Chapitre 16 - Yalthia (Partie 1)

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L'écho des combats s'insinuait dans les moindres recoins du Présage

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L'écho des combats s'insinuait dans les moindres recoins du Présage. Il n'épargnait personne, pas même Yalthia qui basculait petit à petit dans un état d'excitation engendré par la fureur des détonations et les hurlements des troupiers. Il n'arrivait pas à déterminer exactement depuis combien de temps le médecin avait quitté les lieux, mais qu'importe... L'homme au visage couturé avait omis de lui injecter sa dose et le colosse se dégourdissait, se réappropriait chaque sensation : celle du contact de ces larges vêtements dont on l'avait affublé, celle des sons déformés par le métal alentour, mais surtout celle des entraves à ses poignets, à ses chevilles.

Juste au-dessus de lui, une rafale retentit. Yalthia sentit son cœur exploser dans sa poitrine, cogner sur ses tempes et le sortir de sa torpeur. Il fallait qu'il se détache. Rapidement. Tout de suite. Un coup vif et sec. Ses bras restèrent figés. Furieux, il crissa des dents, prit une profonde inspiration et se lança dans une seconde tentative. Cette fois, il y mettrait toutes ses forces, toutes celles qu'il pouvait mobiliser dans son état de faiblesse. Torse gonflé, muscles bandés, il tira en maintenant la pression sur ses liens. Sa mâchoire se tétanisa. La structure du lit se tordit. Puis, dans un soubresaut, l'une des barres métalliques céda. Alors, sans plus attendre, le bras libre, il arracha des dents les pansements qu'on lui avait appliqués sur les mains. Ses doigts se dévoilèrent tuméfiés, ses articulations déchirées. Entre les chairs, on distinguait la couleur bleutée de son squelette, cette couleur qui le différenciait des autres.

Une douleur lui vrilla les phalanges. Il avait connu pire.

Méthodiquement, il se débarrassa de chaque sangle aux poignets puis aux chevilles et se releva, encore groggy par les calmants. La pièce bascula une seconde. Il perdait l'équilibre. Appuyé au bureau du médecin, il essaya de se souvenir ; son esprit se heurta au néant. Il fouilla et fouilla encore. Il voulait saisir des mots, des concepts, mais tout lui glissait sur la langue. Il savait qu'il finirait par trouver des réponses quelque part derrière ce voile de plomb qui obscurcissait sa mémoire.

Mais avant ça...

« S'enfuir, songea-t-il. Il ne reste plus qu'à s'enfuir. »

Mais comment ? Comment échapper à ces gardes et à leurs canons ? Comment quitter ces lieux installés si haut dans le ciel qu'il en avait discerné l'ombre des nuages ? S'il y avait un chemin, il le trouverait et le suivrait coûte que coûte jusqu'à la sortie. De plus, il savait désormais comment ouvrir les accès en s'épargnant des blessures inutiles. Il avait vu le médecin actionner plus d'une fois un anneau fixé comme une grosse poignée au centre de la porte.

Yalthia s'en approcha, fébrile. Des deux mains, il l'agrippa et donna un coup dans un sens puis dans l'autre, et s'y essaya à plusieurs reprises avant que, comme par miracle, la porte ne pivote sur ses gonds en un lent grincement plaintif. Enfin, il attendit quelques secondes aux aguets avant de jeter un coup d'œil discret dans l'entrebâillement. Le couloir, plongé dans l'obscurité, vibrait de détonations lointaines. Un vrombissement sourd lui parvenait et se répandait jusque dans ses tripes, comme si toute la structure tremblait avec lui.

« Quelle étrange sensation ! »

Alors, puisque personne n'approchait, Yalthia passa l'ouverture.

Immédiatement, il reconnut le boyau qu'il avait parcouru lors de sa première tentative d'évasion. À sa gauche, des voix étouffées s'échappèrent de derrière un rideau. Au bout du chemin, il aperçut le croisement menant au balcon où on l'avait rattrapé la veille et criblé de ces boulets miniatures.

Bien décidé à éviter les ennuis, il partit dans la seconde direction.

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