21 : T'aimer pour ce que tu es.

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Des fois, nos relations avec les autres sont étranges. Pour ma part, mes relations avec Austin Hayes sont étranges. Elles changent du tout au tout selon l'endroit où l'on est, qui nous entoure, le jour où l'on se retrouve. 

Mais en même temps, au lieu de lutter contre ça, chacun de nous joue ce jeu, où l'on peut se haïr une journée, et le lendemain, faire part aux confidences. Peut-être que mon plan y est pour quelque chose, sans doute que lui aussi a des idées qui nous font nous entendre de cette façon, mais je crois surtout que les choses évoluent, parce que peu à peu, on apprend à connaître l'autre. 

Connaître l'ennemi nous fait apprendre ses faiblesses, et à contrario, nous fait aussi admirer ses atouts.

A vrai dire, après être allée chez Austin, pour m'assurer qu'il allait bien, ce qui partait d'une bonne intention de ma part, fait plutôt rare, et qui au passage, m'a valu de me faire traiter de « conne », je n'ai pas échangé un seul mot avec Austin Hayes de la semaine. Ce qui est positif, je pourrais dire, même si le point négatif, c'est que j'en laisserai presque tomber ma vengeance. J'ai dit presque. En vrai, rien n'est fini. 

Mais pour l'instant, il a l'air de me faire confiance. C'est ce que je crois. Je pourrais m'en réjouir, comme me détester de l'utiliser dans le seul but de le détruire. Mais après tout, il a détruit combien de personnes lui ? Plein. Même si parmi elles, il y avait la personne pour qui j'ai échafaudé tout ce plan, et qui désormais ne me parle plus.


En fait, j'ai juste reçu un message d'Austin. Il a dû avoir mon numéro par le biais de Diego, mais bon, ceci est le moins important. Il s'est dit surpris par les rumeurs lors de son retour, mardi. Celles-ci ont duré quelques jours, et il me demandait ce que j'avais pu raconter pour que tout le monde croit qu'on avait couché ensemble vendredi dernier. Je lui ai fait part d'une ancienne meilleure amie jalouse qui avait raconté partout qu'il m'avait ramené chez lui, et il a juste ajouté que les gens étaient ridicules. Juste ça. 

Et j'ai compris : Austin avait entièrement raison. Il ne s'est pas forgé lui-même son identité du bad boy, il faisait juste ce qu'il voulait. C'est les autres, ces âmes ridicules, qui ont commencé à lui coller cette étiquette, et ce continuellement, jusqu'à ce qu'elle devienne son indissociable. 

Austin continue sa vie comme il l'entend, mais désormais, chacun de ses actes sera rapproché de près ou de loin à son étiquette. Il a fini par se mélanger à celle-ci, en faire son image, son nom. 

Le pire, c'est que j'ai fait partie de ces gens ridicules. Parce que j'apprends à connaître Austin Hayes, et je comprends juste qu'il profite de la vie pour oublier qu'il est seul. Il ne lutte pas contre l'image qu'on lui a donné car c'est la seule manière que son identité soit reconnue.

Des fois, je me dis que l'on est un peu identiques avec nos rapports catastrophiques avec notre famille. Lui se sent abandonné, moi incomprise. Et surtout, on ne sait pas comment grandir dans ce monde. Je sais qu'il rêve d'autre chose, il voudrait être libre et profiter de tout. Exactement comme moi. Je crois qu'il y a encore des mois, ou même des années, je ne pensais pas avoir tant en commun avec le gars que j'avais décidé de détester.



Une sonnerie retentit depuis ma couette, alors je tâte ma couverture à la recherche de mon portable. Je découvre un message de mon petit-ami, et je ne peux m'empêcher de sourire à la simple vue de son nom.

Luca : Tu viens surfer dès que tu as fini les cours ?

Moi : Non, désolé. Je ne suis pas allée en cours, et j'ai pas trop envie d'aller au surf...

Détestons-nousWhere stories live. Discover now