Chapitre 18

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Je reste sans nouvelle d'Amanda durant la fin du week-end. Il ne restait que la journée de dimanche à passer, pourtant à chaque heure, à chaque minute, à chaque seconde, mes pensées étaient tournées vers elle. J'ai occupé mon temps comme je l'ai pu. Je suis sortie très tôt de chez moi pour ne pas prendre le risque de croiser Elisabeth. J'ai été courir, j'ai marché dans les ruelles désertes à cause de la météo désastreuse, j'ai tout fait pour fuir. Et je me suis retrouvé devant chez elle. Devant chez Amanda. J'ai observé la devanture de son appartement. J'ai fixé les fenêtres en espérant la voir, même quelques secondes, même de loin. Pourtant ça n'a pas été le cas et je me suis décidé à rentrer, en taxi cette fois-ci. J'ai marché plus d'une demi-heure à l'allée, après avoir couru autant de temps. Je n'ai pas mangé le midi et lorsque je suis rentré, dans l'après-midi, j'ai ignoré Elisabeth, occupée devant la télévision. J'ai tracé mon chemin jusqu'à la chambre, j'ai pris une douche et je me suis étendu sur mon lit. Je me suis mis cette fois-ci à réfléchir à ma situation. Si je ne peux pas faire changer d'avis ma femme sur sa décision de ne pas accepter le divorce à l'amiable, si je dois vraiment attendre et tenir le coup durant deux années, jusqu'à ce qu'un juge déclare que ce mariage est bel et bien finit, je dois me battre pour tenter de me faciliter la tâche. En me renseignant sur internet, je comprends qu'il est possible pour moi de faire une demande pour habiter seul. Je pourrais quitter cette maison et ne plus avoir à supporter ma femme tous les jours. Un rêve qui me semblait inaccessible. Pourtant, une chose retient mon attention et je pense de nouveau à elle. Même si je ne vis plus avec Elisabeth, même si la requête est lancée et que nous ne sommes plus vraiment un couple, nous n'en restons pas moins mariés... Et je ne dois en aucun cas m'afficher avec une autre femme, car Elisabeth pourrait retourner la situation en sa faveur. Même si au départ, les risques ne sont pas énormes, ma femme serait capable d'engager un détective et d'utiliser les preuves de ma tromperie pour tout me prendre. Et quand je dis tout, je ne parle pas de la maison. Je la lui laisserai avec plaisir, mais devoir abandonner la totalité ou une partie de mon entreprise me briserait totalement. Ce en quoi j'ai travaillé depuis des années, le rêve que j'ai mis si longtemps à toucher du doigt. Aujourd'hui, je suis reconnu dans le milieu, je peux me venter d'avoir réussi seul et sans parler du côté financier, qui a tout de même son importance, le confort d'un travail stable est de nos jours complexe à acquérir.

Le lundi matin, je me rend très tôt au bureau pour pouvoir faire le point sur l'exposition. Je salue Ray en lui offrant un sourire qui ne reflète pas mon humeur. Je m'assois derrière mon ordinateur et je commence à bosser en patientant bien sagement avant l'arrivée de ma chère associée. J'entends du bruit environ une demi-heure après mon arrivée. Amanda est en avance. Même si je veux la voir au plus vite, je lui laisse quelques instants pour s'installer. Et au fond, je réalise que je crains de l'affronter, et ce pour diverses raisons. Je me trouve des excuses toute la matinée pour ne pas la déranger et je me décide finalement à me lever de mon bureau. Je ne réfléchis pas au risque de revenir sur mes pas, je pousse la porte de mon bureau et quelques pas après seulement, je me retrouve devant sa porte. Une voix basse m'autorise à entrer mais Amanda est au téléphone.

- Ça devait arriver tôt ou tard Jenna, c'était prévisible...

Elle termine sa phrase avant de s'excuser auprès de son interlocuteur, qui, je le comprends rapidement, est son amie. Elle me regarde d'un air interrogateur et je ne trouve rien à dire d'intelligent. Je reste planté dans l'ouverture de la porte, je la regarde quelques secondes avant de m'excuser et de repartir. Je passe une après-midi plutôt désastreuse malgré les résultats positifs de l'exposition. Je ne cesse de penser à elle, au point que cela en devient malsain. Elle est juste à côté, à quelques mètres de moi, et je n'ai pas le droit de l'avoir.

Je téléphone plusieurs fois à mon avocat dans la journée, mais ce n'est qu'en fin d'après-midi que celui-ci me rappelle. Je lui demande si, comme renseigné sur internet, il est possible pour moi de quitter le domicile conjugal sans être en tord d'une façon ou d'une autre. Il me répond qu'il en fait immédiatement la demande et me semble plutôt optimiste quant à la réponse. Ma journée se termine un peu mieux qu'elle n'a débuté, je le reconnais. Vivre sans Elisabeth serait un soulagement immense et compenserait le fait qu'elle ne veuille pas signer les papiers. Je clôture cette journée en confirmant ma présence et celle d'Amanda à la prestigieuse exposition qui se déroulera la semaine prochaine. Lorsque j'entends la porte de son bureau se refermer, je comprends qu'elle part et aussitôt mes jambes se mettent en mouvement. J'atteins l'ascenseur juste à temps, et par chance, sans avoir à courir et à me ridiculiser auprès de Ray et Amanda. Je tend le bras pour empêcher les portes de se refermer et les yeux de la jeune femme s'arrondissent en m'observant. Je lui tourne le dos en appuyant sur le bouton pour descendre au parking. Je reste quelques secondes silencieux avant de lui sauter dessus.

Burning Desire ( Français)Where stories live. Discover now