Nos différentes faces cachées

Chapitre 1, Mia.

Lundi 1er septembre 2016, sept heures trente-cinq.

- Ma chérie, commençait ma mère en arrivant au lycée.

Je continuais de regarder par la fenêtre de la voiture, je l'écoutais mais ne voulais pas croiser son regard ou du moins pas le jour de la rentrée. Je savais ce qu'elle allait me dire, c'était le même rituel chaque année. C'était toujours la même rengaine, le même discours, les mêmes paroles qu'elle prononçait. 

- C'est ta dernière année, essaie de te faire des amis, essaie de t'amuser un peu. Je sais que ce n'est pas facile mais ton père aurait tellement aimé...

- Mais papa n'est plus là, la coupai-je, je me tournai vers elle et la scrutais. Elle voulut ajouter quelque chose mais se retint. J'ajoutai finalement :

- De toute façon si je veux entrer à Harvard, je n'ai pas le temps de m'amuser.

Sur ces dernières paroles prononcées, je sortis de notre 4x4 et me dirigeais vers l'entrée du lycée. Ce merveilleux lycée de Memphis qui correspond à tous les clichés de ces livres, de ces séries et de ces films américains : les joueurs de basket-ball du lycée que toutes les filles idolâtres,  le groupe de pom pom girl qui restent avec les joueurs de basket-ball, il y aura toujours ce groupe de metalleux dans leur univers, le groupe des chimistes et celui de musiciens. Il y a également ceux qui sont normaux et qui n'ont que leur groupe d'amis, et puis... Il y a moi. Mia. Seule, dans son coin qui...

- Tu m'as tellement manqué Mia ! S'exclama ma meilleure amie Genna se jetant sur moi. 

- Toi aussi, répondis-je en lui rendant son étreinte

- Tu es magnifique ! Dit-elle en me jaugeant de haut en bas.

Je la regarde me demandant si elle ne plaisante pas mais elle a l'air sincère mais je ne me trouve pas extraordinaire avec mon jean délavé, une chemise blanche en matière mousseline et mes cheveux noirs impossible à dompter me tombant légèrement sur le visage et sur les épaules.

- Pas autant que toi, répliquai-je en souriant timidement, tu as vu ton bronzage ?

Genna sourit de toutes ses dents. J'avais touché dans le mille. Elle était tout ce que je n'étais pas. Grande avec de belles formes, radieuse tous les jours de l'année, blonde les cheveux bouclés et soyeux, un style de folie, des ongles parfaitement manucurés, une vie de rêve mais surtout elle était l'Assurance avec un grand A tandis que j'étais plus petite qu'elle, assez fine, toujours à essayer de passer inaperçu, brune des cheveux me tombant sur les épaules et j'étais la Timidité avec un grand T. Mais apparament, même en amitié les contraires s'attirent. 

Elle m'attrapa le bras pour qu'on s'avance vers le tableau pour voir nos classes tout en me racontant ses vacances de rêves au Bahamas puis à Paris et enfin à Londres. Sa voix mélodieuse était agréable à entendre et je me laissais emporter dans ses histoires de vêtements et d'activités tout aussi improbables les unes que les autres que son père lui avait concocté. Lorsqu'on atteignit les affiches de classe, la douche ne fut ni froide ni glacée parce qu'avec aucun hasard, je n'étais pas dans sa classe. Elle faisait arts appliqués et danse, je faisais mathématiques et chimie mais Genna s'exclama tout de même (car elle voyait toujours le bon côté des choses) :

- Et tu as vu ? On peut choisir une option commune !

- Quel genre ? Demandai-je septique, connaissant les professeurs ils devaient avoir encore des lubies rocambolesques. Et cela se confirma lorsqu'elle énuméra toutes les options et qu'aucune ne me convenait et que je refusais toutes ses propositions.

- Mia, faisons théâtre, ça te permettra de vaincre ta timidité ! Souffla Genna d'exaspération pensant sans doute que son ton implorant me ferait capituler.

Je fis non de la tête, savoir que pleins de monde pouvait me voir et m'observer sur scène me mettait déjà au plus mal. J'avais déjà envie de vomir puis de me cacher dans un trou de souris, ou peut-être l'inverse me cacher puis vomir.

- Tu fais de la danse, c'est facile pour toi... murmurai-je d'angoisse

- Tu fais la lecture tous les mercredis après-midi à des enfants qui t'écoutent avec passion ! Répondit-elle

- Ce n'est pas pareil, ils ont huit ans voir moins...

- Si, ça l'est ! Et tu pourras avoir confiance en toi, rencontrer des gens autres que moi et autres que tes petits de huit ans ! Rétorqua-t-elle

Je fronçais les sourcils, déglutis pour ensuite réaliser que je n'avais plus d'arguments... Le silence dura quelques secondes le temps que Genna sourit de toutes ses dents parce qu'elle savait qu'elle avait gagné.

- Allez Mia ! Insista-t-elle une dernière.

- C'est d'accord... capitulai-je en fermant les yeux ne sachant pas dans quoi je m'embarquais.