Chapitre 20: Vente aux enchères-Fin

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Dan est prêt du grillage du côté de la forêt. Je m'approche, et il me montre que le grillage est entrouvert. On va vraiment s'échapper ?

-Hé ! Vous là !

×××

Je me retourne brusquement, comme Dan.
Un garde nous fixe.
Je le savais. Le garde s'approche dangereusement. Il porte un uniforme gris. Il m'attrape d'abord le bras -je suis le plus près de lui- et me jette par terre, puis répète le même geste avec Dan.

×

On est resté les deux jours suivants dans nos chambres, cellules plutôt. Voir Dan en face de moi sans pouvoir le toucher était une torture.

C'est notre dernier jour.
Deux gardes arrivent et nous fond sortir pour nous jeter dans un camion comme la première fois.
Ils ne l'ont pas préciser, mais on sait tous où on va. Les ventes aux enchères.
Si on avait pu s'échapper...
On sort enfin de l'essoreuse sur roues, et on se retrouve derrière un immense bâtiment, au niveau des poubelles. Les gardes nous font entrer par une porte grise et donne sur un long couloir. Ils nous conduisent dans un salle blanche, et nous laissent là en attendant.

C'est peut-être la dernière fois que je vois Dan... La dernière fois que je peux poser mes yeux sur lui. La dernière fois que je peux entendre sa voix. La dernière fois que je peux le sentir près de moi.
Alors je m'accroche à lui, mon cœur se serre de plus en plus, et mes yeux ont du mal à retenir les larmes. Puis, me foutant du regard des autres, je fond en larmes. Qu'est ce qu'on va faire si on est séparé ? Est-ce que je vais tenir le coup ?
Je sens une main rassurante dans mes cheveux, mais ça aggrave mon cas, pensant et sachant que c'est la dernière fois qu'il pourra faire ça...

Un garde entre, pointe du doigt un petit brun, lui ordonnant de le suivre, et ils sortent tous les deux, fermant la porte derrière eux.
Ce geste est répété une bonne dizaine de fois.
Un nouveau garde entre, et pointe sa main dans ma direction, comme si il allait me tuer.
Non; non. Je n'ai pas envie. Je n'ai pas envie. Je n'ai pas envie qu'on me l'enlève encore une fois. Je reste accroché au repère de ma vie, mais on m'arrache de lui et on me traine dehors. Je le fixe le plus longtemps que je le peux, murmure un «au revoir..» avant que la porte ne se referme, et me retrouve seul. Il pleurait, lui aussi.
Le garde est obligé de me traîner, je ne veux pas marcher. Je ne peux pas. Je ne peux plus. Il grogne de nombreuses fois, mais je m'en fiche. J'ai envie de courir dans la direction opposé, retrouver mon pilier, c'est ça, mon pilier, et maintenant qu'il n'est plus là, je m'effondre.

Le chien qui me tire ouvre une ultime porte, monte des escaliers, et je met du temps à comprendre où je suis.
Une scène, et tous les projecteurs sont sur moi. Ça me fait mal aux yeux, et à la tête. Je ne vois pas le "public" qui est constitué d'humain en apparence, mais des monstres à l'intérieur.
Je tombe sur les genoux, n'ayant plus de force.

-Futur esclave entretenu par le collectionneur Stan Jones, acheté par Ernest Gurnier, arrivé ici après la mort de son maître. Originaire de la capitale, 19 ans. Prix d'estimation : 300 000.

Comment ils savent tout ça ?
"Entretenu" par Stan ? Quel beau mot.

Les prix grimpent, et arrivent bientôt au dessus du prix que Stan m'avait attribué. Nous en sommes à 370 000, et j'ai l'impression que ça ne s'arrêtera jamais. Pourquoi gaspiller votre argent pour ça ?
J'ai l'impression que je vais m'évanouir.
Un homme va au dessus des autres. Bien au dessus. Puis un silence.

Numéro 4 568 [yaoi]Where stories live. Discover now