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[musique en média]

    Mr Wolf avait d'abord réagi comme précédemment, il avait été étonné. Puis une ombre de peur avait traversé ses traits et enfin, son regard s'était empli de colère. Le poids de ses rapproches silencieux me rendait minuscule si bien que j'ai reculé d'un pas et me suis cognée au torse d'Harry. Le proviseur avait les mâchoires contractées, prêtes à se broyer entre elles, et les joues rouges. Il était droit comme un piquet et je m'attendais à ce que, d'une minute à l'autre, il m'hurle de déguerpir d'ici et d'aller croupir au fin fond du Connecticut. Alors, plus paniquée qu'autre chose d'être expulsée je me suis élancée vers lui, plaçant tout de même mes mains devant mon buste en position de défense et l'ai devancé :


— Je vous jure que je n'ai rien à voir avec elle ! C'est peut-être ma génitrice mais jamais je ne deviendrai comme elle. C'est une personne horrible, je le conçois, mais je vous en prie, ayez confiance en moi, ai-je débité sans reprendre une seule fois mon souffle.


    Après m'être imposée, j'ai immédiatement fermé ma bouche, me mettant une fois de plus en retrait, alors que Mr Wolf n'avait pas – ne serait-ce qu'un peu – adoucit la fureur de son visage.


— Sortez, a-t-il lâché, froid comme la glace, dépourvu d'émotion.


— Mais...


— Je vous ai dit de sortir de mon bureau, a-t-il fini par exploser, tapant du poing.


    Effrayée, ma respiration s'est bloquée dans ma gorge et un imposant corps s'est posté devant moi. Harry a passé un bras autour de mon abdomen tandis qu'il me servait de bouclier. Le silence brulant faisait monter en flèche mon anxiété. Et je craignais ce que pouvait faire Harry, juste pour me protéger. Je ne voulais pas que quelque chose lui arrive. Surtout par ma faute.


— Plutôt que de vous méfier de Miyu, vous devriez faire attention à votre cousin. Parfois, ce sont les personnes les plus proches qui trahissent le mieux, a répliqué mon petit-ami, d'une voix qui parvenait à peine à camoufler sa colère.


— Dégagez ! a de nouveau hurlé Mr Wolf.


    Cette fois, c'était beaucoup plus hystérique que la première. Il avait délaissé son bureau et s'apprêtait à se jeter sur nous. J'ai rapidement pris Harry par la main et l'ai trainé à la porte. Je l'ai ouverte à la volée et à l'instant où nous la franchissions, un pot à crayons s'est écrasé contre le mur, à quelques centimètres de ma tête. Complètement sous le choc de la violence dont pouvait faire preuve notre directeur, je l'ai lorgné, les yeux ronds, mais Harry m'a tirée contre lui et nous avons couru jusqu'à ma chambre.


    Le souffle court, nous avons déboulé dans ma chambre pour fermer la porte le plus vite possible. J'ai retiré mes chaussures et mon gros sweat et me suis allongée sur mon lit, le regard fixé au plafond. Du coin de l'oeil, j'ai vu Harry imiter mes actions. Il m'a rejointe et nous nous sommes enfouis sous les couvertures – bien qu'il ne soit que midi passé – et en silence, avons contemplé Gabriel se nettoyer les plumes sur la poutre principale de la pièce.


— Tu devrais dormir un peu, m'a chuchoté Harry à travers mes cheveux. J'ai le droit de ne pas aller en cours aujourd'hui, pour rester avec toi. Nous pouvons faire une petite sieste.


— J'aimerais voir mes animaux.


— Miyu... Repose-toi avant. S'il te plait...


    Il me suppliait tout en massant mon cuir chevelu et caressant mes épaules. Alors, épuisée par toutes ces péripéties et agréablement bercée par les cajoleries d'Harry, j'ai fermé les yeux et me suis sentie enveloppée par les bras de Morphée.


Butterfly | hsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant