Sous contrat

37|Stop crying your heart out|

| 5 seconds of summer - Wherever you are|

Je repose tristement mon verre vide sur le comptoir, passant une main devant ma bouche pour essuyer quelques gouttes d'alcool qui glissaient sur mon menton.

"La même chose, s'il vous plait."

Le barman me regarde d'un air pitoyable, mais ne renchéri pas. Il se contente de prendre mon verre pour me resservir. Après tout, je dois être sa meilleure cliente ce soir, il ne va pas aller se plaindre.

Le bar de l'hôtel est plein à craquer ; je ne sais pas si on peut caractériser cet endroit de bar, finalement, les clients semblent plus venir pour danser sur la piste aménagée que pour boire un verre. Certains font les deux, et d'autres sont affalés sur le comptoir, essayant peut-être d'oublier leur soucis dans l'alcool. Comme moi.

Le barman pose à nouveau mon verre devant moi, sans un mot. Je l'attrape d'une main tremblante, et ferme les yeux alors que je laisse l'alcool descendre le long de ma gorge.

Demain, je serai de retour en Angleterre, alors que j'en reviens ; pourquoi Luke a-t-il choisi l'Angleterre? Il sait très bien que plus rien ne m'attend là bas. Plus rien ni personne.

Dylan.

Je ne sais aujourd'hui plus où il est, ni ce qu'il fait ; il a coupé tout contact avec moi. Et le pire, c'est que je ne peux pas lui en vouloir : tout est de ma faute.

Lorsque nous étions à l'aéroport de Dali, j'ai vite réalisé que notre avion ne nous menait pas à Londres, mais dans une autre grande capitale européenne : les garçons retournaient en tournée.

Qu'étais-je supposée faire? Luke me serrait dans ses bras, je venais de passer un séjour fantastique, je nageais dans le bonheur : j'ai décidé de les suivre, alors que j'avais promis à Dylan de rentrer.

Au début, je gardais contact avec lui ; je lui disais que j'allais rentrer bientôt, mais je ne faisais que retarder l'échéance. Nous avons eu une violente dispute, où je me suis beaucoup emportée. Il a comprit que je ne rentrerais pas à Londres. Il a donc décidé de vivre sa vie sans moi, et il est parti.

Et aujourd'hui, à cause de mes conneries, je me retrouve plus seule que jamais.

Je n'ai plus envie d'aller en France, je n'ai plus envie de dessiner. Ma peine est tellement grande qu'il m'est impossible de l'exprimer ; je la laisse me consumer, doucement, sans agir.

Je termine mon verre, et le repose brusquement sur le comptoir. Je paye pour mes consommations, et me dirige d'un air assuré vers la piste de danse. Je me laisse alors à la fois enivrer par la danse et la musique, me mouvant en rythme ; je ne fais pas attention aux gens autour de moi, aux lumières fortes ; tout ce que j'ai à l'esprit est l'image de Luke.

Je suis en train de vivre notre deuxième rupture, dont je ne suis pas maître cette fois-ci, la dernière. Il n'y aura pas d'autre chance.

C'est encore moi qui ai tout gâché. J'endosse toutes les responsabilités, comme si ça pouvait m'aider à aller mieux, mais ça a l'effet inverse.

Je sens des mains glisser sur ma taille ; je ne les repousse pas. Je ne cherche pas à savoir qui est cette personne, je danse avec elle, contre elle.

Au bout de quelques minutes, je me retourne ; ma vue brouillée, le monde, le bruit, la semi obscurité, mon ivresse, ne me permet pas d'apercevoir les traits de cette personne. Tant mieux ; j'agrippe son t-shirt, l'attire vers moi, et l'embrasse. Le baiser dure quelques instants, car je repousse brusquement l'inconnu, fronçant les sourcils.

Ce n'est pas Luke ; ce ne sera jamais plus Luke.

Je tourne les talons, ignorant les appels de l'inconnu qui cherche à me rattraper ; alors que je me dirige vers la sortie du bar, on me retourne par le bras. Je m'apprête à lancer une réplique pour demander qu'on me foute la paix, mais mes mots se confondent ; je reconnais aussitôt le visage de l'inconnu, qui ne l'est finalement pas du tout.