Chapitre 7, Mia.

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Dimanche 14 septembre 2016, dix-neuf heures dix.

« Il t'a fait la bise ! Me répétait Genna pour la quatrième fois dans le combiné

- Oui, mais ça ne prouve rien ! Répliquais-je encore assez agacée »

J'étais installé dans mon espace. Ma pièce. L'endroit où j'aime me retrouver, me ressourcer et lire. Surtout lire. Une pièce avec trois pans de murs de livres que j'ai lu ou pas encore. Avec mon jardin secret bien caché... Bon et à l'occasion je me retrouvais aussi au téléphone avec Genna.

«Mais si ça prouve qu'il t'aime bien ! Expliqua-t-elle

- En quoi faire la bise à quelqu'un prouve qu'on l'apprécie ?

Je me tus. Un silence s'installa. Je réfléchis trente secondes...

- Je ne dis pas bonjour aux gens que je n'aime pas, dis-je enfin

- Merci mon Dieu ! 

- Mais je pense que ce n'est pas pour ça que je l'intéresse ! La coupai-je

Un autre silence.

- Si Dan n'avait pas été en couple avec toi...

Je savais Genna en pleine réflexion pour me sortir un argument.

- Mia, il a juste voulu être sympas avec toi, rien de plus. Alors arrête de te prendre la tête et profite bon sang ! 

J'entendis ma mère monter.

- Tu as raison, bon je te laisse Genna, on se voit lundi, soufflai-je en la coupant. »

Je raccrochai pile au moment où ma mère frappais à la porte.

- Entre, articulai-je

- Je te dérange ? S'enquit-elle en regardant mon téléphone

- Non, j'ai finit mon appel, répondis-je en souriant

- Je voulais te dire que je ne passe pas la nuit ici.

Je levai un sourcil. Elle allait chez lui. Chez lui. Chez lui. Chez lui. La haine commençait à monter. Il ne fallait pas qu'on se dispute, pas maintenant. Mais si elle venait à les oublier...

- Je vais chez Frantz, ajouta-t-elle

- Je sais, j'avais compris. répondis-je froidement

- On..

- Non, tu n'as pas à te justifier maman. Tu es passée à autre chose, c'est normal.

Elle me sourit et sortit. Je me levai et m'approchai d'une étagère. Je dégageai tous les livres et caressai du bout des doigts la grosse boîte noire qui se trouvait dans le fond. Il fallait que je sorte. Courir. Extérioriser. Laisser vagabonder mes pensées. Sinon j'allais tout casser et il ne fallait pas. Oh que non il ne fallait pas.

Je courais, je me sentais libre. J'allais dans la forêt car j'étais sûre de ne croiser personne. Tous allaient à la piste mais pour moi la nature était primordiale. Je m'arrêtai essoufflée à la source à laquelle j'avais l'habitude de boire. L'écoulement de l'eau m'apaisait et je me sentais vivante. Je hurlai un coup pour sortir tout de ma gorge. C'était mon habitude, mon moment qui faisait que je pouvais libérer tout ce que j'avais en moi, tout ce que je n'avais pas su exprimer pendant une semaine. Tout cette retenue que j'avais gardé. Tout cette rage, cette mascarade.

Sous la douche, je ne pensais à rien. L'eau froide tombant sur mon corps absolument bouillant me remettais les idées en place. Je traçai du bout des doigts un cercle sur la fin de mon dos. A jamais présent. Je passais les mains sur mon corps. Un corps si frêle, si faible à présent... Jamais je n'aurais pensé avoir un corps pareil. Je m'aimais avant. J'avais de belles cuisses, des bras forts, j'avais des seins et plus de fesses, j'avais de longs cheveux noirs indomptables certes mais ils étaient longs. 

Me couchant sur mon lit j'en sortit du dessous une boîte. Une boîte semblable à toutes les autres mais non. Elle ne l'était pas. Je la scrutais puis me refusais de l'ouvrir. Je savais ce qu'il y avait dedans. Sur quoi je tomberai en premier. Et je ne voulais pas passer la nuit à pleurer, je devais être forte. Pour eux. Pour nous. Je la reposai à l'endroit où je l'avais prise et fermais les yeux.

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