Red Lucy

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Lucy Quinzel

Encore une autre journée à ne rien faire dans la maison de Poison Ivy. Mais Joe me harcela pour savoir comment j'allais faire pour tuer le Joker. Je ne cessai de lui répéter que je n'en savais rien.

- Tu n'as pas hérité du génie de ton père... quel dommage, soupira-t-il.

- Après, si tu as des suggestions, Joe, je suis toute ouïe, lançai-je avec sarcasme.

Je fouillai dans les placards pour trouver ma boîte de céréales puis me dirigeai vers le frigo pour prendre le lait. Joe réfléchit à un plan pour que je puisse tuer mon géniteur. Il voulait, apparemment, quelque chose de bien marquant pour son départ. Je versai le lait dans mon bol de céréales en demandant des précisions.

- Mh... je ne saurais trop te dire, mais j'aimerais que ça fasse comme une sorte de drôle de coïncidence, ou un coup du destin.

- C'est vraiment nécessaire? soupirai-je.

- Pour partir en beauté, il faut se préparer, justifia-t-il.

J'étais trop occupée à manger mes céréales et à lire une bande dessinée que ma mère avait apportée. Mais Joe m'arrêta dans ma lecture, je perturbai ses pensées. Je lui rappelais qu'il n'était qu'une voix, et que les voix n'avaient pas de pensées.

- Je ne suis pas une voix comme les autres, se vanta-t-il encore.

Je ne répondis pas. Je n'aimai pas quand il avait ses instants de narcissisme, et je préférai me taire. J'arrêtai ma lecture et me concentrai sur mes céréales. Une fois le petit-déjeuner englouti, je rangeai le bol dans l'évier et fit couler l'eau chaude pour faire un peu de vaisselle. Je n'avais rien à faire, et je m'ennuyai, je m'occupai comme je le pouvais. Puis je me posai sur le canapé, en attendant que Joe trouve une petite idée de cette mort théâtrale pour le Joker. Je me fichai des circonstances dans lequel il allait périr. Tant que Joe respecte sa part du marché et que je puisse librement vivre ma vie avec ma mère biologique, le reste m'importait peu. Mais j'avais tout de même peur... Peur pour la manière dont ça allait se passer, peur de ne pas faire le bon choix, peur des conséquences... J'appréhendai énormément ce meurtre. Mon esprit n'était pas sain, et il était encore moins serein à l'idée de tuer le Clown Prince du Crime... Et si Batman intervenait? Comment je ferais?

- Arrête de te poser des questions, s'écria Joe. J'avais une idée et elle a disparu!

Je me calmai en respirant bien à fond et me concentrai un peu plus sur les images défilant devant mes yeux. Il n'y avait pas grand chose à la télé, des télé-achats, des dessins animés que je n'appréciai pas vraiment, des téléfilms romantiques à l'eau de rose. Une émission commença tout juste avant que Joe n'ait répondu à ma question. C'était un reportage sur les criminels de Gotham. Je laissai le générique de l'émission se terminer pour savoir de qui ça allait parler. J'espérai un reportage sur Harley ou sur le Joker, même si j'avais déjà vu un reportage sur lui. Mais le nom apparaissant à l'écran était "Red Hood". Je pris la télécommande et visai la télé pour changer de chaîne. 

- Tu poses cette télécommande, ordonna Joe.

- Pourquoi? C'est sur Red Hood, lui signalai-je. Ce n'est pas ce qui nous intéresse.

- Tais-toi, et regarde, insista-t-il.

Dans l'incompréhension, je me pliai à ses ordres en posant la télécommande. Je soupirai et lui dis que je ne voyais pas l'intérêt de regarder ce reportage. Il m'ordonna de me taire et de regarder attentivement. Je haussai les épaules et laissai mes yeux regarder, après tout, ça restait un reportage sur les criminels. J'appris que Red Hood était un chef de gang, il avait disparu un soir à Ace Chemicals, et depuis, le Joker terrifiait la ville. Mais plus tard, il y eut un autre Red Hood. Le premier, comme le deuxième, on ne connaissait pas leur identité, c'était étrange mais tellement intriguant. 

