Chapitre 11

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Tout le monde au village connaissait Maurice. Il fallait dire que ce n'était pas un exploit, cela faisait soixante-seize-ans qu'il vivait ici, depuis sa naissance. Dans sa famille, on était agriculteur de père en fils depuis des générations, si on remontait dans le temps, on pourrait aller très loin pour trouver un ancêtre étranger. Semer, cultiver, ramasser, labourer, le vieillard ne savait pas faire grand chose de plus. Sa vie, c'était les champs, et rien d'autre. Encore maintenant, après avoir donner ses exploitations à son fils, il y passait le plus clair de son temps. Pour aider, disait-il. Quand, il ne s'y trouvait pas, il était accoudé au bar, une bière devant lui, en train de rêvasser.

Les autres villageois avait une opinion largement différente sur lui. Certains l'aimaient bien, ses amis de toujours, mais le reste ne l'appréciaient franchement pas. Trop renfermé, trop méchant, trop râleur, pas assez ouvert d'esprit, pas assez souriant. Chacun y allait de son commentaire. Mais il est vrai que Maurice était comme ça, qu'il n'aimait pas les étrangers et qu'il méprisait ses voisins.

«  Je voudrais parler, reprit-il. Je voudrais m'exprimer et raconter. Tout raconter. »

Tandis, qu'il s'asseyait sur une chaise, l'air absent, la foule chuchotait. Qu'allait-il raconter ? Etait-ce une blague ? Tous les clients qui n'étaient pas encore venus s'étaient rapprochés. On voulait entendre Maurice, le comprendre. Toutes les oreilles étaient tendues.

« Avant que je ne commence, j'aimerais juste dire que je veux que ce que je vais raconter soit inscrit dans votre bouquin, pour l'exemple. »

Ce qui suivit, les villageois ne s'y attendaient pas.

FLASHBACK

Juillet 1952

Joyeux, Maurice rentrait chez lui. Le petit garçon alors âgé de huit ans revenait d'une partie de ballon avec ses amis. Il n'était pas tard, le soleil brillait encore haut dans le ciel bleu d'été. A Saint-Laurent, cette année là, il avait fait très chaud. Et ce jour-ci ne faisait pas exception à la règle, le thermomètre était monté très haut. Le garçonnet qui marchait donc dans les rues du village était donc trempé de sueur, éreinté par la chaleur, mais heureux de vivre simplement. Son sourire était habituel, toujours gravé sur sa face. Les autres villageois l'appréciaient beaucoup ce petit. Toujours poli et souriant, contrairement à ses parents.

On se posait beaucoup de questions à ce sujet à l'époque. Jamais la mère du bambin ne mettait le nez dehors, personne ne la connaissait vraiment, c'était toujours le môme qui faisait les courses, et pour ce qui était du loyer, c'était un grand mystère. Certain parlaient d'un héritage si important qui pouvait faire vivre des années durant, d'autres inventaient un amant riche. On ne su jamais vraiment.

Madeleine, c'est ainsi que s'appelait cette femme, ne portait que très mal son nom. Au lieu d'incarner la douceur et l'enfance, elle était une mère ignoble. En ce fameux après-midi de juillet, quand son fils arriva à la maison, elle ne trouva qu'une seule chose à faire. Pour chasser tous ses démons, autrement que dans l'alcool, en frappant son enfant. Parce qu'elle voulait oublier son mari, parti rejoindre une autre femme, plus jeune à l'annonce de la grossesse de Madeleine, dans les années 1944. Et que sans en être responsable, le pauvre Maurice était le portait de son père, Lucien.

Le petit garçonnet ne comprenait jamais les gestes de sa mère, le pourquoi de ses agissements. Et, il ne pouvait pas deviner si elle allait être gentille, ou s'il devait appréhender son retour à la maison. Ce jour là, il ne s'y attendait pas, bien trop content d'avoir vu ses amis, pensant naïvement que rien ne pourrait gâcher son bonheur. Sa mère, elle en avait décider autrement.

Lorsque Maurice passa gaiement le seuil de la porte, le sourire aux lèvres, Madeleine, se jeta sur lui, elle le traina jusqu'au salon, et lui assena des coups, en criant des insultes. Le garçon souffrait pas tant des énormes coups qui lui laisseraient des hématomes mais surtout des phrases de sa génitrice, sa propre mère. Le genre de choses que l'on ne peut jamais oublier, jamais effacer, et jamais confier. Cela fait mal, au plus profond de l'âme et laisse des cicatrices bien plus importantes encore que les bleus qui, eux, finissent toujours par partir.

Et pleurer ne servait à rien, personne de l'entendait, les voisins n'étaient que rarement là et personne ne se doutait de rien. Au fond, des cris d'enfant, sont des choses anodines. Un caprice, sans doute, on pense.

Et si, quelqu'un s'en rendrait compte, irait-il dénoncer les faits ? Non, pour ne pas avoir de problèmes. On ferme les yeux, laissant de souffrir de pauvre enfants.

RETOUR AU PRÉSENT

" J'ai toujours ses mots en tête, et maintenant, je sais qu'ils ne partiront jamais. Je continue tout de même d'avancer et vivre comme je le peux. J'ai essayé d'élever mes enfants sans répéter ces erreurs, et j'espère avoir réussis."

Il marqua une pose. Ses yeux étaient brillants, comme si il s'apprêtait a pleurer, que se remémorer tous ces souvenirs n'était pas une bonne chose. Tous les gens du café, attendaient une suite, suspendu aux lèvres du vieillard. Le même sentiment traversait tout le monde, une sorte de pitié pour cet homme que l'on avait toujours trouvé odieux, pour aucune raison valable, sans cœur... On s'en voulait un peu de l'avoir jugé sans savoir.

Alors, dans ce silence des plus complet il reprit :

" Je vous demande, s'il vous plait de raconter mon histoire, pour l'exemple. Que ce genre de chose s'arrêtent. Je vous en supplie monsieur l'écrivain. "

Sa voix tremblait tant, Maurice paraissait si fragile et désarmé. Sur cette dernière phrase qui avait retenti dans la pièce silencieuse comme une supplication, il partit. Sans se retourner, il passa la porte de "Chez Jean ", laissant derrière lui une foule stupéfiée.

***

Bonjour ! Je tiens à m'excuser si il y a des fautes, mais, nous n'avions réellement pas le temps de corriger aujourd'hui, désolé du désagrément !

Alors, les révélations de Maurice , qu'en pensez vous ?

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A la semaine prochaine

Taquapax
Mamie_grumpy

Chez JeanWhere stories live. Discover now