9- Le week-end

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Je sais, il faut être fou pour aller courir si tôt quand on s'est couché si tard. Mais j'ai une nouvelle fois mal dormi et je ressasse encore cette soirée. Il faut que j'évacue. 

Un an que je mets ma libido de côté et là, en quelques jours, elle réapparaît en furie. Trop d'hommes sont entrés dans ma vie en même temps, quand je m'apprêtais juste à en laisser un en partir... 

Mes tennis enfilées, je descends mes étages et me précipite dans la rue. Je n'ai pas d'idées précises d'où je veux aller. Tout ce dont j'ai besoin c'est de courir et de me vider l'esprit.

Les rues sont quasi désertes et la température est parfaite.
Je branche mon iPod et entame ma course thérapeutique.
Je parviens rapidement à trouver ma cadence et motivée par ma musique, j'enchaine les kilomètres. Je ne vois pas le paysage et je ne sais même pas où je suis. La seule chose que je sais au bout d'un moment, c'est que mes jambes me font horriblement mal et que je commence à manquer de souffle.
Mon coeur tape maintenant si fort contre ma poitrine qu'il couvre presque la musique.
Au bord du malaise je stoppe cet acharnement physique.

Juste ciel ! Je suis vraiment allée très loin. Je reconnais le parc publique de notre belle ville.

Une heure trente auront été nécessaires pour apaiser mes tensions. Quatre vingt dix minutes durant lesquelles je suis parvenue à faire une pause dans le tumulte de ma nouvelle vie. Une vie où j'ai dit adieu à mon amour et dans laquelle j'ai permis à un autre homme de s'immiscer.

Mais comme dans toute addiction, l'apaisement n'est que de courte durée et tandis que je m'allonge sous un arbre, je revois en boucle ces derniers jours et cette soirée. 

Je ne parviens pas à saisir ce qui a pris Térence Cesare de m'embrasser de la sorte quand je croyais qu'il me méprisait au plus haut point. Mais je crois surtout que ce qui me perturbe, c'est ce que j'en ai éprouvé...

Je jure devant Dieu que je hais cet homme, et être à son contact me révulse. Il m'humilie en permanence et face à lui je ne suis pas en mesure de contrôler mes émotions. Je perds tout bon sens et toute verve.

Pourtant je jurerais avoir ressenti quelque chose de différent lorsque je l'observais assis sur les fauteuils et pire, lorsqu'il a forcé ce baiser aux toilettes. Bien sûr j'étais en rage et je le suis toujours, mais ce que je ressens est bien plus profond et je ne parviens pas à m'expliquer ce que c'est.

Pourquoi diable je pense à lui? Je dois vraiment aimer les psychodrames, parce qu'à ce jour, il me suffirait de vivre pleinement ma relation avec William ou en tout cas ce qu'il voudra bien me donner.

Oui c'est ça, je vais gommer les épisodes un peu tordus de toute cette histoire et me concentrer sur ce qui est simple et sans heurt.
La vie m'offre une chance de renouer avec elle et je vais la saisir. 

En cet instant, je m'autorise et dit « Adieu » à Max , « Va te faire voir » à Térence Cesare et « Bienvenue » à Will.
J'inspire et m'endors sous mon arbre, bercée par Innocence d'Avril Lavigne qui chante dans mes oreilles.

*******

— Mademoiselle, Mademoiselle, vous ne pouvez pas rester là. Il est interdit de marcher sur la pelouse !

— Quoi !?!

J'ouvre les yeux non sans difficulté et vois un petit bonhomme aux allures de gardien. D'ailleurs, si j'en juge son uniforme il en est un sans conteste. C'est vrai, je suis au parc.

— Oh !  Oui. Veuillez m'excuser.

Je me lève à la hâte et adresse un regard plein de remords au petit bonhomme. Ce dernier, mains sur les hanches affiche un minois des plus accusateurs.

Chirurgicalement vôtre ( Sous contrat d'édition )Where stories live. Discover now