Chapitre 57

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J'avais l'impression de me retrouver dans un tourbillon. Je ne dormais plus, je ne mangeais plus Je regardais Rémi emmenais Matthieu à l'école. Dès qu'il quittait la maison, l'énergie autour de moi s'électrifiait, m'étouffait. Il était le seul à pouvoir calmer mon angoisse.

J'avais beau scruter toutes ses relations en cachette, rien ne me révélait les raisons de sa distance. La garce n'avait pas donné nouvelle de vie. Elle semblait s'être trouvée un nouveau pigeon sur les hauteurs de Ramatuelle. Le discours entre Laura et Rémi s'arrangeait mais je ne décelais aucune lueur romantique de leur part.

Se pouvait-il qu'il ait découvert quelque chose ? Mélanie qui se rapproche ou Laura et Rémi qui ont des doutes ? Je ne savais pas où en était l'enquête sur le chauffard qui leur avait pris leur fille. Je verrais bien de trouver un moyen de me renseigner.

Mon téléphone vibra, me faisant sursauter. Mon cœur s'accéléra à la pensée que cela pouvait être Rémi. La chute fut brutale. Je rejetais la communication, n'envoyant même pas mon correspondant sur mon répondeur. Elle inondait assez ma messagerie.

Mon ordinateur bipa à son tour, m'annonçant l'arrivée d'un mail. Cécile avait toujours été butée. Plus les jours passaient, plus elle redoublait d'efforts pour me contacter. Je me décidais à lui envoyer un mail laconique avant qu'elle ne décide de venir voir par elle-même ce qui se passait. J'avais démissionné la semaine précédente. Je ne supportais plus de partir à Lyon, ignorant ce qu'il se passait quand j'étais absente. J'étais trop confuse et fatiguée pour travailler même de la maison. C'était mieux ainsi.

Mon téléphone vibra et je fronçais les sourcils. Cécile ne voulait vraiment pas me lâcher. Je savais que mon mail ne lui suffirait pas mais je pensais avoir tout de même gagner un peu de temps. Mon sourire s'étira de lui-même en voyant le nom de Rémi. Comme le chien de Pavlov, j'étais conditionnée. Le bonheur m'envahit rien qu'en voyant son nom. Il voulait faire un barbecue avec son équipe pour fêter l'anniversaire d'un de ses collègues. Je souris et lui promis de m'occuper de tout.

Je préparais des grillades pour un régime et Matthieu m'aida à dresser la table, tout heureux de prendre part aux préparatifs. Les camionnettes ne tardèrent pas à arriver et les hommes se répartir le travail. Rémi m'attira sur ses genoux et embrassa mon épaule.

-Je ne te dis pas assez à quel point tu es géniale.

-Je sais bien, le taquinais-je en me calant contre son torse.

-Peste, gronda-t-il amusé en mordillant la peau derrière mon oreille.

-Un peu de tenue patron ! se récria un mastodonte feignant d'être offensé.

Les hommes riaient, jouaient avec un Matthieu aux anges. De loin, Rémi surveillait tout ce petit monde en me serrant contre lui. Ses lèvres frôlaient ma joue, mon épaule. Ses mains glissaient sur mon ventre, mes hanches. Il m'avait déjà remercié une dizaine de fois pour le repas, pour être toujours là quand il avait besoin. Je relevais les yeux et fixais ses lèvres. Son sourire suffisant effleura ma bouche et sa main encercla ma nuque.

-Je t'aime, murmura-t-il contre mon oreille.

-Moi aussi.

-Boss, on y va ?

Je fronçais les sourcils. C'était quoi cette histoire ?

-Cinq minutes, partez devant. Je leur ai promis une soirée billard.

Il embrassa le coin de mes lèvres et commença à ranger. Son équipe joignit le mouvement et en moins de dix minutes tout était rangé.

-J'essaie de revenir vite, me dit-il en partant. Ça te dérange de coucher Matthieu sans moi ?

*****

Je regardais l'horloge murale et tournais en rond. Il n'était toujours pas rentré et il mettait trois plombes à répondre à mes messages. J'avais envie de m'endormir auprès de lui mais mes yeux commençaient à piquer et malgré mon gilet je n'arrivais pas à me réchauffer. J'allais abandonner la partie quand des phares illuminèrent la nuit. Enfin, il était de retour.

Il gravit doucement l'escalier et ouvrit la porte avec précaution.

-Ah, tu ne dors pas ? me demanda-t-il surprit.

-Pas encore, lui souriais-je. Comment était ta soirée ? feignis-je l'enthousiasme.

-Bien, étouffa-t-il un bâillement. Je suis claqué. Tu viens te coucher ?

Je hochais la tête et le suivis, ravalant ma tristesse. C'était tout ? Je me glissais contre lui et il enroula son bras autour de ma taille. J'allais m'endormir quand il se tourna brusquement, me tournant le dos. Le froid m'envahit. Il dormait, il ne devait pas se rendre compte qu'il était parti à l'autre bout du lit, si ? Son inconscient l'incitait-il à s'éloigner de moi ?

Incapable de dormir, je scrutais l'obscurité. Nous étions si bien ensemble. La vie l'avait mis sur mon chemin. Mes années à endurer Gregory n'avait pas été vaines puisque je l'avais rencontré lui, le seul à faire battre mon cœur plus vite, à me rendre folle de désir et légère comme une plume dès qu'il me regardait.

Peu importe ce qui nous éloignait, je ne les laisserais pas faire. Nous méritions notre bonheur.

*****

Chaque jour, j'avais l'impression de devenir un peu plus transparente. Rémi et Matthieu passaient énormément de temps ensemble. Il s'arrangeait dorénavant pour emmener et ramener Matthieu de l'école, ils allaient manger « entre eux » une fois par semaine. Matthieu avait bondi en apprenant qu'il était dispensé de cantine pour une journée. Le soir, il l'aidait pour ses devoirs une fois revenu du travail et s'il rentrait tôt, ils allaient jouer dans le jardin. Le weekend, ils bricolaient ou jouaient au foot.

Cécile continuait de m'appeler au moins une fois par jour. J'avais pris sur moi de lui répondre une fois que j'avais trouvé une bonne excuse pour vite raccrocher. J'étais devenue la reine des excuses en tout genre.

Je raccrochais une fois de plus en prétextant une urgence bidon. En rongeant mon frein, j'observais Rémi et son fils laver la camionnette. Leur complicité évidente m'irritait. Le temps passait et le comportement de Matthieu m'apparaissait alarmant, comme s'il avait des idées malfaisantes en tête. 

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