Partie 10

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J'observai mon reflet dans le miroir de la salle de bain et tentai tant bien que mal de camoufler les derniers vestiges de mon agression. Je m'appliquai à répartir le fond de teint du mieux que je le pouvais malgré mon inexpérience en la matière. Je n'avais jamais été une grande adepte du maquillage, me contentant généralement d'une touche de mascara et d'un fin trait de crayon noir sous les yeux. Mais nous nous apprêtions à sortir pour rendre visite à ce Trevor et je ne tenais pas à attirer les regards sur moi plus que nécessaire, chose qui serait pourtant difficile à éviter avec ce qu'il restait d'un hématome de la taille d'un ballon de foot sur ma joue gauche.

Etonnamment, mes bleus disparaissaient bien plus vite que je ne l'aurais cru. J'ignorais ce que Keran avait fait pour que mon rétablissement opère si vite mais je ne m'en plaignais pas. Les marques qui me barraient l'estomac avaient considérablement diminué et mis à part cet affreux bleu sur mon visage, personne n'aurait pu savoir que j'avais subi une attaque aussi violente il y avait à peine deux jours.

J'avais trouvé une petite trousse à maquillage dans le placard qui se trouvait juste au dessus du lavabo, probablement laissée là par une ancienne conquête de mon hôte. Et plus je pensais à la façon dont elle était arrivée là, plus cela avait le don de m'irriter. Surtout depuis mon dernier moment de trouble avec Keran, la veille. A ce sujet, je ne savais toujours pas comment interpréter son comportement à mon égard. Ce type était un vrai mystère.


(Quelques heures plus tôt...)

Après les étonnantes révélations de Keran, je m'étais retirée sur le canapé dans la partie salon, réfléchissant à toutes les réponses que Monsieur Sexy m'avait apportées en si peu de temps. J'avais du mal à mettre de l'ordre dans mes pensées et j'aurais sûrement besoin de quelques jours pour me familiariser complètement avec ce que j'avais appris ce soir.

J'étais toutefois sûre d'une chose, je ne tenais vraiment pas à me retrouver une fois de plus confrontée à un ange.

Un ange... il serait d'ailleurs judicieux de leur trouver un autre qualificatif. En mettant de côté leur apparence céleste, on ne pouvait décemment pas leur prêter une nature angélique. Non, je devais pouvoir faire mieux. Trouver un appellatif désobligeant qui les ridiculiserait et les rendrait moins effrayants à mes yeux. Parce qu'il était inconcevable qu'ils puissent continuer à avoir autant de pouvoir sur moi. Je ne voulais pas les craindre, je voulais les voir comme les rats qu'ils étaient et ne pas les laisser m'atteindre aussi facilement. Je voulais les mettre plus bas que terre et les piétiner de rage. Ou bien les éclater en plein vol. Comme des... comme des...

— Des moustiques !

— Je dois avoir de la citronnelle dans le coin.

Je reportai mon regard sur Keran, déstabilisée, ne comprenant pas pourquoi il me disait cela. Jusqu'à ce que je réalise que j'avais en réalité pensé tout haut.

— Oh, heu... non. Je cherchais simplement une nouvelle façon de désigner les anges. Je trouve qu'ils ne méritent pas l'appellation qu'on leur donne.

Keran me regarda avec curiosité et un amusement non dissimulé. Il était venu me rejoindre sur le canapé entre temps, et j'étais tellement perdue dans mes réflexions que je ne l'avais pas entendu s'approcher. Ou alors il savait se faire particulièrement discret.

— Et, selon toi, les appeler des moustiques serait plus approprié parce que... ?

— Non mais, sincèrement, qu'y a-t-il de plus détestable que des moustiques ? Ils nous harcèlent la nuit de la façon la plus agaçante qu'il soit. Faisant battre volontairement leurs petites ailes près de nos oreilles dans un bruit des plus pénibles et tout ça pour quoi ? Faire de nous leur quatre-heure ? Ils sont démoniaques ! Des créatures du diable, c'est certain.

Comme s'il pleuvait des anges (Édité)Where stories live. Discover now