Partie 6

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Je relevai la tête et croisai un regard d'un vert hypnotisant dans lequel j'aurais pu me perdre sans la moindre difficulté. Je clignai des paupières et repris ma contenance.

L'homme qui me faisait face devait avoir la petite trentaine et mesurait un peu moins de deux mètres. Il possédait un physique digne des plus grands athlètes. Le T-shirt moulant qu'il portait ne laissait rien manquer des lignes de son torse parfait qui faisaient ressortir ses muscles, creusant finement sa peau pour en délimiter chaque contour. Il semblait avoir été sculpté dans la pierre à la façon des statues de la Grèce antique. Il avait un visage anguleux, le teint hâlé, son expression était fermée et ne laissait rien transparaître de ses pensées ou de son tempérament. Ses cheveux auburn et en désordre retombaient partiellement sur ses yeux de félin magnétisants.

Il était visiblement sur le point de frapper à ma porte.

— Je vois que tu n'as pas eu de mal à trouver la salle de bain ainsi que ma... garde-robe, dit-il dans un léger haussement de sourcil.

Je fus quelque peu déstabilisée par son tutoiement, mais je ne m'en formalisai pas pour autant et décidai de suivre le mouvement.

— Oui. Hum... Désolée, je ne voulais pas fouiller dans tes affaires mais je n'avais plus rien à me mettre. Mes vêtements semblaient irrécupérables, me défendis-je avec bonhomie.

Je préférai laisser de côté le passage qui concernait ma douche habillée. Je commençais à m'habituer au confort de cet appartement et autant me montrer sous mon meilleur jour si je voulais avoir la chance d'en profiter encore un peu.

— Est-ce que tu as faim ?

Mon estomac répondit à ma place en poussant un grognement des plus disgracieux. Je sentis mes joues chauffer sous le rougissement qui les gagnait inévitablement.

— Je prends ça pour un oui, décida Monsieur sexy avec un air amusé.

A la suite de quoi il retourna se placer derrière le bar de sa cuisine américaine. Il mit une poêle à cuire sur ce que je compris être une plaque à induction et sortit un saladier de son réfrigérateur pour venir le poser sur le plan de travail. Je le regardai faire, médusée.

— Heu... je peux te poser une question ? demandai-je en me dandinant maladroitement sur place.

— Je t'écoute, répondit-il tout absorbé qu'il était par la crêpe qu'il s'appliquait à faire sauter.

— Comment se fait-il que tout fonctionne parfaitement chez toi et que tu aies toujours accès à l'électricité ?

— Étonnant, j'aurais eu tendance à penser que tu m'interrogerais d'abord sur mon identité.

— Hum... oui, bien-sûr, ça m'intéresse aussi, dis-je entre deux petits raclements de gorge. Je ne voulais pas paraître impolie. Je suis Nae, et toi ?

Mon chevalier servant esquissa un petit sourire avant de me répondre.

— L'immeuble fait partie d'un plan écologique visant à privilégier les énergies durables. Il fonctionne essentiellement à l'aide de panneaux hybrides nouvelle génération alliant aussi bien le photovoltaïque pour l'électricité que le thermique pour le chauffage. Il est donc parfaitement autonome et, de ce fait, l'apparition de la barrière n'a eu aucune incidence sur lui. Tous les appareils qui le composent ont été optimisés pour associer le confort à la performance énergétique. Tu te trouves au cœur de l'appartement témoin, les travaux du reste de l'immeuble ne devaient pas commencer avant plusieurs semaines... Et, tu peux m'appeler Keran.

Il m'avait débité son laïus avec une telle application qu'il me donnait l'impression de l'avoir appris par cœur. Il était sûrement agent immobilier ou quelque chose dans ce goût là.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Where stories live. Discover now