L'Ange démoniaque

Chapitre XVIII

Le soir même, j'étais habillée d'une belle robe blanche qui faisait ressortir mes yeux, couleurs orages aujourd'hui. Je me chaussai de sandales confortables et je fis un petit effort au niveau maquillage. Du mascara et un rouge à lèvre. Mes cheveux étaient lâchés librement dans mon dos.

La fête se passait dans mon quartier alors je partis à pied de la maison, prévenant Gwen à la dernière minute. Je vis bien qu'elle était contente que je sorte. Ce n'était clairement pas dans mes habitudes. J'étais encore à deux mètres de ma maison, que je réalisai que quelqu'un me suivait de très près. Je ne m'en étais pas rendue compte à cause de mon téléphone qui ne cessait de vibrer dans ma main.

Ma meilleure amie me prévenait qu'elle n'était pas encore arrivée. Mais elle viendrait avec mon jumeau. Seulement, ça me mis mal à l'aise à l'idée de le voir. Ah tiens, un Ange dans mon dos. Je ne savais même pas d'où il sortait comme ça.

- Tu devais pas combattre un démon ? Je lui demandai en accélérant le pas.

- T'es pas mal quand tu fais un effort, Millicent, me lança Haziel en marchant à mon rythme.

J'ignorai son regard appréciateur et poursuivis mon chemin. Mais tout ce que je vis, c'est l'effort qu'il avait fait lui aussi.. Il était en chemise et pantalon. Ça lui allait beaucoup trop bien à mon goût. Dans le jardin de Circée, celle qui organisait la petite fête, une fille vomissait dans les buissons avec des râles écœurants. Je sortis des mouchoirs de ma pochette et lui tendis. Elle me remercia avant de vomir encore une fois. A mes côtés, Haziel me fixait étrangement. Je haussai les épaules, souriant presque.

- Ben quoi ?

Il continuait de me fixer. On entra dans la maison où s'échappait une musique avec le volume à fond. Circée vint nous accueillir et parut surprise de voir Haziel et moi, je souris avec timidité. Bon dieu, pitié qu'elle ne pose aucune question ! Elle ouvrit la bouche.

Je priai de toutes mes forces.

Elle parut se raviser soudainement, sourit et nous laissa entrer. En regardant à ma droite, Haziel fronçait des sourcils en regardant Circé et moi, à tour de rôle.

Avait-il senti l'énergie que j'avais propagée jusqu'à notre hôte ? Ce phénomène m'arrivait de plus en plus. Comme si mon don se développait.

Je pénétrai dans le salon, regardant tous ces adolescents à moitié bourrés. Bon dieu ! Je n'avais jamais vu de fête comme celle-ci. Des gens sautaient dans la piscine à l'extérieur. D'autres buvaient comme des trous près de la grosse caisse à bière.

- T'en veux une ? Me proposa Haziel.

Je me tournai vers lui, surprise mais m'excusai. Je ne souhaitais vraiment pas d'alcool, j'en avais horreur. Mais il partit tout de même me chercher un jus de fruit. C'était bizarre qu'il soit si gentleman tout d'un coup. J'en arrivais même à l'apprécier. Je partis m'asseoir sur un des canapés, au côté de filles du lycée. Des pompom girls. Je priai rapidement pour l'Ange me sorte de leurs griffes acérées. Je n'eus même pas le temps de me relever, qu'une d'elles me fit rasseoir brusquement. Elles étaient trois et elles souriaient. Je plissai les yeux et consultai leur aura.

Bleu. La générosité. Ça me surprit. Je pensais que c'était des petites pestes, vu que la dernière fois, elles ont voulu me trucider. Et il y avait autre chose. Elles étaient gentilles. J'arrivai à distinguer sous leur couche de maquillage, une véritable amitié sans faille entre elles. Elles étaient soudées. Elles se donnaient juste l'apparence de pestes.

- Halsey, dit la blondinette avec ses deux queues de cheval. Alors, comme ça, tu es venue avec Haziel. Je trouve ça assez cool, en fin de compte. Le fait que tu aies pu l'amener est un vrai miracle. Il va pouvoir profiter de la soirée avec ses potes. J'ai remarqué qu'ils traînaient moins ensemble ces temps-ci.

