Réécriture : comment améliorer la forme du texte ?

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Jusqu'à très récemment, pour moi, la réécriture était quelque chose d'un peu abstrait et de très, très effrayant, une sorte d'épreuve dont seuls les auteurs les plus forts sortaient vainqueurs. J'avais l'impression que la réécriture, ça voulait dire effacer la moitié de son texte, réécrire des scènes entières et ça me paraissait insurmontable.

Et puis j'ai commencé à corriger et réécrire Une sombre histoire de pirates. et j'ai découvert que la réécriture, ouais, c'est du boulot, ça peut virer carrément à l'obsession et il faut effectivement tailler dans le vif pour rectifier le rythme, et réécrire des passages entiers pour améliorer la cohérence de la trame. 
Bref, sur le fond, l'expérience de la réécriture ne m'a pas déçue par ses challenges, mais ils n'avaient, finalement, rien de surprenant ni de sorcier : il suffit juste d'avoir du temps à y consacrer. Pour le reste, après avoir rédigé un roman entier, je pense qu'on est tous capable de passer quelques heures supplémentaires à écrire des scènes complémentaires si besoin.


Par contre, s'il y a bien une chose à laquelle je ne m'attendais pas, c'est la difficulté qu'a représentée la correction de la forme. Avec le recul, tous mes tics d'écriture m'ont sauté au visage, sans parler des problèmes de rythme ou de la sur-utilisation des auxiliaires, participes présent et autres "qui que quoi".


Bizarrement, c'est cet aspect-là de la réécriture qui m'a donné le plus de fil à retordre, et 530 pages et de nombreux articles de conseils (plus ou moins utiles) plus tard, me voici avec ma propre recette pour améliorer la forme de son texte sans l'altérer.


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1 - Éviter de multiplier les désignations des héros. 

Par exemple, l'un de mes héros, Axel, est un jeune homme travaillant comme maître-coq, supérieur hiérarchique direct de Luka, mon héroïne. Dans le premier jet, les chapitres étaient truffés de "le brun", "son supérieur", "le maître coq", "le jeune homme" et j'en passe, simplement pour éviter les répétitions du prénom Axel et du pronom "il".

Mais, à multiplier ainsi les noms, on alourdit plus le texte qu'autre chose et on risque de perdre le lecteur (imaginez une scène avec cinq personnages tous désignés par cinq ou six termes différents !), et il vaut parfois mieux se répéter un peu plutôt que partir dans tous les sens.


Alors on fait quoi ?

On en choisit deux, trois au maximum, interchangeables selon le contexte, et on s'y tient. Par exemple, votre Prince Philippe peut être simplement "le jeune homme" ou "Philippe" en compagnie d'Aurore, et devenir "le prince" dans un contexte plus officiel.

Le petit truc pour que ça marche : 
Se relire à haute voix. On lit plus vite que l'on écrit, et on ne se rend pas toujours compte de la fréquence d'utilisation des mots lors de la rédaction. De plus, il se peut qu'on ait évoqué quelqu'un d'autre entre temps, ou un lieu, et que le "il" de votre phrase ne se rapporte plus à votre héros, mais à un autre personnage ou à un objet.



2 - Gérer les "qui" et les "que"

C'est un de mes tics d'écriture les plus marqués. J'en mets partout, c'est la première chose qui me vient quand j'écris une phrase, alors qu'en fait, en réfléchissant un peu plus, il est possible de les éviter.

- La construction "c'est... qui" s'annule presque toujours : "C'est cette conviction qui l'aidait à supporter la rudesse du quotidien" >> "Cette conviction l'aidait à supporter la rudesse du quotidien" Félicitations, votre phrase a perdu 1kg sans rien faire !

Les fabuleux (et très utiles) conseils de tata TiphsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant