Détestons-nous

11 : Passé imparfait pour présent compliqué.

J'hallucine de voir comment Austin est le pire abruti de la terre ! Ce dernier veut qu'on l'on fasse connaissance ! J'en rigole encore ! Je n'ai rien eu à faire, c'est lui qui est venu pour me dire ça. En bref, il m'offre l'unique chance de me rapprocher assez de lui, faire genre que l'on tisse une amitié, pour enfin que je le détruise de la manière la plus extraordinaire qui soit. Mon plan ne peut pas mieux se dérouler.

Quand il m'a proposé l'idée, j'ai d'abord cru, fidèle à mes vieilles habitudes, qu'il faudrait que je lui sorte une réplique cinglante pour ensuite l'assommer à coup de planche de surf, chose qui me démangeait depuis qu'il avait commencé à me parler.

Mais j'ai réfléchi. C'était l'unique chance à saisir. Mais (car il y a toujours un mais), il cache quelque chose. Et il n'y a que deux solutions : soit il m'a pris pour une de ces filles stupides et croit que je vais lui sauter dans les bras, soit il a une idée bien plus menaçante dernière la tête. Ça me fait du mal de le dire, mais je penche plus sur la deuxième option. Sauf que comme il ignore le degré extrême jusqu'où ira ma vengeance, je pense que je garderai facilement l'avantage.

Après avoir fini ma séance de surf avec Luca, tandis que l'on discute joyeusement comme à notre habitude, on rejoint mon groupe d'amis qui a décidé de passer la fin de l'après-midi à la plage. Quand ils nous voient, leurs visages affichent quasi-unanimement des sourires ( Meadow en mime un ).

J'attrape ma serviette et me sèche rapidement le corps, avant de m'allonger sur la grande serviette de plage de Luca. J'ai souvent craint que mon ami plus vieux que Tyler et Diego ne s'entende pas avec eux, mais il suffit qu'ils commencent à parler sport pour que je vois que les garçons ne se posent pas des milliers de questions avant de tisser une amitié. Et j'adore ça.

Alors que Luca explique comment faire un bon mojito à Tyler, je sens ses mollets effleurer les miens, et dieu sait que cela me retourne l'esprit. C'est étrange d'ailleurs. Dans un sens où jamais je n'avais vu Luca autrement que comme l'ami de mon frère, depuis le temps qu'ils se connaissaient.

Et puis, l'an dernier, je suis partie à Chicago pendant quasiment trois trimestres. Et j'ai réalisé à quel point cet ami de longue date me manquait cruellement. Forcément, quand je suis revenue ici début septembre, pile quelques jours avant la rentrée, je m'étais rendue compte que Luca était plus que le simple ami pour moi. Et cela doit bien faire six mois que je me rends compte que le beau jeune homme d'origine brésilienne ne me laisse pas indifférente.

–        Il me tarde la fête chez Brooke ! s'exclame Molly à l'intention du groupe. Tu viendras te préparer chez moi juste avant Skyler ? Meadow sera là aussi.

–        Oui ne t'inquiète pas, je réponds avec un grand sourire radieux.

Ça ne m'enchante pas plus que cela que Meadow soit là, mais comme elle s'efface souvent du groupe, je ne pense pas que sa présence soit bien gênante vendredi prochain, quand j'irai chez ma meilleure amie. Quoique dès que cela doit parler de vernis et de maquillage correspondant à la couleur des yeux, les deux filles sont de vraies pipelettes interminables. Limite, cela m'amuse encore plus quand j'entends Luca et mon frère parler de leur technique pour bien se raser la barbe. Bon, j'avouerai que c'est tiré par les cheveux, et que je parle plus souvent avec les garçons de passions communes. Ça a toujours été ainsi.

–        Je crois qu'Austin sera chez Brooke aussi, continue Molly, réellement enjouée.

Et ? Oh non, pourvu que ce ne soit pas ce que je pense !

–        Il est là à toutes les fêtes, soupire Diego en fronçant ses épais sourcils.

Je crois qu'à lui non plus ça ne lui plaise pas forcément que le beau brun se ramène chez Brooke. Mais il est populaire, c'est évident qu'il sera là. Mais je comprends la frustration de Diego, surtout si mes doutes sur Molly se confirment.