Elle me les montra du doigt. Quatre motards jouaient au billard près de la cuisine.

- J'adore ta robe, au fait, fit la brunette au visage parfait. Tu devrais participer pour être la reine du lycée, en fin d'année.

- Merci. Mais ce n'est pas trop mon truc.

- Je me doute mais ça t'ira bien la couronne de bal et la robe. Sinon, se pencha une rouquine aux nombreuses taches de rousseurs. Tu sors avec lui ?

Je faillis m'étouffer avec ma salive. Je toussai et rigolai, tandis que la dénommée Sophie, me tapotait le dos. Je secouai la tête négativement.

- C'est dommage. Les filles et moi, on se disait que vous iriez merveilleusement bien ensemble. Je sais pas pourquoi, mais vous dégagez un vrai truc tous les deux.

Je rougis légèrement et un peu gênée, tandis qu'elle me fixait toutes les trois en attendant que je dise quelque chose. Je n'eus pas le temps de répondre car une main se matérialisa devant moi en me tendant un verre.

- Désolé de vous l'enlever les filles, charma Haziel, mais Halsey et moi, on doit discuter.

Je relevai la tête vers les yeux bleus clairs d'Haziel. D'habitude, ses iris étaient plus foncés. Je ne savais pas pourquoi mais je me surpris à le regarder plus longtemps que nécessaire. A son toussotement discret, je sursautai et pris sa main tendue et me relevai. Les filles me firent un signe de la main en me regardant m'éloigner. Je bus une gorgée de mon verre en marchant vers le jardin, l'adolescent me suivant. Je ne remarquai pas les coups d'œils qu'on nous jeta.

- Qu'est-ce qui se passe ? Je lui demandai une fois que nous fumes à l'abri des regards.

- Il y a un problème avec Jacob et Amalia.

Je fis les yeux ronds.

- Quoi comme problème ?

- Ils sont chez lui et un démon essaye de les tuer, avoua-t-il pressé.

- Je te demande pardon ? Et ils vont bien ?

- Ils s'en sortent mais il va falloir de l'aide pour ta meilleure amie. Elle a vu les ailes de Jacob et elle est en panique totale. Je dois aller terminer la mission donc tu m'accompagnes. On va prendre ma moto, elle est en face de chez toi.

Il prit ma main et nous courûmes aussi vite que possible, chez moi. Quand on arriva, il monta sur la bécane et je respirai un bon coup en mettant le casque sur ma tête. Je regardai ma robe blanche puis la taille d'Haziel et rosis. Un peu de courage. Je montai derrière lui alors qu'il faisait aller les gaz, on aurait pu croire que je montais sur une moto depuis la nuit des temps. Comme si j'avais fait ça toute ma vie. Je m'accrochai à son corps et encore plus quand il prit de la vitesse ou quand les tournants étaient violents. Je fermai les yeux, en me serrant dans son dos. Son odeur si particulière m'enivra et je la respirai.

Quand on s'arrêta soudainement, je rouvris les yeux. Nous étions garés à une distance respectable de chez Jacob, assez loin pour voir le Démon et pas assez prêt pour qu'il nous voie. L'Ange m'aida à descendre de son véhicule en enserrant ma taille. Il me souleva comme si je ne pesais rien.

- Merci, le remerciai-je en vérifiant que ma robe retombait bien sur mes hanches.

Je ne voulais pas trop qu'on voit ma culotte. Plus loin j'entendais des cris. Mais aucun des voisins n'avaient l'air de s'en rendre compte. Sûrement un charme de protection. Je plissai des yeux, regardant tout autour de nous. Il y avait un sorte de dôme brillant.

- Tu restes ici, Hasley et tu ne bouges pas, compris !

- Fais attention !

Il ne me jeta aucun regard et courut jusqu'à la maison de son jumeau. Ensuite, il s'éleva en l'air et ses ailes noires gigantesques battirent à vive allure. Mais elles n'étaient pas vraies. Il n'y avait que moi qui pouvait les voir. Puis, je ne le vis plus. J'entendais des grognements ici.

Puis le hurlement abominable d'Amalia me percuta de plein fouet et je fonçai vers la maison, sans réfléchir.