Chapitre 18

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Je rentre dans le cabinet du médecin obstétricien et m'installe sur la table d'examen. Après le flot de questions habituelles nous arrivons au moment de l'échographie. Moment tant attendu et tant redouter à la fois. L'examen commence et là c'est la grosse surprise je n'attends pas un mais deux enfants, des jumeaux monozygotes, des vrais et ce sont des filles qui ont tous leurs orteils et doigts, qui paraissent en bonne santé, j'en pleure de joie et de rage car Pierre n'est pas là, à sa place, à mes côtés. C'est décidé en rentrant je l'appelle. Je remercie le médecin puis prends congés et rentre chez moi.

Je me laisse tomber dans le canapé, pose mes mains sur mon ventre et parle à mes filles...

- Bonjour les puces, il va falloir vous trouver des prénoms et papa n'est pas là pour m'aider soyez indulgentes avec moi

Pour toute réponse je reçois un coup de pied suivi de deux autres ce qui me fait fondre en larmes. Je prends mon téléphone et compose le numéro de Pierre. Il saute littéralement sur son portable car il décroche à la deuxième sonnerie.

- Putain Leslie t'étais où ? !!

- Bonjour moi aussi je suis heureuse de t'entendre lui donnais-je comme réponse

- Oui bon bonjour je suis heureux moi aussi et puis merde non je ne suis pas heureux tu joues à quoi ? Pourquoi ce silence ? Je deviens dingue moi !

- Un passage à vide c'est tout... surement le déménagement et le fait d'être loin de tous les gens que je connais et aime

- Si c'est que ça revient c'est tout, y'a pas plus simple mais ne me refait plus jamais ça j'ai cru mourir de rester sans nouvelles, si encore j'avais ton adresse. Il peut t'arriver n'importe quoi et je ne le saurais jamais t'imagine ?

- Oui je comprends ton angoisse, je suis désolée vraiment désolée

- Ben ça ne suffit pas, j'ai besoin de te voir dit-il impatient

- Pas pour le moment, je ne peux pas

- Pourquoi ? Moi je viens si tu préfères

- Non ce n'est pas ça, j'ai une sale gueule en ce moment c'est tout, quand j'irais mieux on se verra

- Excuse de merde, je t'ai déjà vu avec une sale gueule, une gueule de bois, malade et je suis toujours là alors dis-moi que me caches-tu ?

- Pourquoi dis-tu que je te cache quelque chose ?

- Je ne sais pas c'est le sentiment que j'ai

- Je croyais que le seul sentiment que tu avais c'était de m'aimer dis-je pour faire diversion

- Pour t'aimer ça oui je t'aime, comme un fou, je ferais des folies pour toi

- Moi aussi je t'aime et je suis sincère

- Alors dis-moi pourquoi on ne vit pas ensemble ? Reviens Leslie, reviens moi

- Je voudrais mais je n'arrive pas à franchir le pas

- Je ne comprends pas pourquoi puisque tu dis m'aimer, tu dis que je te manque que tu aimes entendre ma voix, que tu aimes faire l'amour avec moi. Je ne sais plus quoi faire pour que tu reviennes mon ange.

- Sois patient c'est tout. Peut-être qu'un jour je voudrais revenir et c'est toi qui ne voudra plus de moi

- Tu plaisantes ce jour-là n'arrivera jamais ! Je t'aime trop

- Tu n'en sais rien, dans la vie les choses peuvent changer tu sais

- Tu m'inquiètes quand tu parles comme ça, on dirait que quelque chose de grave va arriver

- Ne t'affole pas, je parle juste comme ça mon amour

- Hum... J'aime quand tu m'appelles ainsi, si tu savais combien j'ai envie de toi...

- C'est réciproque, je rêve de tes mains sur moi

- Et vraiment personne pour calmer cette envie ? demande-t-il curieux avec une pointe de jalousie

- Non personne, je me contente de mes mains et mes souvenirs

- Des souvenirs je peux t'en fabriquer d'autre, viens me voir

- Ha ha ha... Tu ne lâches pas facilement l'affaire ! Tu me fais trop rire

- Au fait j'ai rompu avec Justine, je voulais que tu le saches

- Ah bon ? Pourquoi ça ?

- Parce que c'est de toi que j'ai besoin et envie, ce n'était pas honnête envers elle

- Je comprends, c'est class ce que tu as fait, même si cela fait mal au moins c'est correct

- Donc je suis entièrement libre pour toi mon ange

- J'en prends note, allez je vais te laisser et promis je te rappelle bientôt

- Je préfèrerai te voir mais je m'en contenterai bisous ma belle

- Doux bisous beau brun

Je raccroche la mort dans l'âme, j'aurais tellement aimer lui dire « tu vas être papa de deux jolies petites filles » « tu vas avoir trois femmes à toi ». Je caresse mon ventre tendrement et vais me mettre au lit. J'ai du mal à trouver le sommeil mais la fatigue finie par gagner la partie et je m'endors doucement.

C'est devenu un rituel, tous les soirs après le boulot je téléphone à Pierre, nous parlons de tout et rien et comme d'habitude il me harcèle pour que nous nous voyons, chose qui est absolument impossible dans mon état avancé de grossesse.

Celle-ci se poursuit très bien, je prends de plus en plus de ventre c'est impressionnant. Je m'approche du terme de ma gestation je suis au huitième mois et l'angoisse m'envahie peu à peu. J'ai peur et je suis inquiète de devoir faire face à tout cela toute seule et si je demandais à Pierre de venir pour l'accouchement ? Non c'est débile je ne vais quand même pas le mettre devant le fait accompli au dernier moment justement parce que j'ai besoin de lui. Pourtant j'ai vachement besoin de lui, de sa force, de son calme et surtout de son amour. Je n'aurais pas la force de lui dire la vérité après tous ces mois de mensonges, je ne trouve pas le courage pour le faire, petits bras ! me crie ma conscience.

Un soir alors que j'étais à la maison tranquille et que je n'avais pas encore téléphoner à Pierre je suis prise de violente douleur dans le dos et dans le bas du ventre. Je comprends que le travail commence et que j'allais bientôt voir le bout du nez de mes filles. Dans l'état dans lequel je me trouve m'empêche de donner mon coup de fil habituel, je sais qu'il va s'inquiéter mais je n'ai pas de solution à ce problème. Je prépare ma valise et celle de mes filles puis j'appelle l'ambulance pour aller à la maternité.

Lorsque l'ambulance arrive mes contractions sont de moins en moins supportables, elles sont fortes et rapprochées. Je monte dans celle-ci et nous partons pour la clinique. Arrivée sur place je suis prise en charge de suite par une équipe, on prend mes affaires et me mets sur un fauteuil roulant afin de m'emmener en salle d'examen. On me connecte à un appareil, un monitoring pour surveiller le cœur des filles et mes contractions puis on me fait une visite manuelle afin de savoir à combien mon col est ouvert et si l'accouchement peut commencer. Il le peut.

Come Back To MeWhere stories live. Discover now