Chapitre 9

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Deux jours sont passés. Je ne suis pas sortie de l'auberge. Françoise a même demandé si j'étais malade.

La fille occupait mes penser. Je ne dormais plus, ne mangeais plus, il m'arrivait parfois de prendre trois douches dans la journée, juste comme ça. L'eau coulant sur ma peau, froide ou chaude, peut m'importe, l'eau coule et c'est tout. Ça pouvait dirait des heures.

La grève était finie, je pouvais partir d'ici, mais quelque chose m'en empêchais. ELLE m'empêchait de partir...

Je ne la connais même pas! Si je reste tout mon plan tombe à l'eau. On va me retrouver et papa m'enfermera dans ma chambre jusqu'à mes 27 ans.

Je devais finir ainsi. Jeune fille folle et désespérée. Mais je la vis, comme la première fois, assise sur la plage.

Ses cheveux courts légèrement humides flottaient au vent. Elle semblait attendre...

Inconsciemment, je suis descendue, sans me soucier une seconde de Bernard, Françoise ou n'importe qui, encore moins de l'heure matinale qu'il était.

Je l'ai vu, mouvement des vagues légers, l'eau caressant ses orteils.

Plus que quelques pas...

Elle ne bougeait pas. Attendait, attendait, attendait...

Trois mètres... Deux mètres... Un mètre...

"-Bonjour..."

Je me trouvais derrière elle, cette fois elle ne s'est pas enfuie, mais sa voix me surprit. Je ne m'attendais une parole ou une salutation venant d'ELLE.

"-Salut!" répondis-je gauchement.

Elle était réelle! C'est surtout ça qui m'a frappé.

"-Je t'ai réveillé?
-Oh non!
-Alors tu es une lève-tôt?
-Hum... Pas vraiment. Même pas du tout! C'est juste depuis...
-Depuis?"

Je ne voyais pas son visage, elle restait dos à moi.

"-Qui es-tu? ai-je lancé
-Souhaites-tu vraiment le savoir? Qui je suis... ou ce que je suis?
-Je crois que je vais me contenter d'un prénom.
-Calisna.
-À tes souhait!"

J'ai tenté une blague à ce moment là, chose regrettable vu que son silence me laissa penser que je l'avais vexé.

"-Excuse-moi...
-Pas grave! C'est pour ça que les gens m'appellent Calis.
-Je peux te poser une question?
-Une seule? Tu en es sûre?" ria-t-elle.

Un rire grave pour une enfant de 6 ans, aigu pour une femme de 24 ans. Une question me vint soudain:

Quel âge a t'elle?

"-De toute façon, nous n'avons pas le temps, Coupa-t'elle.
-Pardon?
-Nous devons partir!
-Quoi! Maintenant?
-Oui, maintenant.
-Nous deux?
-Oui, nous deux.
-Je... pourquoi?"

C'était irréaliste! Impossible! Partir où? Je ne la connaissais même pas... Elle ne me répondit pas pendant un long moment fort gênant.

"-Parce qu'elles savent où et qui tu es!"

Sa réponse folle me mit hors de moi! Encore plus d'incompréhension! Plus de questions! Moins de réponses!

"-Qui? Pourquoi?
-Le temps nous rattrapent, je te promets de t'expliquer mais tu ne peux pas rester là!
-Bon sang mais explique-moi! Je ne comprends absolument rien!
-Amanda...
-NON! Je veux savoir!
-Amanda, je t'en pris, fais moi confiance...
-Qui me cherche? Je risque quoi? Pourquoi dois-je partir...
-Parce que tu en sais beaucoup trop sur elles! Regarde! Regarde ce qu'elles m'ont fait!"

Elle s'est tournée brusquement, ses yeux bleus foncés étaient couverts de larmes. Je pus voir toute l'inquiétude qui courait en elle. Mais ce qui me marqua le plus fut l'énorme cicatrice sur sa joue, sans parler des nombreuses bosses et nombreux bleus durcissant l'expression de son visage.

En la voyant, j'oubliai ma raison pour laquelle j'étais venue à Calais, je lui faisais entièrement confiance, j'étais prête à tout, il suffisait qu'elle m'en donne le départ.

À cet instant, j'acceptai non seulement de la suivre mais aussi un récit qui allait me faire découvrir des lieux, des personnes et des choses qui m'étaient inconnus autrefois, qui plusieurs fois m'auraient emmener aux portes de la mort.

Je venais de signer non seulement ma descente en enfer, mais aussi la découverte d'une personnalité qui m'était cachée depuis des années... Mais pour elle, j'étais prête à tout...

La fille des eauxOnde histórias criam vida. Descubra agora