23 : La vérité.

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Allongée sur mon lit, je me suis motivée à faire mes devoirs. Comme cette obligation a tendance à vite m'agacer, mon esprit divague extrêmement facilement. Au moins, j'ai été très productive pendant la première heure et demie, maintenant cela doit bien faire deux heures où je contemple le plafond ou la fenêtre en pensant à un millier de trucs. 

Des choses banales comme ce que je pourrais manger ce soir, mes parents étant à une réception suite à une d'union importante avec un collaborateur ; ou des choses plus complexes, comme pourquoi je n'arrive pas à trouver un résultat logique à l'équation de la question quatre de mon exercice de mathématiques. Ou bien penser à la demie journée que je viens de passer avec Austin Hayes.

J'ai appris de ma matinée de surf qu'il était drôle, et quand même sympathique. J'ai retenu de notre repas au Mc Donald qu'il fait partie des gens qui préfèrent les potatoes aux frites, mais qu'il n'aime pas la sauce servie avec. Enfin, il m'a avoué en dévorant son very parfait que son aliment préféré est le chocolat blanc. Je sais désormais aussi qu'il déteste toutes les activités artistiques, parce que son père l'a forcé pendant toute son enfance à dessiner, alors qu'il m'assure qu'il a « un niveau catastrophique d'un enfant de cinq ans ». Je me rappelle avoir rigolé. 

J'ai parlé brièvement de moi, on a poursuivi sur le lycée, rigolé de quelques gamins qui jouaient dans la structure à l'extérieur du fast-food. On est restés sur notre banquette près de deux heures, et je n'ai pas vu le temps passer. On est repartis à pied chez nous, et me voilà, en début de soirée, couchée entre mes bouquins, repensant à la journée agréable que j'avais passée avec Austin Hayes.

La vérité, c'est que je commence à croire que je peux apprécier Austin. C'est embêtant dans le sens d'une vengeance, mais je remets tout en doute.



Alors que je viens de manger, parce que c'est forcément plus intéressant que plancher sur mon travail scolaire, même si j'ai une moyenne à améliorer pour aller dans une bonne université même si je ne sais pas ce que je veux faire, je m'installe sur mon lit, face à ma télé, et zappe ce qui passe à la télé. Entre deux émissions stupides de téléréalité, un concours de chant pas terrible et des chaînes d'informations politiques en direct, je finis par tomber sur un film pas trop mal. Disons pas assez bien pour que je sois plongée dans l'action, mais pas trop nul pour que je m'endorme devant l'écran telle une petite mamie.

Deux coups sur ma fenêtre me font sursauter devant l'écran, et mon cœur ne peut s'empêcher de s'emballer de peur alors que la silhouette bienveillante qui se dessine devant mon carreau a tout pour me rassurer. Je me lève doucement et va ouvrir le verrou, et Luca se faufile aussi difficilement que d'habitude à travers le cadre serré de la fenêtre.

— Tu sais que l'on a une porte chez les Howell quand même ?

— Je sais. Mais tu remarqueras que je deviens aussi doué que toi pour traverser ton jardin sans déclencher une alarme. Je voulais te faire une surprise.

Je souris, alors que Luca s'approche de moi pour me prendre dans ses bras et m'embrasser langoureusement. Puis je sens ses mains se placer autour de ma taille pour me surélever et m'allonger sur mon lit, tandis que son corps se place au-dessus du miens et que sa langue de danser avec la mienne.

Quand il s'éloigne de mon visage, je ne peux que contempler le sourire radieux qu'il affiche, avec sa peau mate éclairée en dorée grâce aux rayons couchant du soleil qui passent à travers ma fenêtre.

— Alors ma belle, tu as fait quoi de ta journée ? me demande mon petit-ami.

Et là, tout de suite je ne réponds rien, parce que je ne sais pas quoi lui dire, ou plutôt la version à lui donner. Je déteste les mensonges, et c'est bien quelque chose que ma franchise et mon honnêteté éloignent à tout prix. Je ne veux jamais mentir à personne. Les seuls que j'ai pu prononcer cachent mes secrets, et je sais très bien que quand une partie d'entre eux seront découverts, mon monde volera définitivement en éclats. C'est pour cela que j'ai quelques mensonges qui me protègent cependant, parce que je les vois quand même comme nécessaires.

Détestons-nousWhere stories live. Discover now