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Le bruit grinçant de la porte d'entrée capte soudain mon attention. Après l'avoir entendu claquer, je perçois les pas pressés de Laëtitia dans le couloir, juste avant de voir mon amie surgir dans ma chambre.

— Il va me rendre folle, Jade !

— Il est malheureux...

— Je sais... Mais il m'a trop gavée... souffle-t-elle en se laissant tomber sur le lit.

— Ce n'est pas la première fois que je le revois, me décidé-je enfin à lui avouer. Il est déjà venu.

— Ah bon, je croyais qu'il t'avait juste appelée. C'était quand ?

— Peu de temps après ton arrivée.

— Et qu'est-ce qu'il t'a dit ?

— Que tu l'avais quitté du jour au lendemain sans explications...

Elle soupire profondément, l'air épuisé. En signe de soutien, je pose ma main sur la sienne.

— Tu sais que tu peux tout me dire et que je suis là. Toujours.

— Je sais... mais c'est tellement... dur...

Sa voix se brise sur ces derniers mots et pour la première fois depuis son arrivée, elle lâche prise. Les émotions emportent le masque, dévoilant la douleur. Sa joie apparente n'était rien d'autre qu'une mascarade. Et je le savais. Une unique larme roule le long de sa joue, trace un sillon humide sur sa peau bronzée. Laëtitia n'est pas le genre de personne à s'effondrer et à pleurer à gros sanglots. Elle souffre sans bruit, et même dans le chagrin, elle reste digne.

— Si tu ne veux pas en parler, je comprends. Je veux juste te rappeler que tu peux me trouver à n'importe quel moment du jour ou de la nuit.

— Merci, murmure-t-elle. Viens-là !

Je me redresse et m'engouffre dans ses bras tendus, puis l'enserre de toutes mes forces en lui murmurant des « ça va aller » ridicules. Car j'ignore tout de sa situation.

— Ah, mais vous êtes ensemble, en fait ? intervient une voix dédaigneuse.

Clémence se tient sur le palier de ma porte, les yeux rivés sur nous, une moue écœurée sur le visage.

— Tu as un problème avec l'homosexualité ? attaque Laëtitia, railleuse.

— Non. Enfin, tant que tu n'essaies pas de me toucher...

En sentant mon amie se raidir près de moi, je décide de me lever afin de pouvoir intervenir au cas où elle exploserait. La dernière chose à faire serait de se battre avec cette fille.

— Si les femmes m'attiraient, tu ne serais clairement pas mon genre. J'aime les gens qui s'assument. Pas les personnes insignifiantes dans ton genre, réduites à tout tenter pour rappeler leur existence aux autres.

— Parce que tu t'es vue toi ? À faire une scène en bas de l'immeuble avec ton ex pour attirer l'attention de Julien ?

Laëtitia contient un rire nerveux, autant choquée qu'amusée par les déclarations de Clémence.

— Tu nous connais depuis trois minutes, et tu sais déjà tout de nous. Je suis bluffée.

— Je connais Julien depuis un moment, contre-t-elle, soudain sur la défensive.

— Donc tu sais que je suis carrément son style. C'est pour ça que tu te sens autant en danger.

Clémence s'empourpre, les poings serrés. Si ça ne dégénère pas, on aura de la chance.

Quand le ciel descend sur la Terre (romance)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant