11- Inconvenant

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Nous sommes arrivés peu avant la tombée de la nuit.
J'ai retrouvé avec grand plaisir la maison que j'avais découverte il y seulement quelques jours.

 En me remémorant cette fameuse nuit, je ne peux m'empêcher de penser que tout est allé très vite.

La dernière fois que je suis venue ici, je quittais tout juste mon statut d'ermite et m'autorisais à vivre la vie d'une jeune femme de mon âge, encore bouleversée par son passé. Et aujourd'hui, j'avais largement dépassé mes possibilités, en venant passer tout un week-end avec un homme que je connais à peine et avec lequel je venais de baiser dans une voiture, sur un bord de route.

Sans se défaire respectivement de ce sourire qui dénote le plaisir éprouvé, nous pénétrons dans la maison et montons les sacs dans la chambre. Je tressaille et retrouve ma légendaire anxiété en réalisant que je vais forcément partager le même lit que William.

— Tu veux te doucher ? me demande-t-il en me cajolant.

— Oui, s'il te plait. Prems.

Et j'esquive le baiser qu'il s'apprêtait à me donner. Je me saisis de mon sac et m'enferme dans la salle de bain, m'accordant un moment d'intimité, afin de réfléchir à tout ce que je suis entrain de vivre et qui, disons-le, ne me ressemble guère.

— Bien. Bon, ben je vais continuer de décharger la voiture, l'entends-je marmonner.

Lorsque je sors de la salle de bain, William n'est pas là. J'en profite pour découvrir la pièce avec curiosité et émerveillement. 

La chambre est sobre mais chaleureuse. Le bois des murs a été peint en blanc et le sol est recouvert de jonc de mer. Un grand lit prend place au milieu, entouré de deux tables de nuit en bois flottant. Une longue commode fait face et supporte un magnifique écran plat. Pas de rideaux dans cette chambre, mais des persiennes en bois qui rappellent la couleur du sol.

Je reste songeuse quant au talent de décoratrice de Charline et m'interromps pour m'habiller.
J'hésite un moment puis décide de remettre ma robe qui n'est pas sale, peut-être juste un peu froissée...

Je descends rejoindre William sur la pointe des pieds, encore mal à l'aise, malgré l'intimité que nous avons partagée tout à l'heure.

— La place est libre, lui souris-je.

— Bien. J'y vais. Sers-toi un verre. Fais comme chez toi, Selena.

— Non, je préfère t'attendre.

— Ok. Je ne serai pas long, me sussure-t-il au creux de l'oreille.

Et il monte se doucher.

A peine entrée dans le salon, je suis de nouveau médusée par sa grandeur. Vidé de ses convives éméchés, il parait bien plus vaste encore. Je porte mon regard sur la pièce comme si je la voyais pour la première fois. 

Le mobilier aux teintes claires se marrie gracieusement au parquet en chêne. De grands canapés blancs se font face, séparés par une gigantesque table basse et de nombreux fauteuils de formes différentes invitent à la relaxation. Mais ce qui confère au salon son étendue, c'est sans conteste l'immense charpente en bois qui pointe à plusieurs mètres de hauteur. Les murs sont habillés du même bois, et l'ensemble donne à cette demeure un cachet incontestable, une sorte de cocooning mais version Versailles.

Je savais le père de Lena passionné de bateaux et je ne suis donc pas surprise de trouver plusieurs maquettes sur les longues étagères.

Je suis tirée de ma rêverie par l'air qui s'engouffre par les baies vitrées restées ouvertes, faisant voler les longs voilages blancs.

Chirurgicalement vôtre ( Sous contrat d'édition )Where stories live. Discover now