« Ange de ma haine, je croyais en ta lumière déchue »
La Lune saura nous éveiller dans une vérité ignorée de toute notre âme. Il y a toi, il y a moi et il y a nous dans une haine incomprise depuis toujours.
Anne aurait pu être comme les autres fille...
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Combien de temps cela faisait-il ? Je m'efforçais de ne plus compter les heures et les minutes, qui s'étaient finalement transformées en jours. Il était certain que ma séparation avec Lucien, ma fuite après l'avoir drogué, remontait à plusieurs semaines. Sans aucun doute plus d'un mois. Cette demeure qu'il avait affirmé être aussi mienne, et lui, un homme aux secrets trop nombreux pour que je puisse avoir entièrement confiance. Je les avais laissé derrière moi. Par manque de confiance.
Entre les murs de ce château, tout paraissait bien trop resplendissant et parfait. Un homme parfait malgré les défauts que lui trouveraient sans aucun doute de nombreuses femmes. Il me donnait l'impression d'être un homme impressionnant, intimidant et dangereux. Un être obtenant ce qu'il souhaitait, n'accordant pas le moindre intérêt aux désirs de ceux l'entourant. Bien loin de cette apparence, je ne retenais que son sourire et ses bras suffisant fort pour me garder en sécurité. Et je lui avais montré. Absolument tout de moi lui avait été révélé ce jour de tempête. Comme une évidence.
Alors pourquoi être partie de ce qui ressemblait à un conte de fée ? Pour deux raisons. La première restait cette pression en moi, celle me murmurant le mensonge ou les secrets que gardait le bel homme. Et la seconde... Je n'étais pas humaine. Nous n'étions pas du même monde. Alors j'avais fui. Et depuis, un mal étrange rongeait mon cœur, affectant également mon corps. Les insomnies devenaient une mauvaise habitude, mes nuits dévorées par des ruminations.
Mon état ne faisait qu'empirer de jour en jour, ne donnant pas réellement de signe d'un possible rétablissement. J'avais l'impression qu'une part de moi était restée là-bas, chez lui, avec lui. Auprès de Lucien.
Pourtant, je ne regrettais pas mon choix d'être partie. Il en résultait également de la sécurité de Lucien. Le fait de prendre conscience que je n'étais pas malade, que toute ma vie avait été construite sur le mensonge de troubles inexistant, m'avait appris que tout était réel. Par conséquent, que les messages livrés par la Nature l'étaient tout autant. Les prédateurs rôdaient autour de moi, partout dans le monde. Et depuis mon internement, ils ne cessaient de m'épier, de surveiller chacun de mes mouvements. Si j'étais prise en chasse, que Lucien était bien innocent et ignorant de ce qui me menaçait, je ne pouvais pas égoïstement le mêler à tout ça. Il m'avait sauvé, permis de retrouver ma liberté. Mon envie de rester – aussi fort eut-il été – il n'était pas question que je le mette en danger seulement pour satisfaire mes désirs.
Près de moi, Lucien ne serait pas en sécurité. Après tout ce qu'il avait fait pour moi, je ne voulais pas qu'il lui arrive malheur. Et surtout pas par ma propre faute ! Je ne parvenais même plus à me convaincre qu'il ait été lié à ma famille d'une quelconque façon. Il me semblait bien trop puissant et riche pour ça. Certes, ma famille possédait ses armes économiques, mais pas autant. Mes parents restaient de simple médecins.
Je m'emparais d'une cuillère, déversant délicatement la sauce dans l'assiette.
— La commande vingt-quatre est prête, criais-je avant de reprendre sur un autre plat.
