Chapitre VII

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Je préparai mes affaires pour les cours et rangeai le sel que j'avais utilisé hier. A défaut de ne pas l'utiliser dans mes plats, je le prenais pour mes visions. Enfilant ma veste en jean, j'arrangeai mes cheveux et fis un chignon classe mais décoiffé en même temps. Je mis mes boucles d'oreilles et souris au miroir dans ma salle de bain. J'avais toujours cet air fatigué qui ne me quittait pas. Je pris mon correcteur et en mis sous mes yeux. J'en étalai généreusement et camouflai mes cernes bleutées. Le seul maquillage que j'utilisais dans ma vie, quand j'avais une tête de zombie.

Je descendis dans la cuisine et fis chauffer mon chocolat chaud dans le micro-onde. J'ouvris la fenêtre et laissai l'air pénétrer dans la maison pour aérer. Dans cette petite maison, je me sentis toute drôle. C'était vide et vivre sans ma mère à mon âge ne faisait définitivement pas partie de mes plans.

Je montai dans ma voiture et partis en direction de mon école. Le chemin fut long à cause d'un accident sur la route et j'arrivai pile à temps pour les cours. Je garai ma voiture dans le parking rempli et descendis de l'habitacle en mangeant mon petit-déjeuner à la va-vite. Je m'arrêtai de manger, le crâne en compote. Une migraine pointait le bout de son nez.

Amalia marcha tranquillement vers moi en fronçant les sourcils, l'air étonnée. Je le devinai tout de suite. Ma démarche était maladroite, comme si j'allais m'écrouler d'un moment à l'autre.

- Tu n'as pas dormi, ou quoi ? Même ton anticerne ne fait pas bien effet, grimaça-t-elle en touchant le dessous de mon œil. Et ton teint... n'en parlons pas. Qu'est-ce que tu as fait ?!

- Je me sens pas bien.

Elle me prit par le bras et m'emmena vers les toilettes en passant devant le groupe de bad boy dans le couloir vide. Je dus de nouveau me tenir au mur, le front en sueur, le visage soudainement blanc. La douleur dans ma tête s'accentua de plus belle.

- Quelque chose ne va pas ? demanda Jacob en avançant vers moi.

Il sembla inquiet. Ils me fixaient tous d'une mine inquiète. Mon amie poussa un profond soupir.

- Elle n'est pas bien du tout. Je ne sais pas ce qui se passe. Il faut l'emmener à l'infirmerie. Son front est brûlant, l'informa-t-elle.

Haziel se leva alors que je commençais à voir flou. Tout se mit à tourner autour de moi. Il se plaça derrière moi et sans prévenir, me souleva comme une princesse. Je me retrouvai blottie contre son torse, son odeur partout autour de moi. Bizarrement cela m'apaisa et je me sentis partir au pays des rêves, bien dans les bras de l'adolescent.

- Mademoiselle Halsey ?

Je grimaçai sous la douleur. Je portai une main à ma tête et lâchai un gémissement. Qu'est-ce que j'avais fait ? J'ouvris les yeux et me fis agresser par la lumière de la pièce. Quelle idée de mettre un gros néon au-dessus du lit ? Tout était bleu. L'infirmerie de l'école. Je détestais cet endroit depuis que j'étais enfant.

La femme répéta mon nom et je me tournai vers elle, les yeux plissés. Elle était à mes côtés, un thermomètre dans la main et une seringue dans l'autre. Je faillis m'évanouir de nouveau en voyant l'aiguille. Bordel de merde ! Si elle savait à quel point les seringues me foutaient les jetons...

- Vous êtes encore chaude. J'espère que température va baisser. Heureusement, vous reprenez des couleurs. Vous allez bien ? demanda-t-elle en se penchant vers moi. Vos amis n'ont pas voulu vous laisser seule.

- Heu... oui, répondis-je en me relevant pour me retrouver assise sur le lit. Enfin, je crois. Oh.

Je regardai autour de moi en me demandant ce que je fichais là. Je remarquai Amalia et la bande d'Haziel qui ne se composait que de lui et Jacob, dans un coin de la pièce. Ils me regardaient tous bizarrement comme si je n'étais pas vraiment en face d'eux. Ma meilleure amie se jeta sur moi en m'enserrant dans ses gros bras et je rigolai à plein poumons alors qu'elle m'écrasait. Elle recula quelque instant plus tard mais resta à mes côtés.

- Tu te sens mieux ? s'inquiéta-t-elle.

Je souris face à sa bouille et j'attrapai ses deux joues en tirant dessus comme une gamine. Elle éclata de rire et s'assit.

- Oui, je vais bien. Juste un peu fatiguée. Qu'est-ce que vous faites tous là ? m'enquis-je en les regardant tour à tour. Vous ne devriez pas être en cours ? Vous allez vous faire choper par le directeur.

- C'est déjà fait, ma belle, rétorqua Haziel en restant dans son coin. Mais nous avions une bonne raison d'être là. Il n'a pas pu nous remballer comme il en avait l'habitude.

Cela n'explique toujours pas sa présence. On ne se connaissait pas. On se parlait à peine sauf pour se menacer en retour. C'était que nous n'étions pas amis. N'importe qui verrait que je ne le portais pas dans mon cœur.

L'infirmière intervint.

- Maintenant que Halsey est réveillée, quelqu'un doit la raccompagner chez elle. Elle n'est pas en état de conduire quoique ce soit.

Tous se regardèrent, ne sachant pas qui s'occuperait de moi.

- Moi, déclara soudainement Jacob en se tournant vers moi. Vous autres, aller en cours. Ne vous inquiétez pas.

Je me levai sans l'aide de personne et réussis à faire quelques pas sans tomber. Je m'avançai vers le grand miroir près de la fenêtre, et me regardai. J'eus un mouvement de recul. Mes cheveux semblaient avoir perdu leurs éclats et mon visage était aussi pale qu'un cadavre.

- Je suis restée inconsciente longtemps ? demandai-je d'une petite voix.

- Près de deux heures, répondit la dame en aérant la pièce. J'ai bien failli appeler une ambulance.

♦♦♦

Jacob me raccompagna jusqu'à ma porte d'entrée.

- Tu habites toute seule ?

Surprise, je me tournai vers lui. Il regardait ma maison d'un œil nouveau.

- Oui, pourquoi ?

- Comme ça, haussa-t-il les épaules. Ça fait bizarre, c'est tout. Tu es jeune.

- Oui mais ce n'est pas très grave. Ma mère adore voyager, je n'ai pas voulu encore changer de ville encore une fois. Je commence sérieusement à être lassée de tout ça. J'aime bien ici.

- Ah bon ? Tu as déjà été en Europe ?

- Oui, plusieurs fois. La France, la Belgique, l'Espagne, la Grèce et l'Italie. Si je devais te dire ou j'ai été, j'en aurais pour la journée. Et toi, cela fait combien d'années que tu habites ici ?

- Depuis que je suis né, m'informa-t-il en portant toujours mon sac de cours.

Je sentis qu'il me cachait quelque chose. Je ne savais pas quoi mais ça avait un rapport avec moi, j'en étais sure. Jacob essayait de rester neutre mais il savait beaucoup plus de trucs que moi.

- Bon ok, merci de m'avoir raccompagné. C'était sympa de ta part.

J'ouvris la porte et la refermai derrière moi, sans le regarder. De toute façon, il s'en allait déjà. J'avais énormément de recherche à faire. Une personne de plus qui s'était rajoutée à ma liste.

L'Ange démoniaqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant