Partie 19

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Incube.

Je ne comprenais toujours pas pourquoi le premier mot que j'avais trouvé bon de prononcer à mon réveil avait été celui-ci. J'aurais pu dire n'importe quoi... « Merci » aurait été parfait par exemple. Mais non, mon esprit détraqué n'avait rien trouvé de mieux que de jeter la nature de Trevor et Keran en plein dans leur face.

Excellente entrée en matière, ma fille.

J'imagine que sur le moment je voulais simplement leur signifier que je savais ce qu'ils étaient et qu'ils n'avaient plus à se cacher. Cela me paraissait sans doute être une excellente idée sur le coup. Pourquoi ? Je n'en savais fichtrement rien.

Mais si ! Bien-sûr ! Tout le monde sait que la première chose qu'on a envie d'entendre de la bouche de la personne que l'on vient de secourir c'est « tu es un monstre et je le sais ».

C'était en tout cas, à peu de chose près, l'effet que mon intervention avait dû produire sur mes deux compagnons. J'étais soudain très heureuse de m'être évanouie juste après cette superbe contribution pour ne pas avoir à supporter l'expression — probablement peu amène — de leurs visages.

Un bon vieux « va te faire foutre » n'aurait sans doute pas été plus malvenu.

En fait, maintenant que j'avais retrouvé mes esprits, je ne pouvais m'empêcher de me dire que je n'aurais pas pu trouver pires prémices à mon réveil. Non mais sérieusement...

Je venais de quitter un bourreau, et même si Trevor et Keran m'avaient sauvée la vie, j'ignorais s'ils se montreraient toujours aussi cléments envers moi en apprenant que j'étais au courant. Mais quelle mouche m'avait piquée à la fin ?! Je pouvais bien être déboussolée après mon séjour en enfer mais là j'avais atteins le pompon. Le fin du fin de Planta Fin.

Comment réagiraient les deux frères maintenant qu'ils savaient que je les avais percés à jour ? Ils n'allaient certainement pas danser la lambada autour de moi pour fêter ça.

Mon passage forcé entre les mains du pire-sadique-que-le-monde-n'ait-jamais-connu avait dû me détruire quelques neurones au passage.

Du coup, lorsque je m'étais réveillée une seconde fois, j'avais feint de ne me souvenir de rien. Je n'avais pas repris conscience avant aujourd'hui et je n'avais absolument pas crié la nature de Keran et Trevor haut et fort, non non, pas du tout. D'ailleurs j'avais décidé de faire comme si je ne savais rien. Mes hôtes étaient des hommes tout ce qu'il y avait de plus normaux — à ceci près qu'ils dégageaient un érotisme hors du commun — et j'allais vivre à leurs côtés comme si de rien n'était.

La politique de l'autruche, vous vous souvenez ?

J'avais repris conscience depuis environ dix minutes. Keran était parti me préparer de quoi manger dès qu'il s'était aperçu que j'étais de retour parmi les vivants. 

Il m'avait laissée seule avec moi-même et je lui en étais plutôt reconnaissante. Vu comme j'étais partie, j'aurais bien été capable de m'enfoncer encore un peu plus si je n'avais pas eu le temps de me retrouver en tête à tête avec mes pensées pour remettre un minimum d'ordre dans la bouillie qui me servait actuellement de cervelle.

De son côté, Trevor était introuvable. Il était sûrement retourné s'occuper de son club en voyant que j'étais finalement tirée d'affaire. En même temps, je n'étais pas réveillée depuis très longtemps. Peut-être qu'il était tout simplement en train de dormir ou en train de prendre sa douche.

Ou bien en train de s'envoyer en l'air.

Je me rendais compte que j'ignorais l'heure qu'il était. Et je ne savais pas non plus combien de jours j'avais passé au purgatoire. Mais souhaitais-je réellement le savoir ?

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Where stories live. Discover now