Chapitre 4 : Une histoire de famille

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J'étais assise à même le sol, contre le mur de pierres froides, l'épaule collée à celle de Ninon. Ether reposait sur mes genoux, et je ne pouvais m'empêcher de triturer sa poignée du bout des doigts, les yeux rivés sur le dos de mon père.

-Gwen !

Je tournai la tête vers Ninon, un sourcil haussé. Pourquoi m'avait-elle apostrophée si durement ?

-Tu ne m'écoute pas, en fait. Depuis tout à l'heure, je parle dans le vide, c'est ça ?

-Hein ? Oh, excuse-moi. J'étais ailleurs.

Son regard bleu se tourna vers notre groupe de sauveur, qui se chargeait de rassembler tous les prisonniers. Ses sourcils se froncèrent légèrement, puis elle reporta son attention sur moi.

-Je te demandais si ton épaule te faisait souffrir, répéta-t-elle.

Par réflexe, je massai ma clavicule touchée par la lame. Plus aucune trace de la blessure n'était visible sur la peau et la douleur avait presque disparu.

-Non, tu as fait des merveilles. J'ai l'impression que tes pouvoirs de guérison sont de plus en plus forts.

Elle fit une moue dubitative et attrapa dans chaque main un morceau de sa lance, qui avait été brisée durant le combat.

-De plus en plus forts, certes, mais toujours aussi inutile dans la mêlée, grommela-t-elle en reposant les morceaux de bois. Je me sens si faible, quand nous nous battons ! Toi, tu as Ether, et en plus tu as ta magie, Nawëlle est ultra puissante malgré son âge, et Cernunnos, n'en parlons pas. C'est un dieu ! Et moi, dans tout, je suis juste bonne à faire du vent avec cette foutue lance.

-Hey, ne dit pas n'importe quoi, la réprimandai-je d'un léger coup d'épaule. Tu es une vraie guerrière, et le fait que tes pouvoirs ne soient pas offensifs n'y change rien. Tu m'impressionne, moi. Je te jure que tu manie cent fois mieux ta lance que moi je n'arriver à maitriser Ether. Quoi que là, elle n'a pas fait des siennes.

Ninon haussa les épaules.

-Si tu le dis, fit-elle, maussade.

Je la scrutai un instant. Son air triste me serra le cœur. Je comprenais le sentiment qu'elle ressentait, celui de se sentir inutile et inférieure. Je l'avais moi-même souvent ressentie étant enfant.

-Ecoute, il existe surement un moyen d'utiliser tes pouvoirs durant l'attaque. Bélénos devrait savoir, lui. Quand nous le délivrerons, je suis sûre qu'il acceptera de te montrer.

Un demi sourire s'afficha sur son visage, et ses yeux s'éclairèrent d'une douce lueur d'espoir. Elle se laissa couler contre le mur, satisfaite, et je pus reporter mon attention sur mon père. Il semblait être le chef du groupe qui nous avait sauvés, lançant des directives et félicitant ceux qui s'étaient battus. De temps en temps, son regard glissa vers moi, mais je prenais tout le soin de l'ignorer, tournant à chaque fois la tête vers Iris et Mamie, qui étaient en grande conversation. Ma grand-mère n'avait heureusement pas été grièvement blessée durant la bataille, mais sa joue ridée était tout de même tuméfiée. On avait dû la frapper au visage avant que les secours n'arrivent. Elle aussi observait mon père en coin, et l'éclat qui brillait dans ses yeux vers n'avait rien de bon. La frustration et la tristesse semblaient s'y mêler, associées à une colère profonde.

Mon père, quant à lui, lui tournait ostensiblement le dos, refusant de croiser son regard furibond. Quand il eut fait le tour de ses hommes, il invita tout le monde à le suivre à travers le long corridor rouge.

-Rentrons au sanctuaire de Cernunnos, nous ferons un rapport de ce qui s'est passé là-bas. Iris, tu devrais venir aussi, intima-t-il.

-C'est ce que je comptais faire, Gwendal, répondit-elle, acerbe.

Celte Tome 2 : Les héritières de LugNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