Burning Desire ( Français)

Chapitre 59

Je marche doucement vers le petit restaurant où mes amis et moi allons souvent pour dîner au calme. Cette fois-ci, il s'agit d'un déjeuné. Il est rare pour moi ces derniers temps de me séparer de Luke. Pour l'instant, je n'y arrive pas. Je sais que cela finira par passer, mais il va nous falloir du temps. A tous les deux. Mes escarpins noirs claquent sur le sol alors que les volants  de ma robe bordeaux se remuent au rythme de mes pas. Et mes lèvres s'étirent étrangement, pour un rien, n'importe quand. Enfin, pas n'importe quand. Je n'ai pas de mot pour le décrire, c'est seulement là, en moi. Mon cœur se met à battre plus fort, plus vite, je ne peux plus rien changer et je ne le voudrais pour rien au monde. Aimer Luke me fait sourire comme une idiote, partout, tout le temps. Je pense constamment à lui, et lorsque ce n'est pas le cas, durant une seconde, il réapparaît d'une façon ou d'une autre comme pour ne surtout pas s'évader de mon esprit. Tout paraît plus beau, mon monde est devenu plus paisible, chaque musique me parle, chacune de mes réactions est différente. Je suis d'humeur joviale lorsque j'arrive à leur hauteur. Jenna, Sam, Charlie et Joe sont attablés et discutent en riant comme s'ils étaient tous insouciants. Pourtant chacun d'eux a vécu des choses, plus ou moins douloureuses. Inutile de préciser que je remporte la palme d'or, mais malgré nos peines, nous sommes là. Ensemble et heureux.

Jenna relève le visage, ses yeux brillent et ses joues sont légèrement rosies. La grossesse la rend encore plus belle qu'elle ne l'est déjà. Son ventre s'arrondit à peine, mais il suffit d'observer son visage pour voir a quel point elle est épanouie. Et Sam s'accorde à elle, pour mon plus grand bonheur. Je sais parfaitement ce à quoi cette image pourrait laisser penser. Cela pourrait me rappeler à chaque fois ce que je n'aurais jamais, je pourrais peut-être éprouver de l'envie, ou pire, de la jalousie. Mais pour une raison que j'ignore, je n'arrive pas à ressentir ne serait-ce qu'un soupçon de mauvais sentiments. J'ai cru au pire durant plusieurs moments de ma vie sur une si courte période... J'ai vu le mal, les pires schémas. J'ai pensé tomber amoureuse pour me voir finir le cœur brisé, j'ai songé au fait que ma vie allait m'échapper parce que j'étais tombée amoureuse de la mauvaise personne, et j'ai eu peur pour mon amie, pour ma meilleure amie, pour celle que je considère comme la soeur que je n'ai pas eu. Peur qu'elle ne se retrouve seule face à un choix des plus complexes. J'ai dit et répété que Sam ferait le bon choix, et ma confiance en lui était bel et bien réelle, mais on ne peut jamais prévoir la réaction des hommes face à ce genre de moment. De la même façon, j'ai même été effrayé que Luke ne me quitte à cause de mes séquelles physiques. Pourtant, aujourd'hui, je n'arrive plus à voir ce mal qui me rongeait il y a peu. Je veux profiter de chaque jour, de chaque personne. Je ne laisserai pas Elisabeth gagner cette guerre qu'elle s'est donnée tant de mal à mettre en œuvre pour au final abandonner de la sorte. Devrais-je me sentir horrible de parler ainsi d'une femme morte ? S'étant suicidée de surcroît ? Probablement. Mais ce n'est pas le cas.

- Dis-donc, tu te fais désirer depuis que tu es en couple avec un mec blindé !

- Ou depuis qu'elle l'est elle-même, non ? Plaisante Jenna en réponse à Sam.

Joe remue la tête de façon amusée alors que Charlie sourit en me regardant. Je m'installe à côté d'eux en souriant moi-même à leur réplique.

- Je pense plutôt que son cher Luke ne voulait pas la laisser partir, je me trompe ? Enchérit Charlie en penchant la tête sur le côté.

Quelques fois j'ai l'impression qu'elle est plus jeune qu'elle ne l'est réellement. Sa fraîcheur, sa légèreté, sa naïveté que j'ai si souvent pris pour un défaut. Au final, être avec quelqu'un qui ne noircit pas sans cesse les tableaux est tellement revigorant.

- J'avoue qu'il a encore un peu de mal à me laisser partir, mais pour une fois, vous pouvez juste accuser ma mère. Elle m'a gardé des heures au téléphone !