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7 ans plus tard

— Noah ?

— Oui commandant.

— Si ça te dit on peut sortir un peu, j'ai du temps libre.

— Pas moi ! Je dois aller m'occuper de ma sœur. Ma mère m'a prévenu qu'elle rentrerait tard et... y a personne à la maison. Mais c'est gentil d'avoir proposé.

— Une autre fois, alors. Promis ?

— Promis commandant.

*

— Vous ne voulez pas me parler ?

La pièce est éclairée, des images avec des schémas du cerveau sont accrochées aux murs. Des citations ayant traversé les années, les époques et même les siècles se retrouvent collées de parts et d'autres de la salle. La cellule psychologique généralement réservée aux victimes ou coupables de crimes est exceptionnellement ouverte aux contacts proches d'un mort récent. Un lieutenant arrivé deux ans plus tôt ; Noah Diacouné.

— Je suis en mesure de vous aider. Vous étiez l'homme le plus proche du lieutenant, c'est sûrement vous qui subissez le plus de traumatismes en tant qu'ami de Noah.

— Arrêtez de parler de ce que vous ne savez pas. Des psy j'en ai vu des dizaines, dans toute ma carrière. Et ça n'a jamais rien changé !

* Flash-back *

Frédérique, viens me voir. On peut parler, si tu veux. Je peux t'aider. Tu es la seule présence qui me maintienne en vie. On doit se soutenir. Tu comprends ?

L'enfant lève la tête. Bien sûr qu'il comprend. Bien sûr qu'il aimerait être en mesure d'aider sa mère. Mais ce dont il n'est pas sûr, c'est de vouloir continuer de vivre. C'est vrai, c'est bizarre d'être vivant alors que son modèle ne l'est pas.

Mon chéri, s'il te plaît. Tu es notre victoire, notre force. Ton père est parti mais nous sommes encore deux. Il t'aimait. Il t'aimait énormément, et même s'il ne parlait pas beaucoup, quand il te voyait rentrer de l'école, tu sais ce qu'il faisait ?

Découvrir des choses sur un mort... Quel étrange concept. Cela intrigue le petit Marquand qui, à dix ans, ne rêve que d'une chose : connaître véritablement son père. Il n'a plus qu'une option, écouter sa mère faire vivre son papa par récit. Elle le connaît mieux que personne, son fils lui fait totalement confiance.

Il souriait et insérait un disque dans le poste. C'était pour ça que tu l'entendais tout le temps, cette chanson. Elle était devenue insupportable mais pour lui, c'était comme une victoire. Il était très attaché à la vie, il avait subi les traumatismes de la guerre... Alors chaque fois qu'il te voyait revenir de l'école, c'était comme si tu étais parti combattre et que tu revenais toujours plus fort.

L'enfant, même atteint d'un mutisme profond, parvient à comprendre son père deux jours après son enterrement.

Je t'aime, mon fils. Je t'aime...

* Fin *

— Monsieur Marquand ?

— Oui...

— Vous allez bien ? Je...

— "Bien" ? C'est ça que vous avez dit ?

Dans tes yeuxWhere stories live. Discover now