Chapitre 27, Mia.

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Samedi 24 avril 2017, vingt-deux heures.

Mon livre était posé sur mes genoux à la page où je m'étais arrêté la veille. Seulement, il m'était impossible d'avancer dans ma lecture. En fait depuis cette découverte je n'avais pas avancé dans l'histoire. Je stagnais au moment où Alice découvre le portail qui la mènerait vers sa destination. Cette histoire ne me plaisait même plus. Je n'avais plus envie de connaître la suite. Je me levais et allais ranger le livre à sa place. Je balayais les rayons pour voir si une couverture ou un titre n'attirerait pas mon attention avec un titre ou une couleur de tranche. Rien. Aucun de tous les livres dont j'avais pris des années à trouver, à stocker ne m'intéressaient. Je me rassis dépitée. Ça devait faire une heure que je restais le regard dans le vide à caresser du bout des doigts la boîte noire que j'avais posé à côté de moi.

Une semaine que je ne cessais de penser à nous.

Une semaine que je me répétais que je l'aimais.

Une semaine que je me demandais si je pardonnerais Garrett.

Une semaine que je me redisais qu'il m'avait trahit.

Une semaine que je réfléchissais au moyen de me venger.

Je sentais le regard de ma mère sur moi. Elle devait être arrivée depuis cinq bonnes minutes mais je ne lui avais pas décroché un mot. J'étais presque sûre de ce qu'elle pensait.

- Ne gâche pas tout Mia, ne gâche pas tout les efforts que je m'efforce à faire pour que tout...

- Je fais en sorte de ne pas tout gâcher, dis-je calmement malgré mes nerfs à vifs

- Je sais qu'il se passe quelque chose et que tu as une idée derrière la tête mais ne fait pas comme Arn..

- Ne prononce pas son nom, répliquai-je plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

- Réfléchis-bien Mia c'est tout ce que je te demande.

- Toute la semaine je n'ai pas arrêté de réfléchir, répondis-je posément.

- Tu es allée une fois en...

- Je sais. J'ai toujours la trace je te rappelle.

Souvenir de merde d'ailleurs. Les larmes me montaient. Je n'en pouvais plus où que j'allais, quoi qu'il se passait, c'était toujours pareil.

- Chérie, ma mère s'assit devant moi, quoi que tu fasses, quoi que tu décides, je serai toujours là parce que je l'ai toujours été et parce que je suis ta mère. Mais s'il te plaît essaie de ne pas faire sortir ta haine. La colère est la pire des conseillères.

- Maman, est-ce que tu aimais papa ? Demandai-je

- Bien sûr chérie.

- Mais tu aimes plus Frantz n'est-ce pas ?

- C'est différent ma puce. Ce n'est pas le même contexte. À Paris...

- Mais tu l'aimes et tu es heureuse ? La coupai-je.

Sa réponse fut longue et elle répondit qu'elle était bien. Elle ne dit pas si elle était heureuse et encore moins si elle l'aimait. Je ne sus pas sur l'instant si elle ne l'avait pas précisé pour ne pas me froisser ou bien si elle ne l'aimait pas vraiment.

- Lui ne t'as pas trompé. Je le savais maman... dis-je avant qu'elle ne me coupe à son tour.

- C'était un contexte différent mais ça n'empêchait pas ton père de m'aimer pour autant. Surtout que avant vos naissances c'était une vie réellement différente.

Elle s'arrêta comme si elle voulait ajouter quelque chose d'interdit. Elle reprit :

- Et puis je l'ai pardonné avec le temps puisque l'amour est plus fort que tout et regarde on a eu trois beaux...

- Stop n'en dis pas plus s'il te plaît, l'arrêtai-je avant qu'elle ne les évoque et avant que je ne fonde littéralement en larmes. Surtout qu'on était à Memphis à cause de nous, à cause de nous j'avais perdu mon père, à cause de notre bêtise on les avait perdu tous les trois.

- Ils te manquent n'est-ce pas ?

J'acquiesçai et les larmes s'échappèrent.

- A moi aussi. Tous les jours. Il n'y a pas une journée où ils ne traversent pas mon esprit.

Elle me pris dans ses bras et je me laissai aller. Pleurer parfois pouvait faire du bien et j'avoue que ça m'aida à m'apaiser.

- Tu t'es disputée avec ton copain n'est-ce pas ?

Je fis oui de la tête.

- Mais pour que tu ressortes le punching-ball et cette boîte c'est que cette dispute t'a atteint mais c'est la vie, les couples se déchirent et l'amour triomphe toujours. Chérie en tout cas ne fait pas quelque chose que tu regretterais. Et dis-toi que quoi qu'il arrive l'amour est la meilleure arme que l'on puisse posséder.

Elle avait raison. Elle avait toujours raison.

- Maman ? Je veux rencontrer Frantz. Si tu le souhaites bien sûr, murmurai-je. Il fallait que je le rencontre pour voir quel homme, autre que mon père pouvait rendre "heureuse" ma mère.

- Et moi le tiens. Elle se releva et prit la boîte pour la remettre à sa place.

- Maman, elle se tourna et me regarda, je voudrais faire le repas avec Frantz et Garrett avant de retourner en cours. C'est vraiment important.

J'avais une partie de mon plan qui se mettait en route dans ma tête. Il fallait que je puisse voir Garrett seul à seule et ce repas tomberait à pic.

- Bien sur. On le fera mercredi soir comme ça tu ne rateras pas la totalité de ta semaine de cours. D'accord ?

- C'est parfait. Tu es la meilleure, dis-je en souriant. Elle sortit de la pièce tandis que je retournai dans ma chambre.

Je m'allongeai sur mon lit. Je pris mon ordinateur pour rédiger un article sur mon blog. J'avais complètement oublié mais bon, j'étais excusée. Je rédigeais à la fois un article et à la fois une partie de mon plan. J'avais de nombreux messages, surtout de « IamDifferent » mais je l'ignorai. Je ne pouvais pas me faire du mal une nouvelle fois et préférais éviter la conversation. Ça valait mieux pour lui, pour moi. Il comprendrait. Je rabattais mon écran et posait mon ordinateur au sol.

Je fermai les yeux. Il y avait longtemps que ma mère et moi n'avions pas parlé de mon père et de choses que se racontent les enfants et les parents. Elle avait eu les mots pour m'apaiser. Je n'étais plus en colère mais je n'avais pas pardonné. De toute façon il fallait que je parle à Garrett mais sans le frapper cette fois-ci. Il fallait que j'ai sa version des faits et que j'arrive à faire la part des choses. Or, il m'avait mentis mais j'avais eu droit à la vérité. Alors lui aussi la méritait.

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