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Comme il me l'a annoncé au téléphone, Ibrahim n'est pas rentré pour le diner. J'essayais de ne pas trop y penser. J'ai envie de l'appeler, mais je vais surement le déranger. Je lui ai donc envoyé un message, auquel il n'a pas répondu. Je me suis donc endormie sur le canapé. J'étais profondément endormie, lorsque je sens des mains puissantes m'enlacer la taille. Quelques secondes plus tard, j'ai l'impression de flotter dans les airs.
« Tu m'as tellement manqué, me dit-il en m'allongeant sur notre lit.
- Toi aussi, tu m'as manqué. Tu as faim ?
- Non. Je vais aller prendre une douche. »
Il disparaît dans la sale de bain. Quand il revient, mes yeux ne parviennent pas à rester ouvert. Il s'allonge près de moi et m'embrasse sur le front avant d'éteindre la lumière. D'habitude, il me sert contre lui, je le trouve bien éloigné. Depuis ce matin, il est étrange. J'ai mis ça sur le coup de sa mauvaise humeur matinale, mais maintenant j'ai l'impression qu'il y a autre chose.
[...]
Ibrahim est très agité. Mon sommeil est donc entrecoupé. Je n'ose pas le réveiller mais, lorsqu'il commence à gémir dans son sommeil et qu'il se met à crier, je décide de le réveiller. Je le secoue légèrement, mais il est toujours prisonnier de son cauchemar. Lorsqu'il se redresse, je tombe du lit. Ma tête heurte la table de chevet. Je ne me rends pas compte tout de suite de ce qu'il vient de se passer.
Je suis au sol plusieurs seconde puis Ibrahim est à mes côtés. Mon visage entre ses mains, il commence à s'agiter autour de moi. Je ne comprend pas pourquoi, soudain, je ressens une vive douleur au crâne. Je me touche la tête et ma main est pleine de sang. Ibrahim se rend dans la sale de bain et revient avec la trousse de toilette.
« - Putain de merde, ça ne s'arrête pas de couler ! Tu as mal ?
- Un petit peu.
- Je suis désolé ma chérie, je ne voulais pas te faire mal.
- J'ai glissé quand tu t'es levé. Ce n'est pas de ta faute. »
Il est complètement abattu. Je vois bien qu'il se sent coupable. Il maintient la compresse sur la plaie, il y a du sang partout sur mon pyjama.
« - Il y a trop de sang. On va à l'hôpital.
- Met un pansement, ça s'arrêtera de couler.
- Non, je vais mettre un bandage. Change-toi, on va à l'hôpital. »
[...]
Je me suis endormie sur l'épaule d'Ibrahim dans la salle d'attente des urgences. Il y a du bruit autour de nous mais je suis tellement épuisée et j'ai très mal à la tête. Ibrahim surveille ma blessure. Lorsque le bandage est imbibé de sang, il me réveil pour le changer. Quelques heures plus tard, je suis enfin prise en charge.
« - Comment est-ce arrivé ? me demande l'infirmière.
- J'ai glissé et je me suis cognée.
- C'est votre mari à l'extérieur ?
- Oui.
- Vous pouvez me parler, je suis tenue au secret professionnel.
- De quoi voulez-vous qu'on parle ?
- Est-ce que vous avez peur ?
- Oui, j'ai peur des piqures et des points de sutures. Est-ce que vous allez recoudre ?
- Oui, il y a aura des points de sutures. Mais il ne s'agit pas de ça, est-ce que votre mari vous a fait ça ?
- Non, mon mari n'y est pour rien. Je suis tombée.
- Très bien madame. Je me devais de vous poser la question. »
Ibrahim a besoin d'aide. J'ignore ce qu'il s'est passé et je ne sait pas pourquoi il a réagi comme ça. Je ne veux pas le bousculer mais, nous allons devoir en discuter.
[...]
Malgré la nuit passée aux urgences et l'arrêt de travail du médecin, j'ai décidé d'aller travailler. J'ai eu des points de sutures, des antidouleurs et des antibiotiques. Ibrahim n'a pas dit un mot à l'hôpital et rien sur le trajet du retour. Lorsqu'Hizya m'a demandé ce qui m'est arrivée, je lui ai dit que je me suis cognée contre mon armoire. Ce qui n'est pas faux.
J'avais l'impression qu'elle ne me croyait pas, mais, elle n'a rien dit. J'ai envoyé plusieurs messages à Ibrahim dans la soirée et il ne m'a pas répondu. J'étais inquiète et agacée. Heureusement, j'ai deux jours de repos cette semaine.
« - J'y vais, à vendredi !
- Azhar ?
- Oui ?
- Je sais que ça ne me regarde pas, mais si c'est ton mari tu peux m'en parler. Je peux t'aider.
- Ibrahim n'a rien avoir avec ma blessure. Je t'assure Hyzia. Je sais qu'il peut faire peur mais il n'est pas comme ça.
- Tu ne me mens pas hein ?
- Arrête de t'en faire. Dans une semaine ce sera oublié, à vendredi !»
[...]
Encore une fois, je suis la première arrivée à la maison. Je reçois un message de Youssra, elle va passer récupérer les vêtements que j'ai recousu. Je préparais le sac lorsque j'entends la porte s'ouvrir puis se refermer. Quelques minutes plus tard, celle de la chambre s'ouvre. Ibrahim me regarde moi, puis le sac. Je vois son visage se décomposer.
« - Tu me quittes Azhar ?
- Quoi ?
- Le sac ? Tu me quittes ? Tu as juré que tu ne me quitterai plus, dit-il d'une voix presque inaudible.
- Qu'est-ce que tu me racontes Ibrahim ? Ce sont les vêtements de Youssra. J'ai recousu ceux qui étaient déchirés. »
Il paraissait soulagé. Il s'assoit sur le lit et baisse la tête comme s'il avait une montagne sur les épaules. Le voir ainsi me brise le cœur.
« - Ibrahim ? Qu'est-ce qui se passe ?
- [...]
- Je ne partirai pas, jamais. Tu veux que je parte ?
- Bien sûr que non ! Tu es mariée avec un malade Azhar. Un faible et un malade.
- Tu n'es pas malade Ibrahim. Tu as juste besoin de parler. Accepte-le Ibrahim.
- Accepter quoi ?
- Va voir un psychologue.
-Tu ma pris pour une pédale ?! J'ai accepté la thérapie de couple, mais ça n'ira pas plus loin.
- C'est à cause de tes parents ? »
Il sort de la chambre en claquant la porte. Je ne sais plus quoi faire, mon mari va mal, il souffre beaucoup et je ne peux rien faire.
Je n'arrivais pas à trouver le sommeil, comparé aux autres soirs Ibrahim dors très bien, et je suis vraiment heureuse il ne sera pas fatigué comme il l'était c'est derniers temps.
Je réfléchissais à une solution, pour qu'il accepte de voir un psychologue mais je ne savais pas quel stratégie adoptée. Il lui faut un déclic quelque chose qui lui donnera envie de se faire aider
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Azhar - La syrienne et le voyou. { CORRECTION }
RomanceAzhar 20 ans, vit en Syrie avec sa mère Amira. Le régime de Bachar El Assad , la guerre, la famine et l'apogée de L'Etat Islamique poussent notre jeune héroïne à défier la mort. Elle quitte sa terre natale pour rejoindre ce que l'on appelle en Syrie...