Chapitre 2 - La rencontre

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— Allez viens, Erin. Tu peux utiliser la salle de bain si tu veux.

En entendant la voix de Giovanni, Lorenzo leva la tête de ses papiers, en fronçant les sourcils. Qu'est-ce que son petit frère venait faire dans la suite réservée à la famille un vendredi soir ? Et qui était Erin ?

— On ne devrait pas être là, lui répondit une femme.

La voix était douce et mélodieuse, presque chantante. Si le physique était à l'avenant, elle devait être magnifique. Mais par expérience, Lorenzo savait qu'il ne fallait pas se fier à ce genre de considération toute faite. On pouvait avoir de sacrée surprise, pas forcement plaisante.

Le grincement caractéristique de la porte de la salle de bain lui apprit que la demoiselle était allée se changer. Attentif, Lorenzo tendit l'oreille pour suivre l'échange entre les deux jeunes gens tout en se demandant encore à quoi elle pouvait bien ressembler.

Connaissant un peu les goûts de son frère pour la gent féminine, il savait que ce serait sûrement une jolie blonde aux yeux verts, plutôt menue. Elle aurait sûrement dans les 25-26 ans. En tout cas, sa voix faisait jeune.

— T'inquiète pas, reprit Giovanni un peu plus fort. Personne ne viendra nous déranger.

Le bruit de la porte se fit de nouveau entendre.

— J'ai un souci avec ma robe, murmura la jeune femme.

— Bouge pas, je vais t'aider.

— Merci. J'ai un peu de mal avec la glissière, j'ai l'impression qu'elle est coincée.

En entendant ces mots, Lorenzo se secoua en se disant qu'il fallait qu'il se manifeste avant que le couple n'entame les choses sérieuses. Et surtout qu'il rappelle à son frère qu'il avait un appartement pour ce genre d'activité.

Au moment où il entendit le bruit si caractéristique d'une fermeture éclair qui glisse, il se leva précipitamment de sa chaise manquant de la faire tomber, ouvrit la porte à la volée et resta un instant sans voix devant le spectacle qui s'offrait à lui.

Tous les deux lui tournaient le dos, et Giovanni s'affairait, actionnant visiblement la glissière récalcitrante de la robe de soirée. Mais pourquoi la jeune femme était-elle habillée ainsi ? Où Giovanni avait-il pu la rencontrer ?

D'un coup, Lorenzo se rappela le bal de charité qui avait lieu dans les salons de réception du casino, et où Giovanni devait représenter leur famille. Il avait dû la draguer, et décider de finir la nuit ici plutôt que de rentrer chez lui.

Pourtant, quelque chose clochait. Jetant un œil à sa montre, Lorenzo vit que la soirée n'avait pas encore commencé. Et que la main de Giovanni, au lieu de descendre, remontait. Il ne lui ôtait pas ses vêtements, mais l'aidait à s'habiller !

— Et voilà, s'exclama-t-il en réussissant enfin à fermer la robe. Tu es prête !

— Merci, murmura Erin en relevant la tête. Un coup de brosse et...

Elle écarquilla grand les yeux en voyant Lorenzo par le biais du miroir, et poussa un petit cri plaintif tout en pivotant pour faire face à Giovanni.

— Giovanni, il y a quelqu'un ! Tu m'avais dit que la suite était déserte !

Giovanni se retourna d'un bloc, et son regard s'assombrit. Il ne s'attendait visiblement pas à ce que son frère soit là. Il s'avança d'un pas, se plaçant devant sa cavalière, la masquant par la même occasion.

— Lorenzo ? Je te croyais à Rome.

— J'y étais mais une affaire urgente m'a rappelé ici, répondit Lorenzo en tentant d'apercevoir un peu plus la jeune femme qui se faisait toute petite derrière la grande carrure de Giovanni, ce qui n'était pas bien dur vu la taille qu'elle faisait. Tu me présentes ?

Petites manipulations et gros mensonges [en auto édition]Where stories live. Discover now