A la fin du reportage, Joe me demanda de faire le lien entre l'émission et son idée. Je réfléchis quelques instants et me dis que c'était une bonne idée, même si elle l'était plus pour lui, puisque je me fichai des circonstances dans laquelle le Joker meurt. Joe se mit à réfléchir pour qu'on puisse voir le Joker en face-à-face.

- Eh bah voilà!! J'ai un petite idée, s'exclama-t-il. Si tu tues le Joker, il faudra que tu portes du rouge pour éviter les tâches de sang!

- Je n'ai jamais utilisé de pistolet, lui rappelai-je.

- HA HA HA HA HA HA HA HA HA HA! Super! Ce ne sera que mieux, se réjouit-il.

Son rire ne me rassura pas, jamais il n'avait été aussi effrayant et glaçant, jusqu'à aujourd'hui. La peur s'invita dans mon ventre. Je ne comprenais pas pourquoi il était heureux de savoir que je ne sache pas utiliser de flingue.

- Co... comment ça?!

- Les flingues c'est trop rapide, Lulu. Ça t'empêche de savourer toutes ces petites... émotions. Cet ultime moment révélant la personnalité dans le regard de la victime, dit-il d'un ton sadique. N'aimerais-tu pas voir la réelle personnalité de ton père, murmura-t-il.

- Je veux juste tuer mon géniteur, pour que tu me fiches la paix, rectifiai-je.

- Aussi indélicate que ta mère... constata-t-il dans un soupir.

- Je prendrais un pistolet, et ce sera tout.

- Ah oui? Et tu penses qu'utiliser un flingue c'est simple?

- Eh bien... Pendant que Harley sera absente, je m'entraînerai avec des bouteilles. Et puis, j'ai déjà vu à la télé.

- J'ai hâte de te voir à l'oeuvre, petite Lulu, se moqua-t-il.

- Ne m'appelle pas Lulu, le réprimandai-je.

Il se contenta de me rire au nez. Il ne savait faire que ça: rire, quand il ne me rabaissait pas. Je mis une veste, me coiffai d'une queue de cheval et mis ma casquette sur le crâne. Je pris les trois cents dollars que ma mère m'avait laissés et filai de la maison. Je désobéis encore, mais c'était pour la bonne cause.

Je me baladai dans les boutiques de vêtements de Gotham et allais chercher celui que m'avait conseillé Joe: un sweat à capuche rouge. J'en trouvai un noir avec une fermeture éclair. L'intérieur de la capuche rouge et avec des lacets rouges dans le dos. Je murmurai pour demander ce qu'en pensait Joe.

- Est-ce qu'on a vu un reportage sur Black Hood, demanda-t-il sarcastiquement.

Je reposai l'article et soupirai. Joe ajouta que l'idée des lacets dans le dos était plutôt chouette. Je secouais la tête. C'était assez étrange d'entendre Joe complimenter un vêtement quand je faisais du shopping. Je vis dans le rayon le même sweat que j'avais trouvé, mais cette fois, de couleur rouge rubis. L'intérieur de la capuche était noir et les lacets dans le dos aussi. Joe m'ordonna de prendre ce vêtement.

Cinquante dollars en moins. Il fallait que j'aille, maintenant, à une boutique d'arme. Je passai devant une boutique d'armes mais elle était, étrangement, fermée en plein jour. Joe me demanda de revenir sur mes pas et d'y entrer.

J'obéis tout de même à Joe, qui m'avait ordonné de lui faire confiance. Je n'étais pas très à l'aise, et le vendeur n'avait pas l'air très commode. Il était en train de lire une édition de la gazette de Gotham. Je déglutis avant de l'arracher de sa lecture en le saluant. Il posa le journal de la ville et s'accouda au comptoir.

- Qu'est-ce que tu fais là, gamine? Tu ne sais pas lire une pancarte, grommela le vendeur.

- Je... Désolée de vous déranger, mais je voudrais acheter un pistolet, lui demandai-je.

- Et tu crois vraiment que je vais vendre un de mes bijoux à une gamine de quinze ans, dit-il en posant son poing sur le comptoir.

- J'ai seize ans, monsieur, rectifiai-je par réflexe. J'ai deux cent cinquante dollars sur moi, lui annonçai-je en posant la somme à côté de la caisse. Qu'est-ce que je pourrais avoir pour ça?

- Rien du tout, se renfrogna-t-il en poussant l'argent.

The Joke's On LucyWhere stories live. Discover now