, pointe alors son nez, et a pris la place du soleil avec les étoiles. Je les regarde, ses astres, en me demandant si l'une d'entre elle est mon soleil, avec son système solaire, ses planètes, et ma planète bleu. C'est aussi peut-être qu'un rêve, ou un délire, ou je suis aussi dans un coma profonds. Je ne veux qu'une chose maintenant : Retrouver mon corps, en gardant un bon souvenir d'ici. Je me couche alors, dans ce lit improbablement douillet, en pensant pouvoir repasser de l'autre côté du miroir sans encombre.
Le lendemain. Le soleil vient encore me réveiller, et aussi le chant d'un coq. Mais cette fois, je reste paupières closes. je me laisse bercer par les rayons du soleil, qui chauffe peu à peu les zones qu'elle touche. On frappe encore à la porte, mais je m'en fiche, cela doit être encore des camés en recherche de drogues. Mais ma réponse reste et restera la même : NON. Je préfère alors rester au lit, où j'ai bien dormi dedans. Enfin, je me lève. Le soleil est à la moitié du chemin vers son paroxysme. Je consens enfin à ressortir dehors, et cette fois, je vais voir ce que je peux acheter avec une bourse de cuir plein de pièces. La rue grouille d'Humanimaux, faisant aussi leurs marchés, de tout types. Je vois un vendeur de légume, je me jette à l'eau. Il en a de beau, que je connais, que je ne voyais de temps en temps et d'autre que je n'ai jamais vu. J'attends mon tour, et je reçois un regard noir et glacé du marchand, un espèce de caméléon vert. Il me jette :
« Dégage d'ici, je ne veux pas d'emmerde.
- Ecoute mon gars, je lui lance alors, du tac au tac, je te cherche pas des noises cette fois-ci, alors je te propose ça : je te paye le double de ce que je te prendrai, sinon je chercherai un autres vendeur, d'ac ?
- Euh, Ok, pour cette fois-ci, mais la prochaine fois, pas la peine de me voir.»Je lui prends alors quelques légumes, des fruits, et quelques conserves qu'il avait fabriqué. même au double, le prix ne vaut qu'une infime partie de mon pactole. Je quitte le caméléon, content d'avoir fait une bonne affaire, mais déconcerté d'avoir traité avec un malfrat. Les autres vendeurs sont plus "coopératifs", me craignant plus que me détestant. Je repars donc avec un panier rempli de denrées, plus délicieuses les une des autres. Je traine encore un peu, et en empruntant une ruelle, je découvre avec effarement une autres facette de ce bourg. Je ne vois que des personnes pauvres, les yeux effacés par la drogue, le visage fermé, sale, et des femme, toutes aussi droguées, en tenue légère. Elles ont toutes des cheveux, de diverses couleurs, et en y repensant, c'est la première fois que je vois des Humanimaux féminins avec des cheveux, alors que j'en avais déjà vu dans mes Rêves sans. Je me fais comme hypothèse en les voyants ainsi qu'elles sont rejetées, que pour cette société c'est une anomalie, une maladie, une malédiction, ou un signe de pauvreté. Elles seraient atteintes d'un mal étrange, inexplicable, dangereux, contre-nature, comme homosexualité à une époque lointaine. Le morale tombe d'un coup, tel un soufflet mal préparé, en les voyant me proposer leurs corps pour quelques pièces.
Je reviens à la maison, avec cette image de prostituées dans la tête. D'un autre côté, ce n'est pas une surprise : J'ai vu de la vente de drogue, de l'extorsion, des règlements de compte, du vol, mais il n'y aurait pas de prostitution ! Pour la première fois, je recommence à préférer ma terre natale. Midi arrivant, je mange un peu, et je pars pour une petite balade au bord de la rivière. Ce "mal à l'aise" reprend de plus beau, Typhosion à dû avoir une mauvaise expérience avec ce lieu ou avec l'eau, même si j'ai l'impression que c'est plus instinctif qu'autre chose. Je ne sais pas quoi penser de tout cela, de toute façon, je suis sûr que je me réveillerai de l'autre côté. Tout ce que j'ai à faire, c'est de me faire petit dans ce village qui ne me porte pas dans son coeur. Je profite pour boire un peu, et de m'allonger sur l'herbe. J'aime cette situation, mon corps se faisant chatouiller par les brindilles, les arbres me lançant leurs odeurs de nature, le soleil me tapant sur mon être. C'est vraiment impressionnant comment ces simples choses peuvent me rendre plus heureux. Je reste comme cela plusieurs heures, faisant une petites siestes. J'entends pendant ce temps du passage sur la route, des paysans, des chariots, des chevaux. Je ne suis pas dérangé cependant. Ce n'est qu'en apercevant que le soleil décline de plus en plus, et que l'air se rafraîchit, que je décide de repartir à la maison. Je croise à nouveau les marchands à qui j'avais pris mes légumes, et surtout le premier. Ce dernier me regarde avec un regard noir, mais toujours avec un zeste d'incompréhension. Comme tous les soirs, en rentrant chez Typhlosion, je regarde le paysage passer d'orange flamboyant à une nuit noir étoilée. J'essaye de me repérer par rapport aux étoiles, même si je sais que je n'ai aucune chance. Je ne reconnais pas le ciel, et non pas parce que je ne m'y connais rien. Je remarque trois étoiles plus brillante que les autres, alors que normalement, il n'y en a qu'une. Même la lune m'a l'air différente, dans son premier quartier. Au final, je me couche, en priant que ce soit la dernière fois que je me réveille à cause du soleil, et que je retrouverais mon train-train quotidien. Je veux retrouver mon téléphone qui me réveille le matin, le café chaud sorti de la cafetière, les voisins trop bruyants, et mon boulot, ses clients, et Martin...

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De l'autre côté du Miroir (fanfiction Pokemon) [terminé]
FanfictionYves Grange travaille dans un Mac Donald de la ville en zone industrielle. Il ne fais pas trop de vague, et supporte comme il peut ses collègues et ses clients. Il rentre tous les soirs chez lui dans son appartement coincé dans un immeuble de banlie...