L'amour au temps d'Excalibur [TERMINÉ]

5.

Morgane les toisa tous un à un, prenant son temps d'afficher sa supériorité. Elle parut fulminer que Guyomard ne prenne même pas la peine de la considérer. Puis son regard se porta sur Elise et Laure. Ses yeux se rétrécirent et Elise eut un frisson dans le dos.

Cette femme était effrayante dans sa froideur. Elise était sûre qu'elle pouvait les pétrifier sur place d'un seul regard. Elle resserra un peu plus sa paume contre celle de Laure.

Arthur finit par briser le silence.

- Morgane, tu m'as bien fait comprendre que tu ne souhaitais n'avoir rien à faire avec moi et mes hommes. Que devais-je faire ? Comprendre l'inverse.

- Qui sont donc tes deux petites invitées ? Elles ne ressemblent pas à des filles de joie, mais après tout...

Elise s'insurgea, elle allait répliquer et vertement, mais la main de Laure qui se serrait dans sa paume l'en empêcha. Alors comme ça, Laure avait le droit de rompre ses propres règles à propos de faire profil bas et pas elle ? En même temps, si son amie n'avait pas hésité à remettre en place une brute en armure qui faisait deux fois sa taille et trois fois son poids et qu'elle ne disait rien, là, c'était peut-être qu'il fallait vraiment se méfier de cette femme. Elise ne savait pas grand-chose de Morgane, à part qu'elle était la demi-sœur d'Arthur et sorcière, apprentie de Merlin. Mais il était vrai que présentement, elle n'appelait pas franchement à la sympathie.

- Je ne te permets pas, s'insurgea Arthur. Ces demoiselles sont mes invitées et elles doivent être traitées comme telles. Ce sont deux jeunes femmes parfaitement respectables qui étaient malheureusement perdues.

Morgane se mit à rire. D'un rire plutôt cristallin d'ailleurs. Surprenant quand on s'attendait plus à un ricanement de sa part.

- C'est bien toi, mon frère, de vouloir ramasser tous les chien galeux que tu croises sur ton chemin.

Ce fut au tour de Guyomard de rire franchement. Mais cette fois, le rire était moqueur, presque condescendant. Elise l'aurait presque vu lui roter au nez. Puis elle le vit replonger les doigts dans son assiette, sans faire grand cas de Morgane, ce qui n'était absolument pas le cas de tous les autres qui semblaient sur la défensive, même Arthur.

- S'il te plait, Morgane. Soit tu cesses d'insulter tout le monde ici et tu t'attables, ce qui me ferait plaisir, et tu le sais, soit tu repars d'où tu viens. Insulte-moi autant que tu veux, mais n'insulte pas mes hôtes, ils ne sont pas ton problème.

Morgane le toisa un instant de plus, puis tourna les talons et disparut aussi vite qu'elle était arrivée.

Le silence demeura encore un instant dans la salle finalement, ce fut Lionel qui rompit le calme.

- Et ben ça s'est pas trop mal passé cette fois.

Des rires fusèrent ici et là. Erec se pencha vers Laure, pour lui expliquer.

- La dernière fois, elle a ravagé la pièce, brisé toute la vaisselle et à moitié assommé Kai qui essayait de l'interrompre.

Elise sentait toujours la main de son amie fermement accrochée à la sienne.

- Elle est complètement folle, déclara Guyomard. Il y a rien d'autre à dire.

- Ne tente pas trop ta chance. C'était ta faute et tu le sais. Cesse de la provoquer et n'oublie pas que malgré tout, elle reste ma sœur.

C'était Arthur qui venait de parler d'un ton froid et cassant. Se tournant vers lui, Elise vit pour la première fois un visage dur et fermé. Et elle fut émue que malgré les bravades de sa sœur, Arthur prenne sa défense. Guyomard le comprit aussi et baissa la tête en signe de soumission.