Chapitre 8 : Une nouvelle aventure

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J'étais chez ma grand-mère, une grande tasse de café à la main. Les pâles rayons du soleil hivernal filtraient difficilement à travers les carreaux mal lavés de la cuisine. Ninon était restée à l'appartement, et Cernunnos tenait conseil à Brocéliande. Mamie était face à moi, un grand grimoire à côté d'elle, qu'elle avait arrêté de lire dès que j'étais rentrée. Maintenant que je savais pour mes pouvoirs, elle ne s'embêtait plus à cacher grimoires et potions, qui trônaient fièrement dans la cuisine et dans le salon. Par contre, elle testait toujours ses recettes à la cave. De peur, certainement, de brûler le tapis ou les rideaux.

Heureusement qu'elle ne m'initiait pas à la concoction de potion, parce que moi, je ferais carrément exploser la maison.

– Je suis vraiment désolée de ne pas t'accompagner, Gwen. Je t'assure, j'aurais adoré libérer Belenos à tes côtés, comme nous l'avons fait pour Cernunnos. Mais rares sont les personnes qui connaissent le rituel de libération des dieux, et plus rares encore sont ceux qui ont la puissance magique nécessaire pour le réaliser. Ta tante et moi, nous serons dans les groupes chargés de libérer Briso et Andraste. Crois-moi, j'aurais préféré venir avec toi.

– Je sais, Mamie, pas besoin d'argumenter. Mais j'avoue qui si tu avais pu venir, ça m'aurait arrangée. Je n'aurais pas eu à apprendre ce fichu rituel.

Mamie m'adressa un regard tendre.

– Ne t'en fais pas pour ça, ma chérie, tu vas finir par y arriver. Nous allons tout faire pour, en tout cas.

Je soupirai profondément, et mes épaules s'affaissèrent.

– Je n'en suis pas si sûre. Deux jours, c'est extrêmement court, et si je rate ne serait-ce qu'une étape, cela ne fonctionnera pas, et nous devrons attendre la prochaine pleine lune. Et crois-moi, d'ici là, Merlin aura eu le temps de récupérer le médaillon. A mon avis, il ne compte pas libérer Bel, lui.

– Je sais, Gwen. Mais je te fais confiance. Tu es forte, je le sais. Et tes amis seront là. Ninon te soutiendra, et Cernunnos vous protégera toutes les deux. C'est une belle équipe, que vous formez. Au fait, tu as eu l'occasion de lui parler de ta rancœur ?

Je secouai la tête.

– Non, pas encore. Avec l'intervention inopinée de Papa et Maman dans nos affaires, la découverte de l'ASDCM et du lieu où se trouvait Bel, nous n'avons pas eu un moment tranquille. Mais hier, pendant un court instant, j'ai eu l'impression de le retrouver. Le vrai Cern, mon ami, pas ce dieu trop sérieux qui pense que je suis trop faible pour me défendre. C'est avec ce Cernunnos là que je me sens en sécurité, que je me sens bien. Mais passons. Tu as reparlé à Papa, toi ?

Je savais que le sujet était tendu. A l'évocation de mon père, Mamie plongea le nez dans sa tasse de café, dont la vapeur embua ses lunettes.

– Je n'ai pas envie de parler de ça. Ce sont des affaires d'adultes, Gwen.

– Mais je suis adulte, moi aussi ! m'écriai-je. Je ne suis plus une enfant ! Peut-être que je l'étais, au début de l'année, mais ce n'est plus le cas. J'ai connu la guerre, la douleur et la mort. J'ai muri, Mamie. Et je pense que tu devrais le pardonner. Il aurait pu inventer pire comme mensonge, que te dire qu'il refusait la vie de druide.

Elle secoua la tête et se ferma comme une huitre. Ma grand-mère était quelqu'un de particulièrement clément, qui pardonnait tout à tout le monde. Sauf quand on la poussait à bout, où qu'on trahissait sa confiance. Là, elle devenait particulièrement rancunière. Cela me désolait. Quand on comparait à ce qu'avait fait Luca, mon père avait largement le droit d'être pardonné. Mais je ne la ferai pas changer d'avis. Pas aujourd'hui, tout du moins.

Celte Tome 2 : Les héritières de LugWhere stories live. Discover now