Reality - Tome 2 - Abby aux Pays des Merveilles... ou pas (Terminé)

07 - Tabloid Junkie - Part 2

Je regagnai ma chambre en vitesse sans un regard pour personne et passai à l'action. J'allumai mon pc, à la fois impatiente et perdue par ce que je m'apprêtais à faire. Une fois Internet lancé, je recherchai les adresses mails pour contacter tous les sites d'actualités people. Une dizaine d'adresses dénichées plus tard, je me connectai sur ma messagerie et me lançai dans la rédaction du mail le plus difficile de ma vie. J'optai pour un ton neutre et des phrases courtes. Ne sachant pas encore ce que j'allais bien pouvoir leur raconter exactement, je ne voulais les mettre sur aucune piste. Le message fut torché en quatre lignes où je les conviais à venir chez moi, ce soir, vers 20h pour avoir toutes les explications nécessaires et comprendre qui j'étais. Je leur donnai mon adresse et ce fut sans trembler que je cliquai sur « envoyer ». Je me reculai sur ma chaise et observai une minute mon écran d'un air absent, prenant la mesure de l'énormité de ce que j'avais fait.

Bon, ce qui est fait, est fait. Je n'ai plus qu'à préparer mon speech et attendre !

Fidèle à moi-même je pris une douche pour réfléchir. Et la prise de conscience qui s'imposa à moi ne fut pas glorieuse.

Bon sang, que vais-je leur dire ?

Voilà, ça, c'était mon côté tête brûlée ! J'agissais et je ne réfléchissais qu'après. Je leur avais promis de répondre à toutes les questions qu'ils pourraient se poser, le champ était donc très vaste... peut être trop vaste !

Comment avais-je rencontré Tyler ? Que s'était-il passé à Londres ? Qui était Tony pour moi ? Voilà le type de réponses que je devais préparer. Mais ce n'était que la partie immergée de l'iceberg. Poser des questions étaient leur métier et je n'avais aucune idée de comment une interview pouvait se dérouler... une fois la chaleur de l'eau estompée, je me retrouvai assise seule aux pieds de mon lit, enroulée dans ma serviette, au bord de la tétanie. A froid, il fallait bien admettre que je m'étais mise dans de sales draps et le stress déclencha des spasmes à mon estomac. La nausée monta et je dus faire appel à tout mon self contrôle pour ne pas vomir. Ma situation n'était décidément pas enviable !

Je suis vraiment une sacrée tarée ! Dans quelle mouise je me suis encore mise ? Bon sang, je dois vraiment être une camée de l'autodestruction !

En plus j'avais agi dans le dos de Tyler et je me rendis compte, peut-être un peu tard, que j'aurais dû lui en parler avant. Finalement, c'était lui qui se retrouverait en première ligne.

Oh là là, je n'ai même pas pensé deux secondes à lui. Quelle égoïste !

Il avait pourtant insisté sur le fait qu'il fallait bien se préparer avant... et moi j'avais seulement retenu qu'il ne fallait pas trop attendre. Comment allait-il réagir ? Après tout il s'agissait de sa carrière, il allait forcément subir directement les répercussions. C'était son image à lui qui allait être mise en jeu, pas la mienne ! Bref, avant le rendez-vous de ma vie, j'étais encore plus paumée qu'auparavant, et je me faisais l'effet d'un agneau jeté en pâture aux loups. Seulement, je m'étais mise toute seule dans leurs pattes.

Quel foutoir !

C'est donc dans cet état d'esprit que je descendis rejoindre les autres. Dans le salon, les discussions allaient bon train. Lorsque j'entrai dans la pièce, ma sœur leva la tête et me sourit. Je lui souris également, d'un petit sourire cependant, mais tout de même heureuse de cette nouvelle relation. Pourtant l'angoisse m'avait saisie et me rongeait petit à petit. Je ne savais toujours pas ce que j'allais dire aux journalistes ni comment j'allais annoncer ma décision à Tyler. Je devais m'éclaircir les idées pour trouver une solution, et pour ça il fallait que j'éloigne ma sœur un moment afin de pouvoir parler librement avec les autres. Je lui fis signe du pas de la porte de venir me rejoindre dans le hall. Une pointe d'excitation dans les yeux, elle s'exécuta aussitôt. Je vis Drew me jeter un regard peu amène. Visiblement, elle n'appréciait pas mes messes-basses avec Milly. Objectivement, je n'avais pas le temps de m'attarder sur les humeurs de mon amie, mais je comptais bien lui donner quelques explications, car ce n'était pas le moment de me la mettre à dos. J'avais trop besoin d'elle.