Chapitre 7

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Andrew soupira bruyamment. Il était retourné à sa table habituelle et contemplait ses notes. À première vue, il avait assez d'annotations pour se lancer dans le long travail de la structure de ses idées, mais il n'y arrivait pas. Le jeune auteur ne trouvait pas de fil conducteur pour son écrit, il ne voyait pas comment il pouvait trouver un sujet qui regrouperais toutes les informations qu'il avait récupéré, puis, il ne se voyait pas en abandonner. Et, d'un autre côté, il avait envie de vite passer cette phase de recherche pour se plonger tout entier dans la rédaction, et il savait que ça lui prendrait du temps. Mais, lui, ne voulait pas attendre, il rêvait de pouvoir toucher son roman, de le tenir entre ses mains, de l'admirer.

Il poussa un deuxième long soupir et releva la tête de son travail. La table était envahie de feuilles, de pages arrachées de son carnet, mais également de grands sets de table qu'Emilia lui avait donnés pour qu'il puisse écrire dessus. Des schémas, des listes, noircissaient les copies, et s'étalaient devant lui. Il ne savait plus où donner de la tête. L'écrivain avait tenté de mettre tous les renseignements qu'il avait gagnés sous différentes formes. Il avait tout essayé, mais rien ne semblait fonctionné, il ne trouvait pas la ligne directrice qui était sensée guidé tout son manuscrit, lui donner un sens.

Andrew bu une gorgée de café pour se remotiver, mais en fit maladroitement, tomber sur sa chemise, créant une nouvelle tâche sur celle-ci. Ce n'était décidément pas sa journée, il décida donc de replier tout son bazar et de le ranger soigneusement dans son carnet, qui avait une petite pochette de rangement de documents. Puis, il chercha comment se vider l'esprit, pour oublier cette histoire qui le tourmentait tant.

Il était midi et c'était l'effervescence dans le petit café. La plupart de habitants du village venaient régulièrement manger dans le restaurant. Et, ce jour-là, le plat du jour étant, les célèbres lasagnes faites maison, par Emilia, tout le monde se bousculait pour venir déjeuner. Il fallut que se soit, également le jour que la serveuse aidant la barmaid choisie pour se tordre la cheville, l'empêchant de venir travailler. Tout cela, se traduisit par une agitation bruyante mais conviviale. À l'extérieur, sur les rues pavées avait été placé des longues tables, pourvues de bancs, ce qui renforçait les liens entre les villageois, et qui fit sourire le Britannique.

Alors qu'il aperçut Emilia, courir de gauche à droite, il se décida à aller l'aider. Après tout, il voulait se changer les idées, et s'occuper l'esprit tout en prêtant main forte lui semblait un bon compromis.

« Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? Tu m'as l'air totalement ensevelis par la tâche.

- Oh ! Andrew, tu serais si gentil d'apporter les assiettes aux clients dehors, ce n'est pas très compliqué, il mange tous la même chose, s'exclama la femme en l'emmenant à la cuisine. »

L'Anglais s'exécuta, se transformant provisoirement en garçon de salle. En terrasse, les hommes riaient, parlaient fort, ils étaient heureux, tandis que les femmes papotaient plus tranquillement, tout aussi souriantes. Les lasagnes fumantes dégageaient une merveilleuse odeur, Andrew en salivait presque et les clients ne se privaient pas, ils les dégustaient à grands coups de fourchette. Il régnait une grande amitié sur l'assemblée, on était bien, sans soucis, joyeux d'être entouré. On ne cherchait pas d'ennuis inutiles pour rien, laissant tous préjugés au placard, acceptant juste son prochain.

L'écrivain convertis en serveur, était heureux de participer à une certaine forme de tradition du village, et même s'il avait un peu de mal à porter plusieurs assiettes en même temps, il se donnait au maximum. Laissant partir toute pensée négative, loin. En oubliant ces problèmes, on en trouve la solution. C'est en tout cas ce que mettait en œuvre Andrew.

***

« Tiens, c'est la dernière part de lasagne qu'il me reste, déclara Emilia en lui fourrant une assiette dans les mains. Tu m'as sauvé la vie tout à l'heure, je n'y serais pas arrivé sans toi. »

Chez JeanWhere stories live. Discover now