Petites manipulations et gros mensonges [en auto édition]

Chapitre 4 - Les renseignements

Le nez plongé dans les rapports d'audit concernant les comptes des différentes franchises du casino, Lorenzo, très concentré, sursauta quand son portable sonna. Qui pouvait bien l'appeler à une heure aussi tardive ?

Agacé par cette interruption, il l'attrapa puis décrocha promptement, tout en pestant contre l'opportun.

— Lorenzo De Conti, répondit-il d'un ton un peu froid.

— Bonsoir Monsieur De Conti, l'agence Boneval.

De suite, il reconnut la voix du détective privé qu'il avait engagé il y a quinze jours après sa rencontre avec Erin McCarthy dans la suite familiale. Toujours persuadé de connaître le nom de la jeune femme, Lorenzo les avait embauchés pour lui fournir un maximum de renseignements sur elle et son entourage.

— J'ai les informations que vous m'avez demandé, continua l'homme.

— Je suis impressionné, vous avez fait vite.

— J'ai tout rassemblé dans un dossier que je vais vous envoyer demain par courrier sans faute. Il n'est pas très épais, car elle mène une vie assez simple... du moins en apparence.

La phrase sibylline lâchée par le détective intrigua Lorenzo. Que pouvait-elle bien faire de spécial pour qu'il lui dise ça ?

— Vous serait-il possible de me le transmettre par mail ? demanda-t-il fébrilement.

— Sans problème, je vous le fais parvenir tout de suite.

— Merci, je vous fais le paiement en retour. Et si j'ai besoin d'en savoir plus, je vous recontacte.

Et sans attendre de réponse, Lorenzo raccrocha. Impatient, il consulta sa boite mail, rafraîchissant la page plusieurs fois de suite et cliqua sur la petite enveloppe qui venait enfin d'apparaître sur son écran. Rapidement, il ouvrit la pièce jointe.

C'était un document pdf, de plusieurs pages, qu'il décida d'imprimer, pour pouvoir le lire plus à son aise. Le gars avait bien fait son boulot. Le dossier était très complet, sur Erin et sa famille. Et c'est en lisant le prénom de son frère qu'il fit immédiatement le rapprochement.

Le casino organisait, pour certains joueurs privilégiés, des soirées privées, et Douglas McCarthy était un habitué d'une des tables de poker. Son amitié avec un des employés, qui s'était porté garant lui avait permis de jouer contre des grosses pointures, avec des fonds prêtés par le casino.

Au début, il avait gagné, ce qui lui avait permis de rembourser l'avance. En confiance, Maxence, le chef de salle, avait mis à sa disposition plus de crédit. Mais, dès que les enjeux étaient devenus importants, Douglas avait perdu tous ses moyens.

Maxence, qui avait toute latitude pour décider à qui prêter de l'argent et surtout combien, avait stoppé rapidement l'hémorragie. Mais il était déjà trop tard, Douglas leur devait une coquette somme.

Il avait donc été interdit de remettre les pieds tant qu'il n'aurait pas remboursé la totalité de ce qu'il devait. En tapant rapidement sur son clavier, Lorenzo constata qu'il n'avait pas encore commencé à régler sa dette.

S'appuyant contre le dossier de son fauteuil, Lorenzo trouva quand même étrange que la petite sœur d'un joueur endetté jusqu'au cou, tourne autour de Giovanni, malgré ce que celui-ci lui avait raconté.

Ils en avaient discuté le dimanche midi, au cours du repas. Giovanni lui avait narré avec force détail leur rencontre improbable dans les bureaux d'Erin. Il avait rendez-vous avec un des collaborateurs du cabinet comptable qui était dans le même immeuble que l'agence d'intérim pour laquelle bossait Erin.