Chapitre 23

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Je regardais les passagers autour de moi. C'est fou comme tout le monde tire la gueule dans un train. Je ne suis pas vulgaire en temps normal, mais aucun autre mot ne décrirait bien la situation. Ils ne sont pas juste maussade, impatient, vaguement irrités par le trajet, non. J'ai l'impression d'être en un cortège funéraire. Je crois bien être la seule de bonne humeur, d'excellente humeur même. Mon séjour à Lyon m'a fait du bien. J'ai l'impression de démarrer une nouvelle vie, que tout me réussi, que je vais enfin avoir le droit au bonheur. Si j'analysais deux secondes la situation, je me ferais probablement la réflexion que je précipitais les choses, que je m'emportais pour rien, mais cela me faisait du bien. 

J'avais passé haut-la-main les pré-selections et l'entretien comme le prouvait la promesse d'embauche dans mon sac. Si au début, ce poste me plaisait surtout car il représentait la liberté et la possibilité de vivre près de Cécile et pas trop loin de Rémi. Tout avait changé. C'était un poste gratifiant, demandant, captivant...J'avais hâte de commencer. Je comptais les jours comme un enfant comptait les jours avant Noël.

Cécile avait été aux anges quand je lui avais raconté mon embauche dans les moindres détails. J'avais déjà repéré le quartier où je voulais résider et nous avions contacter des agences immobilières. Cécile planifiait mon arrivée comme un wedding planneur pour des noces royales. Elle se moquait de moi et de mon côté perfectionniste, mais la TO DO List était sa bible. 

Nous avions passé les jours suivants à discuter, de tout et de rien, à prévoir mon emménagement...Cécile se demandait déjà quels hommes elle pourrait me présenter. Je l'écoutais d'une oreille. Je ne pouvais que penser à Rémi. En vivant à Lyon, je pourrais toujours venir le voir de temps en temps. Stop! Je devais arrêter avec cette toquade. Il ne se passerait jamais rien. C'était juste un très bon ami, un confident. Je devais accepter la situation et arrêter de me faire des films. 

Peut-être que déménager me ferait le plus grand bien. ce serait difficile au début, mais ne plus le voir me premettrait peut être de tirer un trait sur cette romance eà sens unique. 

*****

Le lendemain de mon retour, j'avais proposé à Rémi d'aller boire un café sur la croisette. J'avais envie d'annoncer  la nouvelle à une personne qui me soutiendrait. J'étais attablée quand il m'envoya un texto m'annonçant qu'il était sur la route, un problème à régler chez son ex l'avait retardé. 

Je commandais un café et profitais de la terrasse ombragée. Une moto s'arrêta en dérapant, et Rémi bondit au sol. En jean et tee-shirt noir, il était l'incarnation du fantasme féminin. Comme à chaque fois que je le voyais, mon souffle fut coupé. Je me demandais vaguement si cela avait un quelconque effet sur mes neurones, puis son regard croisa le mien, et je me fichais royalement de mes neurones. 

-Salut, dit-il de sa voix grave. Désolé pour le retard, s'excusa-t-il en passant une main sur son crâne.

-C'est rien, j'espère que cela s'est arrangé. Tu veux un café ? 

Il hocha la tête, et tritura la nappe. 

-Tu veux en parler ? proposais-je.  

-Tu ne m'invites pas pour parler de mes problèmes.

-Et alors ? Tu me prends pour qui ?! Je vois  bien que cela te prend la tête.

Il soupira.

-Mon ex a un nouveau mec.

-Et ? 

La jalousie me rongeait les os.

-Et Matthieu ne s' entend pas avec lui. 

-Oh ! 

C'était tout, il n'éprouvait pas de jalousie. 

-Ouais, bref, il fau t bien qu'il s'adapte. Et toi alors ? Quelle est la grande nouvelle ? m'encouragea-t-il en grande partie pour changer de conversation.

-Tu le gardes pour toi, d'accord ? Je n'en ai parlé à personne pour le moment.

La lueur d'intérêt dans son regard s'accrue.

-Je...j'ai postulé pour un poste à Lyon.

Il attendit une suite qui ne vint pas.

-Et ? m'encouragea-t-il. 

-Et cela s'est bien passé.

-Non, non, et ? Tu vas quitter ton mec ? 

J'aurais du m'en douter, il n'était pas du genre à tourner autour du pot. Je fixais mes mains. 

-Oui, balbutiais-je. C'est la  meilleure chose à faire, pour nous deux, ajoutais-je plus fortement. 

Son sourire se fit indolent. 

-Je pense aussi. Ce n'est jamais facile, mais mieux vaut cela que de rester et se haïr. 

Je hochais la tête. Visiblement, cela ravivait des souvenirs. 

-Et alors, reprit-il, tu vas bosser dans quoi ? 

-Gestion de patrimoine. Comme à Paris, mais ce ne sera pas pour mon beau-père et le poste est infiniment plus intéressant. 

-Si tu le dis, me taquina-t-il. Tu sais, moi le fric, ça va, ça vient...

-Tu es en train de me dire que tu ne feras pas appel à mes services ! m'offusquais-je, amusée. 

-Et bien, non. A part si je gagne au loto, rit-il. Trêve de plaisanteries. J'espère que tu seras heureuse. 

-Merci, mais ce n'est pas un adieu. 

-Pourquoi tu m'en parles ? Je veux dire, à moi en particulier ?

-Je voulais juste en parler à quelqu'un qui comprendrait, qui serait content pour moi.

-Tu redoutes de l'annonce à ta famille ? devina-t-il.

-Oui, répondis-je penaude.

-Cela va bien se passer. Tu fais ce qu'il faut pour être heureuse, ils ne font pas t'en vouloir pour cela.

-J'espère que tu as raison, mais je n'y crois pas trop. Ils ne me comprennent pas comme...

-Comme moi je le fais ? Peut-être qu'ils n'écoutent pas. A toi de te faire entendre.

Je soupirais.

-Je verrais bien, ajoutais-je. De toute façon, je ne vais pas revenir sur ma décision. Et toi, quoi de neuf en mon absence ?

Il sourit.

-Tu n'es partie que trois jours, le monde ne s'est pas écroulé, plaisanta-t-il.

Je levais exagérément les yeux au ciel.

-Je ne parle pas du monde, mais de toi.

-Rien de particulier, j'ai passé le weekend à refaire des peintures.

-Tu repeins chez toi ?

-Non, chez ma meilleure amie. Comme son mec n'y connait rien, elle m'a demandé si je pouvais m'en charger.

L'éclat de fierté dans sa voix ne me disait rien qui vaille. La façon dont il avait prononcé « meilleure amie » comme s'il voulait dire autre chose, comme s'il espérait autre chose.

-Ah oui ? feignis-je la curiosité. Elle a de la chance alors ?

-De quoi ? demanda-t-il, les yeux un peu trop brillants.

-De t'avoir pour ami, si lui ne peut pas l'aider.

Son sourire légèrement suffisant m'indiqua que j'avais visé juste. Il espérait mieux qu'une simple amitié.

-J'ai l'habitude, elle m'a toujours appelé en premier, même avec ses ex.

Je hochais la tête comme si de rien n'était, alors que je n'avais qu'un désir, en savoir plus.

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